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Afrique #56 : ECP, Twiga Foods, Centum, BAD, Azuri Technologies...


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Dépôt de carburant et parking de camions à Lusaka (Zambie), l'un des points de service d'Inter Africa Transport Forex - IATF

Dépôt de carburant et parking de camions à Lusaka (Zambie), l'un des points de service d'Inter Africa Transport Forex - IATF

Bulletin Hebdo Afrique

Logistique : Inter Africa Transport Forex / ECP (Maurice / Afrique)

Fort de plus de dix-huit ans d’expérience dans le domaine du capital-investissement en Afrique, le fonds panafricain Emerging Capital Partners (ECP) acquiert une participation substantielle dans le capital de la fintech mauricienne Inter Africa Transport Forex (IATF), qui exploite une plateforme en ligne permettant aux entreprises de transport de l’industrie logistique, notamment transfrontalières, de centraliser tous leurs paiements, et donc mieux gérer et suivre leurs coûts. Ni le montant ni le pourcentage de cette prise de participation n'ont été divulgués (voir fiche de l'opération sur CFNEWS). Fondé en 2007, IATF coopère avec plus de 150 points de service situés le long des principales routes d’Afrique du Sud, de Zambie, du Botswana, du Zimbabwe, de République Démocratique du Congo (RDC), de Tanzanie, du Mozambique, de Namibie, du Malawi et du Rwanda. L’entrée d’ECP à son capital contribuera, selon son P-dg Johan Steyn, à renforcer sa présence sur ses marchés existants et à étendre son réseau à d’autres pays, notamment au Burundi, en Ouganda, au Kenya, en Angola et dans d’autres pays africains. La société d’e-logistique, qui a plus que doublé ses ventes au cours des deux dernières années, compte également sur ce financement pour élargir la gamme de capacités et de produits offerts par sa plate-forme technologique. « Nous nous sommes déjà associés à ECP pour un autre investissement et connaissons la valeur qu’ils apportent en termes de vision stratégique, de développement organisationnel et d’expansion géographique », a commenté Carel van der Wath, responsable technologique et fondateur de la fintech. Emerging Capital Partners a en effet déjà investi par le passé dans une autre société créée par les sponsors d'IATF, mais dont l'identité reste confidentielle. Disposant de six bureaux sur le continent (Abidjan, Douala, Johannesbourg, Lagos, Nairobi et Tunis) et de deux autres à Washington D.C. et Paris, ECP a réalisé plus de soixante transactions et quarante sorties intégrales en dix-neuf ans d’existence. Il a levé environ 2,7 Md€ (3 Md$) à travers ses véhicules et co-investissements (relire notamment le bulletin #28, au sujet du closing record en novembre dernier de son quatrième véhicule panafricain).

Agroalimentaire : Twiga Foods / Creadev (Kenya / France)

Nouvelle moisson pour Twiga Foods, distributeur kényan de produits agricoles - © Twiga Foods

Nouvelle moisson pour Twiga Foods, distributeur kényan de produits agricoles - © Twiga Foods

Sept mois après avoir levé 4,4 M€ (5 M$) auprès de certains de ses sponsors historiques - dont le néerlandais DOB Equity - (relire bulletin #28), Twiga Foods, plateforme kényane d’approvisionnement mobile B2B, mettant en relation producteurs alimentaires et détaillants urbains, lève 4,4 M€ (5 M$) auprès de la société d'investissement de la famille Mulliez, Creadev. Ce troisième tour de table, qui fait suite aux levées de fonds de juillet 2017 et novembre 2018, vise à accroître son déploiement au Kenya, mais aussi sur l’ensemble du continent, à commencer par l’Afrique de l'Ouest. Six de ses investisseurs initiaux en profitent pour sortir partiellement : Blue Haven Ventures, Omidyar Network, Uqalo, Crescat Limited, Adolph H. Lundin Charitable Foundation (AHL Venture Partners) et Index Ventures. Fondée à Nairobi en 2013 par Grant Brooke et Peter Njonjo, la jeune pousse travaille actuellement avec environ 17 000 agriculteurs pour acheminer chaque jour 120 tonnes de fruits et légumes auprès de 2 500 revendeurs informels (pour plus de détails, lire l’article Twiga Foods livre un troisième tour sur CFNEWS).

Agroalimentaire : Almasi Beverages et Nairobi Bottlers / Coca-Cola / Centum Investment (Kenya / États-Unis)

Usine de bouteilles Coca-Cola en Afrique - Coca-Cola Beverages Africa (CCBA)

Usine de bouteilles Coca-Cola en Afrique - Coca-Cola Beverages Africa (CCBA)

La firme d’investissement kenyane Centum Investment s’apprête à céder ses participations dans les producteurs de boissons locaux Almasi Beverages (ABL) et Nairobi Bottlers (NBL) à une filiale du géant mondial Coca-Cola, pour un montant estimé à 171 M€ (19,5 MdKES). Depuis 2014, elle détenait 53,9 % des actions d’ABL et 27,6 % des actions de NBL. Elle utilisera une partie des fonds récoltés pour rembourser des prêts bancaires de plus de 65 M€ (7,5 MdKES). Selon son DG James Mworia, qui a déclaré que la cession de ces participations devrait être finalisée d’ici quatre mois, Centum Investment prévoit par ailleurs d’investir entre 87 et 131 M€ (10 et 15 MdKES) dans huit secteurs durant les cinq prochaines années, à savoir les services financiers, les biens de consommation, l’agriculture, l’éducation, les soins de santé, les technologies de l’information, l’énergie et l’automobile. Créé en 1967 et employant 176 collaborateurs, le fonds kényan, qui gère actuellement 885 M€ (101,76 MdKES) d’actifs, et dont le bénéfice avant impôt a dépassé 38 M€ (4,44 MdKES) durant l’exercice clos en mars 2019 (en hausse de 41 % par rapport à l’exercice précédent), possède un portefeuille diversifié en private equity et dans le secteur immobilier. L’acquéreur des deux cibles, Coca-Cola Sabco East Africa, est contrôlé par le sud-africain Coca-Cola Beverages Africa (CCBA), le plus grand embouteilleur de cette marque du continent, présent dans douze pays d’Afrique subsaharienne (Afrique du Sud, Kenya, Éthiopie, Mozambique, Tanzanie, Ouganda, Namibie, Mayotte, Comores, Botswana et Zambie). Ses 16 000 salariés travaillent dans une trentaine d’usines desservant plus de 600 000 points de vente.

Nouveau fonds : lancement par la BAD du Mécanisme africain d’inclusion financière numérique (ADFI)

Mécanisme africain d'inclusion financière numérique (ADFI), lancé le 12 juin - BAD

Mécanisme africain d'inclusion financière numérique (ADFI), lancé le 12 juin - BAD

La Banque Africaine de Développement (BAD)et ses partenaires lancent un nouveau fonds pour renforcer les politiques d’inclusion financière numérique : le Mécanisme africain d’inclusion financière numérique (ADFI), parrainé par la Fondation Bill-et-Melinda-Gates, l’Agence Française de Développement (AFD) et le gouvernement du Luxembourg, qui en sont les premiers donateurs. Ayant pour ambition de donner accès aux services financiers numériques à quelque 332 millions d’Africains de plus, dont 60 % de femmes, il mobilisera 89 M€ (100 M$) en dons et 268 M€ (300 M$) sous forme de dette sur les ressources en capital ordinaires de la BAD d’ici 2030. Le projet inaugural de l’ADFI consiste en une subvention de 10,1 M€ (11,3 M$) de la Fondation Bill-et-Melinda-Gates à la BAD et à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Cette ressource financera la création d’un système de paiement numérique interopérable grâce auquel les usagers pourront envoyer et recevoir de l’argent à partir de portefeuilles mobiles, et de ces portefeuilles vers d’autres comptes numériques et bancaires. « Avec l’ADFI, nous sommes convaincus que nos efforts communs peuvent contribuer efficacement à l’élimination des obstacles qui continuent à retarder le développement des services financiers numériques en Afrique », a confié Sébastien Minot, responsable adjoint pour l’Afrique de l’AFD. Le nouveau fonds agira en collaboration avec l’ensemble de l’écosystème : banques et institutions financières non bancaires, opérateurs de réseaux mobiles, prestataires de services de paiements et de virements, sociétés de technologie financière, ministères, organismes de réglementation et organisations économiques régionales.

EnR : Azuri Technologies / Marubeni Corporation / IP Group (Royaume-Uni / Japon / Afrique)

Entre 2012 et 2019, le britannique Azuri Technologies a vendu plus 15 000 kits solaires off grid en Afrique. - Azuri Technologies

Entre 2012 et 2019, le britannique Azuri Technologies a vendu plus 15 000 kits solaires off grid en Afrique. - Azuri Technologies

Le britannique Azuri Technologies vient de réunir 23 M€ (20,5 M£) pour étendre son service de vente de kits solaires à domicile en Afrique. Le tour de table a vu l’entrée de Marubeni Corporation, un conglomérat japonais très connu pour ses investissements dans la production d’EnR sur le continent, qui devient l’actionnaire majoritaire. La participation de cet acteur majeur sur le marché international de l’énergie démontre « la maturité croissante de l’électricité hors réseau et son rôle au service des 600 millions de personnes en Afrique qui n’ont toujours pas accès à l’électricité », a déclaré Simon Bransfield-Garth, P-dg d’Azuri Technologies. Parmi les investisseurs historiques qui réinvestissent à l’occasion de ce tour de table, figure le fonds britannique IP Group, qui fournit des capitaux aux entreprises de technologies. Depuis sa création en 2012, le distributeur de mini-réseaux électriques domestiques a vendu plus de 15 000 kits. La somme récoltée va lui permettre d’étendre ses activités à de nombreux villages du continent, notamment au Kenya, en Tanzanie, en Zambie et au Nigeria, avant de conquérir d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Pour faciliter son développement, il a entrepris de tisser des partenariats avec de grandes entreprises : par exemple le géant anglo-néerlandais Unilever au Kenya, où ce dernier dispose d’un réseau composé de plus de 67 000 commerçants, ou encore le groupe First Bank of Nigeria, qui lui permettra de bénéficier de son service « Firstmonie » afin de faciliter les paiements par téléphone portable.

Nouveau fonds : Truestone veut lancer un véhicule de 45 M€ pour les PME de Sierra Leone et du Liberia

Paul Szkiler, Truestone Impact Investment Management

Paul Szkiler, Truestone Impact Investment Management

Truestone Impact Investment Management, un gestionnaire de fonds britannique opérant en Afrique subsaharienne, s’apprête à lancer Mano River Transition Fund, un véhicule ayant vocation à appuyer en capital, des PME de Sierra Leone et du Liberia, actives dans des secteurs à croissance rapide à fort potentiel, grâce à des tickets compris entre 447 K€ (500 K$) et 4,5 M€ (5 M$). Le véhicule investira jusqu’à 45 M€ (50 M$) dans ces structures. Fondé en 2010 et dirigé par Paul Szkiler, Truestone revendique plus de 40 M€ (45 M$) d’actifs sous gestion. Il a déjà mobilisé environ 89 M€ (100 M$) auprès d’investisseurs institutionnels tels que le FMO(l’institution néerlandaise de financement du développement), ou encore Cordaid, une organisation internationale de développement également basée au Pays-Bas. Ces ressources ont été investies dans une vingtaine d’entreprises en Afrique de l’Est et de l’Ouest.

Étude : les investissements étrangers en hausse de 11 % sur le continent

Selon le World Investment Report, publié le 12 juin dernier par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), l’Afrique échappe à la tendance générale à la baisse des investissements mondiaux (-13 %). Les investissements directs étrangers (IDE) y ont progressé de près de 11 %, même s’ils ne représentent toujours qu’une infime part des flux financiers mondiaux (3,5 %). Cette augmentation s’explique par l’accroissement de la demande et donc du prix de certains produits de base, mais les situations divergent fortement selon les économies. L’Égypte, avec 6,1 Md€ (6,8 Md$), conserve sa première place sur le podium des pays destinataires d’IDE, principalement grâce aux secteurs du gaz et de l’industrie. Au second rang, le Maroc a vu les IDE bondir de 35,5 % en un an, pour atteindre 3,2 Md€ (3,6 Md$). Les investisseurs y ont été séduits par des secteurs plus variés : finance, énergie renouvelables, infrastructures et automobile. De façon générale, les pays dont les économies sont les plus diversifiées affichent de bonnes performances, à l’image du Kenya (+27 %). En Afrique subsaharienne, du fait des montants généralement importants investis dans les secteurs énergétiques et miniers, les variations sont souvent à deux chiffres. L’Afrique de l’Ouest, principalement à cause du Nigeria (-43 %), qui pâtit des incertitudes liées aux élections ainsi que des conflits entre gouvernement et multinationales, apparaît en recul (-15 %). Ce rapport 2018 met par ailleurs en évidence le rôle moteur des zones économiques spéciales (ZES) dans la croissance des investissements étrangers. Au nombre de 237 en Afrique, où elles sont présentes dans trente-huit pays, elles ne se contentent pas d’améliorer les exportations dans les industries où la main-d’œuvre est peu qualifiée (comme le textile) mais ciblent, dans certains pays, des secteurs diversifiés avec plus de valeur ajoutée. C’est le cas par exemple au Maroc (high-tech, automobile), au Sénégal ou au Rwanda. Les principaux pourvoyeurs d’IDE sur le continent restent les pays européens, en premier lieu la France avec 57,2 Md€ ( 64Md$), suivie de près par les Pays-Bas, avant les États-Unis (en repli à 44,7 Md€ soit 50 Md$), la Chine étant en cinquième position. L’étude de la Cnuced ne prend pas en compte les flux Sud-Sud, qui devraient continuer à croître avec l’entrée en vigueur imminente de la zone de libre-échange continentale (ZLEC).

Événements :

  • Paris, 28 juin : conférence « Quelle formation pour conquérir les marchés africains ? », initiée par le Centre Africain de Veille et d’Intelligence Économique (CAVIE), en partenariat avec les MBA ESG.
  • Paris (locaux Business France), 1er juillet : atelier d’information de Business France sur les projets financés par les banques de développement dans les pays du G5 Sahel autour du thème « Pour comprendre les enjeux et vous positionner sur les futurs projets financés au Sahel ». Le G5 Sahel ou « G5S » est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité, créé lors d'un sommet du 15 au 17 février 2014 par cinq États du Sahel : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad.

Et aussi...

  • Au Maroc, la filiale africaine du promoteur immobilier français Réalités vient de remporter la construction du pôle urbain de Mazagan (PUMA), un programme mixte intégrant des logements individuels et collectifs ainsi que des commerces sur un terrain de treize hectares. PUMA a été lancé en 2013 par le groupe OCP (Office Chérifien des Phosphates).
  • À l’occasion du Forum économique Togo – Union Européenne des 13 et 14 juin derniers, le premier ministre togolais et des dirigeants du groupe Eranove et de sa filiale togolaise Kékéli Efficient Power ont posé la première pierre de la centrale électrique de Kékéli. Cette centrale thermique d’une puissance installée de 65 MW, qui devrait être opérationnelle l’an prochain, est le fruit d’un consortium européen autour d’Eranove, groupe industriel panafricain basé à Paris, qui développe actuellement des projets ambitionnant d’apporter 1 000 MW au service du continent.
  • La holding tunisienne UADH, importateur de la marque Citroën en Tunisie, noue un partenariat avec le réseau multimarque Eurorepar Car Service du groupe PSA. Deux accords ont été signés, l’un pour déployer ce réseau multimarque en Côte d’Ivoire et au Sénégal (avec une extension possible à d’autres pays africains), l’autre pour intégrer aux stations-service du réseau OLA Energy des ateliers mécaniques Eurorepar Car Service.
  • Ascendis Health, groupe de santé et de bien-être, coté à la Bourse de Johannesbourg, et réalisant un chiffre d’affaires de 508 M€ (8,3 MdZAR), vient de finaliser la cession de ses filiales Efekto, Marltons et Afrikelp, qui faisaient partie de sa branche Biosciences, à l’occasion d’un MBO mené par RMB Ventures et Nedbank Private Equity. Le produit de la cession s’élève à plus de 29 M€ (480 MZAR).
  • L’investisseur britannique à impact social AgDevCo s’associe à Root Capital, une institution financière américaine dédiée au secteur agricole en Afrique subsaharienne, pour injecter 4,5 M€ (5 M$) dans un consortium de quatre entreprises kényanes, spécialisées dans la transformation et l’exportation des noix de macadamia : Afrimac, Sagana Nuts, The Village Nut Company et Jumbo Nut.
  • Au Nigeria, Finnfund, une institution financière finlandaise axée sur les pays en développement, vient d’investir 4,5 M€ (5 M$) au sein du fournisseur de solutions solaires Starsight Power Utility, déjà soutenu par les firmes de private equity Helios Investment Partners et African Infrastructure Investment Managers (AIIM), respectivement basées à Londres et au Cap. La cible pourrait également recevoir un financement supplémentaire de 8,9 M€ (10 M$), apporté conjointement par le fonds norvégien Norfundet Finnfund.

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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