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Asie : Voodoo, Schneider, Filorga, Unither, Havas, Total, Suez, Ant Group...


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© Tencent Games

© Tencent Games

Logiciels : Tencent / Voodoo (Chine / France)

Déjà actionnaire minoritaire d’Ubisoft, l'appétit de Tencent pour la France ne faiblit pas. Coté à Hong Kong, le géant chinois du monde numérique effectue son quatrième investissement dans l’hexagone en 2020 après ceux dans Lydia, Qonto et Universal Media Group (lire aussi : Lydia s'appuie sur un géant coté chinois ; Qonto monnaie sa série C et notre chronique précédente). Les modalités de cette nouvelle opération - mêlant cession de titres et augmentation de capital - ne sont pas divulguées, mais permettent au géant chinois de s'arroger une part minoritaire sur une valorisation de 1,4 Md$ (1,2 Md€), faisant à l’éditeur et développeur parisien de jeux vidéo pour mobiles une première licorne du secteur. Le process a été orchestré par Morgan Stanley, et destiné à accompagner le développement de l'entreprise sur le marché asiatique. Goldman Sachs, qui avait déboursé en 2018 quelque 173 M€ en l'échange d'une participation minoritaire, reste au capital. Alexandre YazdiCEO et cofondateur avec Laurent Ritter, restera actionnaire majoritaire et conservera le contrôle aux côtés du management. L'opération devrait être finalisée pour la fin de l'année. L'activité de Voodoo a décollé en 2017, portée par le succès de jeux comme Paper.io, Crowd City, Helix Jump etc. Totalisant 3,7 milliards de téléchargements (contre 300 millions en 2018), la société tricolore réunit 300 millions d'utilisateurs actifs pour un chiffre d’affaires de 360 M€ et un Ebidta de 100 M€ l'an passé. L’investisseur chinois, spécialisé dans les réseaux sociaux comme Wechat, est également l'opérateur de la plus grande plateforme de jeux en ligne en Chine. Il dispose d’un portefeuille divers dans les jeux video, comprenant Epic Games (éditeur de Fortnite), Supercell (Class of Clans), Riot Games (League of Legends). En parallèle, Tencent, actionnaire à 29 % de l’éditeur norvégien Funcom, devrait acquérir la totalité du capital pour une valorisation de 160 M$ (lire aussi notre chronique précédente). Pour mémoire, en février dernier, il avait investi dans un éditeur irlandais Yager Development (Spec Ops : The Line).

Énergie & Utilities : Schneider Electric / Larsen & Toubro / Temasek (France / Inde / Singapour)

Après l’annonce en mai 2018 (lire aussi Schneider Electric pousse ses pions en Inde), l'équipementier électrique coté Schneider Electric a enfin finalisé la reprise des activités Electrical & Automation du conglomérat indien Larsen & Toubro. Au début de l’année, les autorités indiennes ont donné son feu vert à l’opération mais avec un certain nombre de conditions (lire aussi notre chronique précédente). Pour mémoire, le membre du CAC 40 s'est associé au fonds souverain de Singapour Temasek pour cette acquisition avec une détention respective de 65 % / 35 %. La valorisation retenue a atteint 14 000 crores de roupies (environ 1,75 Md€), représentant un multiple d'environ 15 fois l'Ebitda. Schneider Electric investit un montant d'environ 430 M€ en numéraire tout en apportant ses opérations indiennes de basse tension et d'automatismes industriels. De son côté, Temasek injecte, en numéraire, environ 635 M€. Grâce à cette acquisition, l'Inde figurera dans les trois premiers pays de Schneider Electric avec plus d’1 Md€ de revenus.

Logiciels : Exclusive Networks / JJNET (France / Chine)

Exclusive Networks, distributeur de solutions de cybersécurité - soutenu par Permira depuis avril 2018 via un MBO Ter le valorisant 1,3 Md€ -, réalise un build-up à Hong Kong en acquérant JJNET. Le petit distributeur hongkongais, comptant environ 200 partenaires revendeurs, emploie actuellement 22 personnes et détient des accords de distribution avec des sociétés telles que Ruckus, Microfocus et Pulse Secure ou encore A10 Network et ExtraHop, dans les domaines de la cybersécurité et du cloud. Il intégrera l’implantation locale du groupe français, établie il y a un an, pour former une équipe d’une trentaine de personnes. L’acquisition intervient quatre ans après son achat d’envergure du singapourien Transition Systems (lire aussi : Exclusive Group distribue en Asie-Pacifique). Elle vient s'ajouter aux opérations déjà présentes en Asie-Pacifique (Singapour, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Vietnam, Malaisie, Philippines, Indonésie et Thaïlande).

Beauté & Soins : FZG Holdings / Filorga (Chine / France)

Filorga

Filorga

Filorga, laboratoire de cosmétiques anti-âge aux 300 M€ de revenusprend le contrôle de la distribution sur son premier marché, la Chine. En février dernier, il a exercé une option d'achat sur les 50 % détenus par son partenaire local Weitz Group dans la joint-venture sous nom FZG Holdings. La transaction a été finalisée en juillet dernier. Créée en décembre 2016, la JV de la distribution des produits Filorga couvre la Chine continentale, Hong Kong et Macao. Pour mémoire, l'an dernier, Filorga avait été acquis par le géant américain coté de l'hygiène, Colgate-Palmolive auprès du fonds HLD, pour un montant de 1,495 M€, soit 30 fois l'Ebitda (lire aussi l’article : Filorga valorisé 30 fois l'Ebitda).

Pharma : Unither Pharmaceuticals / Ruinian Best Pharmaceutical (France / Chine)

© Unither

© Unither

Soutenu par Ardian et deux co-investisseurs, Keensight Capital et Parquest Capital depuis 2017 (lire aussi : Unither boucle son quatrième LBO) via une opération de LBO IV de 675 M€, le sous-traitant pharmaceutique Unither réalise son tout premier build-up en Asie. Il s’engage dans une acquisition progressive du laboratoire chinois de médicaments génériques Nanjing Ruinian Best Pharmaceutical. Le groupe français ne détient pour le moment qu’une part minoritaire, avant de monter ses parts à 100 % d’ici trois ans. L’opération est accompagnée par l'achat d’une usine chinoise. Réalisant proche de 300 M€ de chiffre d’affaires, Unither, qui a été créé en 1993 suite à la reprise d'un site de production de Sanofi à Amiens, souhaite accentuer son développement en Chine, second marché mondial du médicament (derrière les États-Unis), pour compléter sa présence en Europe, aux États-Unis et au Brésil. Basé à Nanjing (près de Shanghai), Ruinian Best Pharmaceutical, spécialiste des formes pharmaceutiques solides et liquides (unidoses stériles et sans conservateurs) et détenu jusqu’ici entièrement par une structure territoriale : Wuxi Jinyuan Industrial Investment Development Group (ville de Wuxi), enregistre un chiffre d’affaire d’environ 10 M€ avec un effectif de 130 personnes. Unither repositionnera le site de productions de la structure chinoise en façonnier (Contract manufacturing organizationCMO), notamment dans les domaines de l’ophtalmologie et des maladies respiratoires pour les marchés chinois et d’autres en Asie.

Communication : Havas / Hyland (France / Australie)

Fort d’un chiffre d’affaires de 2,38 Md€, le groupe de publicité Havas, détenu à 100 % par Vivendi (coté à Paris), fait l’acquisition de l’agence australienne Hyland. Les termes financiers de l’opération restent confidentiels. L’acquisition complète l’offre de Havas en Océanie avec un effectif de plus de 100 salariés dans son bureau à Sydney, qui intègre Havas Media Group. Fondée en 2005, la cible intervient dans le luxe, les cosmétiques, le tourisme ou encore la lifestyle pour un portefeuille de clients divers comme Coty, Etihad Airways, l’aéroport de Sydney, Deliveroo et Church & Dwight. Elle renforcera Havas Media en matière d’analytics et de marketing.

Éolien offshore : Total / Macquarie (France / Royaume Uni, Australie)

© Total

© Total

Le pétrolier coté Total poursuit son ambition visant à devenir un acteur de l’énergie renouvelable. Il s’associe à Green Investment Group (GIG), filiale écossaise du groupe Macquarie pour un partenariat 50/50 en vue de développer un portefeuille de 5 projets éoliens offshore flottants en Corée du Sud. Le projet, représentant une capacité cumulée potentielle supérieure à 2 gigawatts (GW), sera au large des côtes orientales et méridionales du pays (provinces d’Ulsan et de Jeolla du Sud). Les partenaires ont pour objectif de lancer la construction du premier projet d’environ 500 mégawatts d’ici fin 2023. La Corée du Sud a lancé le plan « Green New Deal », tout en accélérant le développement des énergies renouvelables pour porter leur part à au moins 20 % du mix électrique d’ici 2030, dont 12 GW d’éolien offshore.

Environnement : Suez / Aquasure (France / Australie)

Dans le viseur de Veolia (lire aussi l’article : Veolia se rapproche de Suez), Suez, groupe coté environnemental coté de 18 Md€, continue à s’aligner sur son plan "Shaping Suez 2030". Pour réorienter ses capitaux vers des activités de croissance d'une « sélectivité », il cède 4,8 % de sa participation dans AquaSure, le PPP assurant l’exploitation de l’usine de dessalement de l’État de Victoria en Australie, à un consortium composé d’AMP Capital, UniSuper et de Macquarie Prism pour 76 millions de dollars australiens (46,9 M€). Après la cession qui devrait être finalisée au troisième trimestre cette année, sa participation au sein d’AquaSure s’élèvera à 6,9 %. Le groupe coté concentre ses investissements sur des projets australiens dans lesquels il détient une part majoritaire comme la JV Watersure. Créée avec Ventia, cette dernière a été mandatée par AquaSure pour assurer l’exploitation et la maintenance de l’usine de dessalement de l’État de Victoria jusqu’en 2039.

Fintech : Ant Group (Chine)

© Ant Financial

© Ant Financial

Ant Group (ex Ant Financial), propriétaire de la plateforme de paiement mobile ultra populaire en Chine Alipay, a rendu le document aux autorités chinoises pour son projet d’introduction en bourse à la fois à Shanghai (Star Market) et à Hong Kong (HKEx) (lire aussi notre chronique précédente). La cotation pourrait intervenir au mois d’octobre prochain. Selon le FT, la capitalisation du groupe s’élèverait à entre 200 et 300 Md$La capitalisation boursière de l’américain PayPal s’affiche aujourd’hui plus de 245 Md$. L’opération pourrait ainsi permettre une levée de 30 Md$, un nouveau record mondial en terme du montant de levée devant l’IPO de Saudi Aramco avec 29,4 Md$ levés. L’offre serait fixée d’ici peu après des négociations avec investisseurs. Selon le document, l’an dernier, Ant Group a enregistré un chiffre d’affaires de 120,6 Md¥ (environ 17,6 Md$), dont 43 % provenaient d’Alipay, réunissant 700 millions d’utilisateurs particuliers et 80 millions de commerçants. L’activité de crédits à la consommation et aux PME a, pour sa part, contribué 35 % aux revenus. Lancé par Alibaba en 2004 comme outil de paiement pour sa plateforme d'e-commerce C2C Taobao, Alipay a été séparé du groupe en 2011 pour donner naissance à Ant Financial, ce dernier est contrôlé par le fondateur du groupe Alibaba, Jack Ma Yun (50,5 % du capital). L’opération de spin-off avait été contestée par les actionnaires d’Alibaba, dont l’américain Yahoo et le japonais Softbank. Sans succès. Depuis 2018, le groupe Alibaba détient un tiers des titres d’Ant Group (environ 33 %), en cédant, en échange, l'ensemble des brevets et droits de propriété intellectuelle (lire aussi notre chronique précédente).

L’opération est pilotée par la banque d’affaires chinoise CICC en tant que listing sponsor avec la participation de Citi, JP Morgan et Morgan Stanley. D’après l’estimation du FT, si le taux de commission s’élève à 1,5 % (la médiane à Hong Kong), les banquiers pourront empocher entre 300 et 450 M$ pour cette opération.

Bonne semaine.

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