Tempête samedi, et vent fort dimanche mais, magnifique week end de voile dans le Solent. Lymington, Ile de Wight, Cowes, Southampton … Lundi, petite cérémonie matinale à Londres (à peine remis du Jubilé) pour l’appel du 18 juin puis, brève, trop brève, visite au Royal Victoria and Albert Museum. En effet, à Londres, je préfère désormais les musées à la City depuis que les financiers ne portent plus leurs chapeaux ronds et ressemblent à des comptables du Middle West. Tout cela était reposant, voire bucolique. Alors, comment aurai-je, un instant, pu imaginer ce tonitruant appel de Cameron aux demandeurs d’asile fiscal français ?
Asile Fiscal
Car oui, cet appel est une bombe. « Votre gouvernement n’a rien compris, votre avenir est foutu, fuyez ! Mais rassurez-vous ! Il vous reste un asile. Je vous accueille !» Voilà en substance le message de ce premier ministre, qui s'est laché devant tant de bons sens. Qui est "normal" ? Lui, qui veut récolter des impôts de ces riches exilés ou notre nouveau président (qui finalement veut en perdre) ?
En France quelqu’un a-t-il réagi devant un tel affront ? Avons-nous rappelé notre ambassadeur ? Envoyé la marine patrouiller devant Portsmouth ? Bloqué l’Eurostar ? Que nenni ! Pourquoi ?
Parce que nous avons la tête à l’envers. Rentrant lundi soir, zappant sur des séries américaines, je suis tombé sur Harlem Désir à la télé. (Ma fille croit que c’est le nom d’un personnage de bande dessinée qui est amoureux de la princesse Ségolène - qui Royal est forcément princesse-, prisonnière dans un donjon de La Rochelle) parlait des marchés financiers. J’ai eu peur ! Oui j’ai eu peur car ce Monsieur Désir en parlait comme d’une énorme bête hideuse et gluante, qui associée à sa perverse amie la Spéculation, allait nous tomber dessus et vider notre sang jusqu’à ce que nous nous retrouvions tous à la rue gouvernés par le dictateur fou Warren Buffet. Peut-être quelqu’un peut il rappeler à Monsieur Désir, qu’il suffit de ne plus emprunter pour ne pas avoir affaire aux marchés.
"il suffit de ne plus emprunter pour ne pas avoir affaire aux marchés"
Heureusement cela n’arrivera pas, car « le changement c’est maintenant ». Donc, ça y est la gauche a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée. Est-ce bien ? Mal ? Je n’en sais rien. Mais notre nouveau président normal, François Hollande, avec son plan « Disney World », ses eurobonds, sa relance à crédit sans réduction de dépenses publiques ni réformes structurelles, a vraiment énervé Angela Merkel. Dans un discours d’une rare violence, Angela, dont le mari est professeur de physique et n’a pas le temps de tweeter (lui !), a invité tous les pays à faire des efforts et à ne pas céder à la "facilité" et à la "médiocrité" en référence aux propositions de notre normal président.
Amis, rassurez-vous, cette gesticulation n’est qu’esbroufe par rapport aux enjeux de l’Europe. Ainsi de l’Espagne, pays dont chacun sait qu’il est gouverné par des a-normaux, dont les taux à 10 ans ont explosé, passant allégrement la barre des 7 % pour tester les 7,20 %, et qui risque ainsi d’être éjecté par les marchés (les fameux d’Harlem) et devoir du coup demander une aide totale à l’Europe.
Bouffé d'oxygène en Grèce
Heureusement la Grèce nous a enfin envoyé une bonne nouvelle. La Nouvelle Démocratie de Samaras a obtenu le bonus des 50 sièges de la première place et peut former une coalition avec le Pasok. Si coalition il y a, la Grèce obtiendra une bouffée d'oxygène en matière d'austérité que l'Europe est prête à lui offrir. Je suis content pour Tante Maraki. A son âge, recompter des drachmes aurait été trop dur. Mais que lis-je dans la presse française ? Pendant que Tante Maraki s’inquiète, et que les grecs se débattent avec leurs soucis, le Crédit Agricole veut fuir ce pays. Il veut carrément abandonner sa filiale Grecque Emporiki, après avoir déjà englouti des milliards d'euros dans un sauvetage impossible. J’imagine que si l’on nous faisait la même chose (une banque grecque qui partirait du jour au lendemain en laissant les clefs sous le paillasson,) on hurlerait aux patrons voyous, irresponsables, etc… Mais les grecs ne sont pas des gens normaux, quittons les voyons !
Le G20 n’ayant rien apporté -car ne comptant pas assez de présidents normaux-, les marchés attendent donc maintenant l'issue du sommet européen des 28 et 29 Juin. A suivre donc.
Carlyle :
Carlyle, qui lance aujourd'hui son OPA sur le français coté Metrologic dont il est déjà actionnaire (voir fiche annuaire et article sur CFnews) lance aussi à l'autre bout du monde, au Pérou, un fonds de 125 M$, monte une joint-venture avec le financier local Credicorp et ouvre un bureau à Lima. Nice job !
Vivendi :
Vincent Bolloré va rejoindre le conseil d'administration de Vivendi. Il va certainement secouer le cocotier pour créer de la valeur à ce groupe devenu -depuis longtemps- trop hétérogène. Un découpage du groupe est même probable. Comment fait-il ce Bolloré pour être dans tous les bons coups ?
Banquier Sympa :
A la suite de notre publication sur les banquiers sympas la semaine dernière (voir notre précédente chronique du Private Equity), certains nous ont écrit pour nous confier qu’eux aussi étaient sympas. Ils ont raison. Il faut être déclaratif ! Devant l’engouement qu’à suscité cette annonce ainsi que celle sur le « street finance », nous publierons bientôt un classement de ces banquiers sympas, dont les critères seront, bien évidemment, totalement arbitraires. Vous aussi vous êtes un banquier sympa ? Ecrivez-moi et donnez moi des preuves bien sur. J'irais vérifier.
Grishin Robotics :
Le jeune génie russe, Dmitry Grishin le co-fondateur de Mail.Ru, la plus grande compagnie internet russe, va dédier 25 M$ de sa cassette personnelle à un fonds, Grishin Robotics, dont l’objet est d’investir dans sa passion, les robots. Sur son site, Dmitry Grishin, lance un appel à ceux qui souhaiteraient le rejoindre dans cette nouvelle aventure. En France aussi nous avons notre fan des robots en la personne de Bruno Bonnell national et son fonds Robolution Capital.
Banksters :
Rajat Gutpa, le fondateur du fonds New Silk Route, risque de passer le restant de ses jours en prison après avoir été reconnu coupable d’avoir fait passer l’information privilégiée à Raj Rajaratnam, un manager de hedge fund que Warren Buffet allait investir 5 Md$ dans Goldman Sachs. Lequel manager a gagné 1 M$ sur ce coup en achetant des actions trois minutes avant la clôture. Time is money - sauf en prison.
Secondaire :
Ainsi Axa PE a lancé un gros, très gros fonds secondaire. 7 Md$ ! (lire l’article : Axa Private Equity s’impose en secondaire). C’est gros, tout le monde en convient, et cette levée a largement dépassé les objectifs (entre 3 et 4 Md$). Axa PE boucle aussi dans la foulée 700 M$ pour son fonds de fonds primaire. Axa PE, qui va aussi prendre son indépendance de son actionnaire d'assureur, est Big. Bravo à l’équipe. Il faut se réjouir d’avoir un acteur français du non coté de cette envergure.
LeGuide.Com :
Ca y est, Lagardère prend enfin le contrôle après avoir rehaussé son offre de 24€ par action à 28€ (lire Lagardère prend le contrôle de LeGuide.com sur article CFnews). Lagardère est monté au cocotier, tout comme son protégé Gasquet qui monte au filet. Je fonce sur le Twitter de Jade pour avoir son commentaire sur cette opération.
Sun Capital :
Le fonds d'investissement américain Sun Capital a enclenché la cession du groupe de lingerie et sous-vêtements DBApparel, propriétaire des marques Dim, Playtex et Wonderbra. Racheté il y a six ans au groupe américain Sara Lee, Sun Capital vise une valorisation à 600 M€, soit dix fois son résultat brut d'exploitation (voir la fiche du deal dans nos bases de données). Un vrai test de marché dans le contexte actuel pour cette entreprise qui emploie 7500 personnes…
Lazard :
Lazard subit la pression du fonds activiste Trian Partners, dirigé par Nelson Peltz, qui a acquis 5,1% de son capital et en devient donc le plus gros actionnaire minoritaire. Très drôle.
People :
Johnny Depp et Vanessa Paradis se séparent. Tristesse.
Ainsi va la vie dans le non coté. Bonne semaine à tous,
Diogène (diogene@cfnews.net)
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