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Bulletin Hebdo Asie : Aéroport de Toulouse, Axa, Systra, Li & Fung, Duferco, Xiaomi ...


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Chronique Asie, CFNEWS

L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?

- Les Deals -

Transports & Logistique : Aéroport de Toulouse (France)

La vente de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac, sixième aéroport de France, suscite la polémique. Cette procédure de privatisation a été lancée en juillet dernier par l’Etat français, aujourd’hui actionnaire majoritaire avec ses 60 %. L’Etat français souhaitait initialement céder sa part de 49,9 % avec une option de vente pour les 10,01 % restants. Le solde est entre les mains de la CCI de Toulouse, qui détient 25 % du capital, et des trois collectivités locales, qui détiennent chacune 5 % : la région Midi-Pyrénées, le département de Haute-Garonne et la communauté urbaine de Toulouse Métropole.

Quatre prétendants ont fait leurs offres : Aéroports de Paris (ADP) ; Vinci, qui s'est associé à CDC Infrastructure et EDF Invest ; le fonds d’infrastructure luxembourgeois Cube et un consortium sino-canadien, constitué du conglomérat aérien hongkongais Friedmann Pacific Investment (FPI), du groupe de transports et d’infrastructure chinois Shandong High Speed Group, de l’aéroport de Shenzen, et du groupe canadien SNC Lavalin. Le consortium valorise la cible à 300 M€ selon divers média, faisant ainsi l’offre la plus élevée, soit 20 % de plus que les autres. Les investisseurs chinois et canadiens souhaiteraient développer un hub à Toulouse, permettant de rallier le Sud-Ouest de la France et la Chine, notamment avec Shenzhen, la capitale chinoise du venture et des semi-conducteurs, où se trouve le Nasdaq chinois, la Bourse de Shenzhen.

L’offre chinoise a suscité une réaction de Jean-Louis Chauzy, le président du Conseil économique, social et environnemental (Ceser) de Midi-Pyrénées. Ce dernier avait écrit à Manuel Valls pour lui faire part d'un risque potentiel pour Airbus Group, qui, selon sa lettre, pourrait être espionné par les chinois. Plus récemment, Air France-KLM est entré dans le débat. Alexandre de Juniac, le P-dg du groupe franco-néerlandais, a déclaré que le projet de hub toulousain du consortium chinois-canadien ferait concurrence à Roissy, dans lequel Air France avait déjà fortement investi avec ses partenaires chinois pour les liaisons long-courrier entre la Chine et la France. Selon la Tribune, une source chinoise a répondu que « le projet (chinois) n'est pas de chercher à transférer à Toulouse les vols vers Paris».

Aujourd’hui, les collectivités actionnaires devraient remettre leur avis sur les offres de rachat et un avis consultatif serait également remis à l’Agence des Participations de l’Etat. En dernier ressort, Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, devrait faire sa décision pour ce dossier d’ici la mi-décembre. L’opération devrait être finalisée au cours de l’année prochaine.

Par ailleurs, WiSEED, site en ligne de finance participative, propose une opération de crowdfunding ouverte au public pour racheter la participation de l’Etat dans l’aéroport toulousain.

Assurance : Axa / The Principal Financial Group (France / Chine)

Axa cède ses activités de retraite obligatoire à Hong Kong au groupe chinois The Principal Financial Group pour 270 M€. La cible concerne précisément ses activités de retraite relatives au régime de Caisse de Prévoyance Obligatoire (Mandatory Provident Fund, MPF) et au régime de Retraite Professionnelle (Occupational Retirement Schemes Ordinance, ORSO). Le nouveau propriétaire chinois bénéficierait d’un accord de distribution exclusif d’une durée de 15 ans avec les réseaux propriétaires d’Axa à Hong Kong pour les produits de retraite obligatoire concernés. La cession permettrait à l’assureur français d’optimiser ses portefeuilles non-stratégiques, ainsi que de se concentrer davantage sur les activités de prévoyance et santé et d’épargne à long-terme.

Les activités MPF et ORSO d’Axa à Hong Kong ont été développées respectivement depuis 2000 et 1988. Le groupe français est le dixième acteur sur le segment des MPF à Hong Kong. Les actifs sous gestion représentaient un total de 23,2 milliards de dollars de Hong Kong (soit 2,2 Md€) jusqu’en 2013 tandis que le total des commissions perçues s’élevait à 253 millions de dollars de Hong Kong (soit 25 M€) l’an dernier.

Ingénierie : Systra / SAI (France / Inde)

Systra, filiale de la SNCF et de la RATP, renforce sa position sur le marché indien avec l’acquisition de SAI, société indienne d’ingénierie de 600 personnes. Basée à Ahmedabad et fondée en 1983, la cible est présente sur le secteur des infrastructures de transport, du bâtiment et de l’environnement, elle a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 11 M€, dont 30 % à l’international.

Déjà présent sur le marché indien, l’acquéreur français a pour ambition de s’imposer partout dans le monde comme une référence incontournable de la mobilité collective et durable. Avec un effectif de 4 400 personnes dans 78 pays, le groupe français a affiché l’an dernier 443 M€ de revenus.

Le nouveau premier ministre Narendra Modi a affirmé à plusieurs reprises son ambition d’investir massivement dans les infrastructures pour créer des emplois ainsi que pour accélérer l’urbanisation du pays. Selon l’investisseur français, l’acquisition d’une société d’ingénierie représenterait une opportunité d’accroître sa présence en Inde ainsi que d’augmente sa capacité à adresser de nouveaux marchés en Asie.

Textile : Li & Fung / May Trading UK (Chine / Angleterre)

Propriétaire de Cerruti et de Sonia Rykiel en France, le groupe hongkongais Li & Fung fait sa première acquisition britannique. La cible concerne un négociant textile, May Trading UK, fournisseur pour des marques comme Primark, Next et Topman. Grâce à ses activités de commerce de textile à travers le monde, le conglomérat hongkongais a enregistré un chiffre d’affaires de 8,7 Md$ au cours du premier semestre cette année pour un résultat de 995 M$.

Acier : Hebei Iron and Steel Group / Duferco (Chine / Luxembourg / Suisse)

Le sidérurgiste public chinois Hebei Iron and Steel Group, basé dans la province du Hebei (près de Beijing), va prendre 51 % du capital du négociant Duferco International Trading Holding, basé en Luxembourg. En raison de la surproduction d’acier sur le marché chinois, les sidérurgistes chinois souhaitent accroître ses capacités de distribution à l'étranger. Pour rappel, l’agence de presse d'Etat Chine Nouvelle avait évoqué en septembre une transaction d'environ 400 M$ (320 M€), mais aucun détail financier n'a pu être obtenu auprès de Duferco et de l’acquéreur chinois.
Duferco International Trading Holding est une branche de négoce sidérurgique de Duferco, créé en 1979 par l’italien Bruno Bolfo et basé aujourd’hui en Suisse. Ce dernier distribue environ 22 millions de tonnes d’acier à travers ses 76 implantations dans 120 pays. Quant au groupe chinois, disposant des filiales ou coentreprises au Canada, en Australie, à Singapour et en Afrique du Sud, il produit quelque 46 millions de tonnes d'acier par an pour un chiffre d'affaires de plus de 250 milliards de yuans (32,6 Md€).

L’opération conforte également la nouvelle stratégie environnementale du gouvernement chinois, luttant contre la pollution à Beijing ainsi qu’au nord de la Chine. La capitale chinoise se situe à proximité de la province du Hebei. Avant les JO de Beijing en 2008, le gouvernement chinois avait relocalisé des sites industriels dans la province du Hebei pour réduire la pollution, mais ces sites dispersés dans la province renforcent toujours la pollution étouffante à Beijing. Selon de documents des autorités chinoises, Hebei a déjà fixé l’objectif et les modalités administratives pour le transfert de ses sites polluants à l’étranger, soit : la sidérurgie, la cimenterie et la cristallerie. Les nouvelles implantations seront situées en Asie du Sud-Est, en Afrique ainsi qu'en Asie de l’Ouest. En septembre dernier, Hebei Iron and Steel Group avait déjà annoncé un investissement dans la sidérurgie en Afrique du Sud, qui représenterait une capacité de production de 5 millions de tonnes par an.

Energie & Pétrole : RRJ / Temasek / Cheniere Energy (Chine / Singapour / USA)

Le fonds souverain de Singapour Temasek Holdings et le fonds de private equity hongkongais RRJ Capital rachètent des obligations convertibles de Cheniere Energy, basé à Houston et spécialisé en LNG (gaz naturel liquéfié). Déjà actionnaires minoritaires du groupe américain, les deux fonds paient 1 Md$ pour ces obligations, assortie d’un coupon de 4,875% % et à l’échéance dans six ans et demi. L’opération a pour objectif de financer le projet de liquéfaction à Corpus Christi, une ville côtière du sud du Texas.

Internet : Xiaomi / iQiyi / Youku Tudou (Chine / Chine)

Le fabricant chinois de smartphones réalise deux investissements d’envergure dans deux sites de vidéo en ligne en Chine pour renforcer sa présence dans les contenus web.
D’une part, Xiaomi s’associe à un fonds chinois, Shunwei, dirigé par le fondateur de Xiaomi Jun Lei et gérant 200 M$, pour établir un nouveau tour de table de 300 M$ à iQiyi. Le moteur de recherche Baidu, propriétaire de la cible depuis 2011, remet au pot. Mise en ligne depuis 2010, iQiyi est l’un des premiers sites chinois de vidéo HD en ligne à acquérir des droits de propriété intellectuelle auprès de producteurs cinégraphiques. La société chinoise met en ligne de films et séries tant chinois qu'étrangers comme les films hollywoodiens, sur abonnement, ou en accès libre avec publicité.
D’autre part, Xiaomi a pris une participation dans le numéro un des sites de vidéo en ligne chinois Youku Tudou, coté à New York, à travers une opération sur la bourse new-yorkaise. Le détail financier n’a pas été divulgué. La cible est issue d’une fusion à travers un échange de titres en 2012 (lire aussi notre bulletin précédent). En avril cette année, le géant e-commerce chinois Alibaba avait pris une part de 18,5 % pour 1,22 Md$ dans Youku Tudou avec le fonds chinois Yunfeng (lire aussi notre bulletin précédent). Pour la petite histoire, Youku signifie en chinois "cool" et Tudou, "patate".

Lancée il y a trois ans, Xiaomi triomphe sur les marchés émergents du smartphone. Il vient de s’entourer du russe DST pour son cinquième tour de table de 1,5 Md$ sur une base de valorisation de 40 Md$ (lire aussi notre bulletin précédent). Captant aujourd’hui 5,6 % du marché mondial à la troisième place derrière l’américain Apple et le sud-coréen Samsung, la rising star chinoise est déjà présente dans diverses activités outre les smartphones : les tablettes, la télévision connectée et les boîtiers pour téléviseur. Elle se lance désormais dans un nouveau projet de 1 Md$ pour se développer dans Web content (contenu Web). Elle a recruté Tong Chen, l’ancien rédacteur en chef du plus grand site portail chinois Sina.com.cn, propriétaire du "twitter chinois" Weibo, pour diriger ce projet.

Bonne semaine à tous.

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