Ascoma se réassure ; Somdia se met à la diète

100 % d'Ascoma aux mains de Chedid Capital

Trois ans après avoir acquis 80 % du capital auprès de la famille fondatrice Jutheau-Husson, la holding financière libanaise Chedid Capital s'empare des parts restantes du courtier d'assurances monégasque Ascoma, qui dispose de bureaux à Paris pour les affaires internationales, et d’un réseau de vingt-trois filiales réparties dans vingt-et-un pays africains. En 2021, le périmètre concerné englobait l’ensemble des activités africaines et monégasque d'Ascoma - l'ancien président Hervé Husson et les autres actionnaires familiaux conservant leurs activités de courtage d’assurances en France. Toujours conseillé par White & Case, l'acquéreur et désormais unique actionnaire de la cible conforte ainsi sa position d'investisseur de premier plan dans les domaines de l'assurance et de la réassurance. Fort de plus de 64 filiales réparties sur trois continents et plus de 1 600 collaborateurs de cinquante nationalités différentes, la firme pilotée par son fondateur Farid Chedid gère dorénavant plus d’un milliard d’euros de primes.

C'est dès 1952 que le premier réseau de courtage indépendant en Afrique subsaharienne avait pris racine sur le continent, avec l’ouverture du bureau de Madagascar. Pouvant se targuer de plus de 300 M€ de primes gérées en 2023, Ascoma emploie aujourd'hui 850 collaborateurs et couvre - grâce à ses vingt-trois filiales et son réseau de correspondants - les 54 pays d’Afrique ainsi que l’île Maurice. L’appui renforcé de Chedid Capital financera la poursuite de son développement, notamment en Afrique anglophone et lusophone.

Sucaf Gabon croqué par un Turc

Au Gabon, Somdia, la filiale sucre et céréales du géant agroalimentaire français Castel, a cédé 100 % de ses parts - contre un franc symbolique - dans l’unique producteur de sucre du pays, Sucrerie Africaine du Gabon (Sucaf Gabon), au gouvernement gabonais, qui en a ensuite ensuite cédé le contrôle au groupe turc MFB International à hauteur de 90 %. Rebaptisée Les Sucreries du Gabon, la cible rencontrait de grandes difficultés financières et opérationnelles, avec des pertes comprises entre 3 et 4,5 M€ (entre 2 et 3 MdXAF), et se trouvait en cessation d'activité. Opérant depuis près d'un quart de siècle sur le marché sucrier, elle exploitait plus de 13 000 hectares de plantations de canne à sucre et commercialisait sur le marché local du sucre blanc et roux sous la marque « Princesse Tatie ». Objectif de la cession d'une part majoritaire au groupe turc : garantir l’approvisionnement en sucre sur le marché intérieur. MFB s’est ainsi engagé à assurer la couverture du marché national pour une période de douze mois par l’importation de dix mille tonnes de sucre par trimestre. Il prévoit en outre d’injecter 1,5 M€ (1 MdXAF) dans la réhabilitation et la modernisation des usines de l’ex Sucaf.

Détenu à 87 % par le mastodonte tricolore des boissons Castel, Somdia cherche par ailleurs depuis un an à céder ses moulins africains au Togo, au Gabon, au Congo et au Cameroun. En octobre dernier, la « bataille » semblait devoir se jouer entre trois candidats-repreneurs : le conglomérat américain Seaboard, la société familiale suisse Ameropa et la coopérative agricole et agroalimentaire française Agrial. La filiale agro-alimentaire de Castel, qui a récemment changé de nom - passant de Somdiaa à Somdia - dans le cadre de l’adoption d’un nouveau plan stratégique 2023-2027, produit et commercialise de la farine et du sucre, mais aussi des œufs et des aliments pour animaux.

Et aussi...

• Après plus de deux ans de tentatives infructueuses de cession de sa filiale marocaine Lydec au Nouveau Suez, Veolia aurait enfin trouvé preneur. Selon plusieurs médias africains, le groupe français dirigé par Estelle Brachlianoff s'apprêterait à vendre cette régie d'eau et d'électricité de Casablanca à l'État.
• Comme annoncé en mars dernier, le patron de Saham Group, Moulay Hafid Elalamy, a signé le 12 avril dernier le rachat de la participation de 57,67 % de Société Générale dans le capital de sa filiale marocaine, au terme de plus d'un mois de négociations, actant ainsi le départ du groupe bancaire français du royaume. Évaluée à 745 M€, l'opération reste néanmoins soumise au feu vert de la Banque centrale et à celui du Conseil de la concurrence. En 2023, Société Générale Maroc a contribué à hauteur de 484 M€ au produit net bancaire de sa maison-mère.
• En attendant une éventuelle OPA - après l'échec de sa première offre obligatoire en février, suivie en mars d'une nouvelle offre avec une prime de 66 % contre 40 % initialement - le leader de la TV payante en Afrique francophone Canal + se renforce au capital de l'opérateur sud-africain de télévision MultiChoice en atteignant le seuil de 40,01 %.