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Asie : SunPower, Aéroport d’Almaty, Babilou, British Steel, Wirecard...


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© SunPower

© SunPower

Énergie : SunPower / Total / TZS (États-Unis / Singapour / France / Chine)

Cotée au Nasdaq, SunPower, société américaine d'énergie solaire contrôlée à 55 % par Total, devrait scinder ses activités en deux sociétés cotées. Elle créera une nouvelle société, Maxeon Solar, dédiée à la fabrication de panneaux solaires. Basée à Singapour, la nouvelle société spin-off recevra un investissement de 298 M$ (environ 270 M€) du chinois Tianjin Zhonghuan Semiconductor (TZS), coté à Shenzhen et spécialisé dans le semi-conducteur, afin de développer ses capacités de production. TZS détiendra environ 28,848 % du capital, valorisant la cible 1,033 Md$ (937 M€), tandis que les actionnaires actuels de SunPower, dont Total, détiendront 71,152 % de Maxeon Solar. La cible, qui sera également coté au Nasdaq, exploitera des usines de cellules et de panneaux solaires en France, en Malaisie, au Mexique et aux Philippines, ainsi que des centres de R&D en dehors des États-Unis et du Canada. Tom Werner demeurera PDG de SunPower, et Jeff Waters, actuellement directeur de la division SunPower Technologies, prendra les commandes de Maxeon Solar. Pour mémoire, en 2011, le groupe pétrolier français avait offert entre 46 et 49 % de prime pour prendre le contrôle du fabricant de panneaux solaires californien SunPower, le valorisant ainsi 2,3 Md$. Il avait déboursé 1,38 Md$ (930 M€) pour sa part, soit au prix de 23,25 $ par action, portant sur 60 % des actions coté au Nasdaq (lire aussi l’article CFNEWS : Total s'investit dans le solaire). Alors qu’aujourd’hui le cours de SunPower ne s’élève qu’à environ 9$ pour une capitalisation boursière de 1,22 Md$. L’opération marque l'un de ses premiers gros investissements dans les énergies renouvelables. Mais les prix des panneaux solaires ont depuis chuté face à la montée en puissance des fabricants chinois, ce qui a conduit le groupe américain à tailler dans ses effectifs au cours des dernières années.

Transports : ADP / Aéroport d’Almaty (France / Russie / Kazakhstan)

© ADP

© ADP

Le gestionnaire aéroportuaire public français Groupe ADP a entamé des discussions pour l'acquisition de l'aéroport d'Almaty, la capitale économique et la plus grande ville du Kazakhstan. L’acquisition, qui pourrait aboutir dans les prochaines semaines ou mois, se réaliserait via un consortium formé par sa filiale turque TAV Airports et le fonds russe VPE Capital. L'aéroport d'Almaty est le plus grand aéroport d'Asie Centrale avec environ 6 millions de passagers en 2018 dont la moitié sur des liaisons internationales. Le Kazakhstan, plus grand pays enclavé du monde avec 2,7 millions de km², représente 60 % du PIB de l'Asie Centrale. Le groupe français que l'État souhaite privatiser, détient 46,1% du capital du turc TAV Airports qui exploite 14 de ses 24 aéroports.

Services: Babilou / Grace Preschool Education (France / Chine)

Crèche Babilou à Convention Paris © Babilou

Crèche Babilou à Convention Paris © Babilou

Fort d’un chiffre d’affaires de 450 M€, l’opérateur des crèches privées Babilou, accompagné par TA Associates, Cobepa, Raise et SGCP, poursuit son expansion dans le monde en s’implantant en Chine. Il a pris une participation majoritaire dans le réseau chinois Grace Preschool Education, constituant ainsi un virage stratégique. L’opération a été signée durant la visite d’État du président Macron en Chine, dont la délégation officielle comprenait Rodolphe et Edouard Carle, ses deux fondateurs. Créée en 2016 par la famille Li, la cible, déjà présente dans 7 provinces chinoises, accueille près de 10 000 jeunes enfants principalement de 3 à 6 ans. Grâce à l’expertise en matière d’accueil des enfants de 0 à 3 ans apporté par Babilou, elle se préparerait à accueillir en Chine plus de 26 000 enfants d’ici 2023. Avec plus de 17 millions de naissances par an (soit près de 12 % du total mondial), la Chine représente le deuxième pays à la croissance démographique la plus importante après l’Inde. Babilou est désormais présent dans treize pays représentant 50 millions de naissances par an, soit un tiers des naissances mondiales. Pour mémoire, il avait réalisé deux acquisitions importantes, l'américain Little Sprouts et le singapourien Nurture Education Group, respectivement forts d'environ 50 M$ et de plus de 20 M$ de chiffres d'affaires.

Acier : British Steel / Jingye (Royaume-Uni / Chine)

© British Steel France Rail

© British Steel France Rail

En faillite depuis mai dernier, l'aciériste britannique British Steel, numéro deux en Royaume-Uni derrière Tata Steel, serait sauvé par son homologue chinois Jingye. La cible comprend les aciéries de Scunthorpe (nord de l'Angleterre), les fonderies britanniques, des parts de FN Steel BV (filiale aux Pays-Bas) et British Steel France Rail (site d'Hayange en Moselle). Le montant de la reprise reste pour l’instant confidentiel, mais la BBC comme le Reuters avancent une transaction à 70 M£ (soit environ 81,2 M€), alors que le FT a cité un montant de 50 M£ (58 €M). Le gouvernement britannique devrait en outre apporter son aide avec notamment des garanties de prêts afin de protéger les 5 000 emplois, et plus largement 20 000 postes touchés par son supply chain. L’investisseur chinois Jingye, comptant 23 500 salariés et pesant 90 milliards de yuans de revenus (11,7 Md€), entendrait ré-investir 1,2 Md£ (1,5 Md$) dans l'entreprise sur la prochaine décennie, pour rénover les usines et machines, améliorer la performance environnementale et doper l'efficacité énergétique. Pour mémoire, British Steel a été créé en 2016 lors de la cession des activités de produits longs pour les rails et la construction du groupe Tata Steel au fonds d’investissement Greybull Captial, qui avait déboursé 1£ symbolique.

Fintech: Wirecard / Allscore Payment Services (Allemagne / Chine)

Après l’acquisition majoritaire de GoPay auprès du conglomérat aérien HNA Group par PayPal, la fintech allemande Wirecard débarque également sur le marché du paiement en ligne et mobile en Chine. Elle achète la société AllScore Payment Services, en devenant ainsi la troisième société étrangère à détenir les licences pour les transactions en ligne et mobiles après les deux groupes américains Apple et PayPal. La transaction, dont le montant pourrait s’élever à un maximum de 109 M€, se réalisera à plusieurs étapes. Tout d’abord, la société allemande débourse environ 72,4 M€ pour s’emparer des 80 % du capital d’AllScore. Si cette dernière devient rentable l’an prochain, Wirecard payera une somme supplémentaire de 16,7 M€. En outre, d’ici deux ans, Wirecard disposera d’une option d’acheter le solde de 20 % pour 20,2€. L’ensemble d’opérations valorisera la cible au maximum 109 M€, soit 24 fois l’Ebitda provisoire. Coté à Francfort, Wirecard est actuellement confronté à des questions sur ses pratiques comptables évoquées par un lanceur d'alerte, qui est cité par le FT. Le mois dernier, le groupe a engagé KPMG pour un audit indépendant. Pour mémoire, la société allemande avait mis 1,3 Md€ pour une vingtaine d’opérations de croissance externe, dont l’achat de l’indienne GI Technology pour 340 M€ en 2015 et l’acquisition d’activités de carte prépayée de Citi en Amérique du Nord en 2016. Discrète, la cible chinoise, fondée en 2007, n’a jamais été citée par la presse pour ses levées de fonds ni d’autres activités corporate. Le marché chinois du paiement en ligne et mobile est dominé par deux géants locaux : AliPay et WeChat Pay, qui captent respectivement 53,8 % et 39,9 % des parts de marchés (statistiques d’iReseacher). Il représentait environ 277 000 milliards de yuans (39 000 Md$) de transactions l’an dernier, d’après les chiffres de la banque centrale chinoise.

Biotech : AstraZeneca et CICC (Royaume-Uni / Suède / Chine)

Le groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca s’associe à la banque d’investissement chinoise CICC pour lancer un fonds d’1 Md$, dédié aux startups biotech en Chine. Il apporterait une somme "importante" au fonds, qui aurait pour partenaire le fonds souverain singapourien Temasek. D’après McKinsey, environ 800 nouvelles molécules innovantes sont en développement dans les biotech chinoises, dont 70 à 80 en sont aux dernières étapes. Le marché chinois est le deuxième du monde derrière les Etats-Unis avec un chiffre d’affaires de 137 Md$ l’an dernier. Il est également le deuxième marché pour AstraZeneca, qui y a réalisé un chiffre d’affaires de 3,8 Md$ l’an dernier pour une estimation de 5 Md$ cette année. Eli Lilly était le premier grand groupe pharmaceutique occidental à lancer un fonds corporate en Chine, avec Lilly Asia Ventures. Créé en 2008, ce dernier gère aujourd’hui 1,2 Md$ en Chine.

Et aussi :

© Alibaba Group

© Alibaba Group

La journée de promotion organisée chaque 11 novembre, dite « Singles’ Day », a de nouveau permis au chinois d'engranger des montants records. L’opération s’est achevée avec 268,4 milliards de yuans de volume d’affaires (38,3 Md$), générés sur ses plateformes e-commerce B2C Tmall.com et C2C Taobao.com, soit une hausse de 25,71 % par rapport aux chiffres de l’an dernier. Et ce, pour 1,3 milliards de colis, avec la participation de 200 000 marques. 299 marques ont dépassé 100 millions de yuans de ventes (14,3 Md$) et 15 de ces marques ont dépassé 1 milliard (143,0 Md$) : Apple, Bose, Estée Lauder, Gap, H&M, L’Oréal, Levi’s, Muji, Nestlé, Nike, Philips, The North Face, Under Armour, Uniqlo.

Le conglomérat de distribution et de l’hôtellerie thaïlandais Central Groupe lance trois projets internationaux de 660 M$, respectivement à Vienne, Osaka et Turin. Il s’associe à l’autrichien Signa Group pour un projet immobilier sur une superficie de 58 000 mètres carrés, situé dans le quartier Mariahilfer Strasse. Il a co-investi avec Taise Corp et Kanden pour un hôtel de luxe, baptisé Centara Grand Hotel Osaka. Par ailleurs, le grand magasin Rinascente Turin a ré-ouvert ses portes après une rénovation complète en octobre dernier. Celui de Florence devrait accueillir ses clients en octobre prochain. Fondé et contrôlé par la famille Chirathivat, le thaïlandais Central Group est à la tête des trois grands magasins en Europe : l’allemand KaDeWe, l’italien La Rinascente et le danois Illum.

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