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Bulletin Hebdo Asie : Citic, Li Ka-shing, Xiaomi, Hoyts, Kingfisher, CRRC...


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L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?

- Les Deals -

Services Financiers : Citic / BBVA (Chine / Espagne)

BBVA cède à Citic Bank, filiale du groupe public chinois Citic, sa participation de 30 % dans Citic International Financial Holdings (CIFH), spécialisé dans les activités financières dehors de la Chine, pour 845 M€. La banque espagnole dégagerait une plus-value de cession de 700 M€, mais l'opération aura un impact négatif de 25 M€ sur son bénéfice. A l’issue de la transaction, CIFH deviendra une filiale à 100 % de la Citic Bank. L’opération a pour objectif de réduire l’exposition de BBVA en Chine, permettant à la banque espagnole de renforcer ses fonds propres en raison des nouvelles exigences réglementaires de Bâle III, ainsi que d’éviter le risque financier sur le marché chinois. Selon Reuters, les prêts non-performants chinois ont augmenté de 30 % cette année.

Pour rappel, depuis 2006, BBVA avait investi, à travers plusieurs prises de participation, 3 Md€, contre les 30 % du capital de CIFH et 15 % de la Citic Bank, coté à Hong Kong. L’an dernier, la banque espagnole avait cédé 5,1 % de la Citic Bank, pour 944 M€ à la société mère Citic Group; à la fin il ne détiendra plus que 9,9 % de la banque chinoise (lire aussi notre bulletin précédent). Parallèlement, BBVA et Citic souhaitaient conserver leur alliance stratégique, car la banque espagnole prévoyait y ouvrir prochainement sa propre succursale grâce à cette alliance.

Location d’avions : Cheung Kong Holdings (Chine) - contrat d’achats

A l’âge de 86 ans, le magnat hongkongais Li Ka-shing se lance dans un nouveau business, la location d’avions. A travers Cheung Kong Holdings, l’homme d’affaires charismatique de Hong Kong débourse près de 2 Md$ pour une soixantaine d’appareils afin de constituer un portefeuille d’avions. BNP Paribas a conseillé l’achat de 21 appareils pour 816 M$ auprès de GE Capital Aviation Services (GECAS) et l’acquisition de 10 appareils pour 492 M$ auprès de BOC Aviation, filiale singapourienne de la Bank of China. Par ailleurs, il a racheté 14 avions du loueur américain Jackson Square Aviation (JSA). Pour rappel, en novembre dernier, Cheung Kong Holdings et le conglomérat nippon Mistsubishi avaient créé une co-entreprise de location d’avions de 800 M$ (lire aussi notre bulletin précédent). MCAP (MC Aviation Partners), filiale à 100 % du groupe japonais avec 79 appareils, ont cédé ses 15 avions au nouvel ensemble en échange de 40 % du capital pour Mistsubishi, le groupe chinois contrôlant le solde.

A la tête du classement des plus fortunés en Chine pendant un dizaine d’années, Li Ka-shing a été détrôné cette année par Jack Ma Yun (fondateur d'Alibaba) après l’IPO historique de 25 Md$ d'Alibaba à New York. Mais l'homme d'affaires est toujours considéré comme une référence incontournable dans les milieux d’affaires chinois. Cette année, en raison du dégonflement de la bulle immobilière, les sociétés contrôlées par Li Ka-shing ont revendu davantage d'actifs immobiliers en Chine continentale. Il a déployé ensuite ses placements dans le négoce de matières premières et énergétiques, dont le prix mondial connait une baisse sans précédent depuis 2008. Li Ka-Shing s’intéresse notamment à la location d’avions, avec un pari que le tourisme chinois monte en puissance. Par ailleurs, Cheung Kong Holdings est toujours en discussions pour racheter le loueur irlandais Awas, basé à Dublin. Ce dernier est actuellement dans le portefeuille du fonds britannique Terra Firma.

Cinéma & Divertissement : ID Leisure / Hoyts Group (Australie / Chine)

L’homme d’affaires chinois Xishuang Sun, à travers sa structure ID Leisure, immatriculée aux Caïmans, rachète le deuxième réseau australien de cinémas auprès du fonds australien Pacific Equity Partners (PEP), pour environ 730 M$ (900 millions de dollars australiens). La cible exploite aujourd’hui 420 écrans dans 42 cinémas en Australie et 10 cinémas en Néo-Zélande. Pour rappel, en décembre 2007, PEP l’avait acquise pour 440 millions de dollars australiens. Quant à l’acquéreur chinois, il est le plus grand actionnaire du groupe immobilier Dalian Yifang Group, basé à Dalian (au Nord-Est de la Chine), ainsi que l’actionnaire non-négligeable du plus grand groupe immobilier commercial chinois Dalian Wanda. Dirigé par Jianling Wang, Dalian Wanda avait levé récemment 3,7 Md$ à la bourse de Hong Kong. Il possède notamment deux compagnies de cinémas : le chinois Wanda Cinema, qui devrait se coter à Shenzhen, et l’américain AMC, acquis en 2012 pour 2,6 Md$.

Smartphone : Xiaomi / DST/ GIC Private / Yunfeng (Chine / Russie / Singapour)

Le « petit grain de riz » chinois Xiaomi fait encore une fois la Une des journaux mondiaux. Il a finalisé une méga levée de 1,1 Md$ sur une base de valorisation de 45 Md$, auprès du russe DST, du fonds souverain singapourien Gic Private, et des trois fonds chinois : Hopu, All-Stars Investment, basés à Hong Kong, et Yunfeng. Ce dernier a été fondé par le fondateur d’Alibaba, Jack Ma Yun. La base de valorisation est trois fois la capitalisation boursière de son compatriote Lenovo, le numéro un mondial des fabricants de PC. Pour rappel, en novembre dernier, le Financial Times avait évoqué une levée de 1,5 Md$ avec une valorisation de 40 Md$ (lire aussi notre bulletin précédent). Après ce nouveau tour de table, Xiaomi est désormais la start-up la plus capitalisée et valorisée au monde, car la société chinoise a dépassé l’américain de VTC Uber, qui avait été valorisé à plus de 40 Md$ depuis sa dernière levée de fonds. Créée il y a à peine quatre ans, la marque chinoise est déjà devenue le numéro trois des fabricants de smartphones sur le marché mondial juste dernière Samsung et Apple avec une part de 5 % (mais peu présente en Europe).

Selon le Wallstreet Journal, Xiaomi avait enregistré un chiffre d’affaires de 4,4 Md$ l’an dernier pour un résultat net de 566 M$, soit une marge de 12,8 % - supérieur à celui du leader mondial Samsung -, et, selon le journal américain, son résultat net de cette année pourrait atteindre 1 Md$. Xiaomi devrait vendre 60 millions de smartphones cette année avec un objectif de 100 millions pour l’an prochain. La marque chinoise est déjà en route pour conquérir le marché indien. Malgré une interdiction temporaire d’un tribunal indien à la fin d’année en raison des disputes sur les brevets, Xiaomi a d’ores et déjà vendu un million de smartphones en Inde et ce en seulement cinq mois.

A part la réussite commerciale, Xiaomi cherche également à construire son propre écosystème des sociétés comme Apple. Son fondateur Lei Jun, business angel de renom en Chine, avait déclaré que Xiaomi devrait partager son succès avec 100 sociétés de secteurs différents, en construisant un "écosystème Xiaomi". Jusqu’ici, Xiaomi avait déjà investi dans des entreprises chinoises et étrangères, telles que les américains Misfit (bracelet connecté) et iHealth Labs (e-santé). Par ailleurs, ses investissements se concrétisent déjà par ses propres nouveaux produits tels que la Mi TV, la Mi Power Bank (ré-chargeur mobile pour batterie), et le Mi Air Purifier. Très récemment, Xiaomi s’est lancé dans l’électroménager connecté, à travers l’entrée au capital du fabricant d'électroménager chinois Midea, coté à Shenzhen (lire aussi notre bulletin précédent).

Distribution : Kingfisher / B&Q China / Wumart (Chine / Angleterre)

Coté à Londres, le groupe britannique Kingfisher, propriétaire des enseignes françaises comme Castorama et Brico Dépôt, cède 70 % de sa filiale chinoise de bricolage B&Q China au Chinois de distribution Wumei Holdings, basé à Beijing, pour 140 M£ (178,5 M€). Cette transaction, appuyée par les conseils d’UBS et de Hogan Lovells pour le compte du cédant, devrait être finalisée au cours du premier semestre 2015, sous réserve de l'approbation du ministère chinois du Commerce, le MOFCOM. En difficulté financière, la cible exploite aujourd’hui en Chine 39 magasins de bricolage avec un effectif de 3000 personnes. Kingfisher souhaite se concentrer sur son principal marché, l'Europe, où le groupe, en passe d'acquérir le français Monsieur Bricolage, à travers une OPA, reste le premier acteur du secteur (lire aussi l’article CFNEWS : Mr Bricolage convoité par Kingfisher). Mais au dernier trimestre, les activités françaises du groupe anglais ont enregistré une baisse de 9,3 % de chiffre d’affaires à environ 1 Md£, le résultat net a atteint 120 M£, soit une chute de 14, 3 %.

Créé en 1994, le groupe chinois Wumei Holdings est propriétaire dr deux groupes de distribution : Wumart Stores, chaîne de supermarché avec 650 magasins, coté à Hong Kong ; Xinhua Department Store, opérateur de dix grands magasins, coté à Shanghai.

Agroalimentaire : NH Foods / EGE-TAV Ege Tarım Hayvancilik Yatirim Ticaret ve Sanayi (Japon / Turquie)

Le groupe nippon de charcuterie NH Foods, coté à Tokyo, acquiert 60 % du capital du groupe turc de volaille EGE-TAV Ege Tarım Hayvancilik Yatirim Ticaret ve Sanayi auprès de la famille fondatrice de Natan Hayim, sur une base de valorisation de 120 M$. Fondée en 1982, la cible a généré 128 millions de lires turcs l’an dernier (45 M€) pour un résultat net de 1,45 millions de lires (512 000 €). Présent dans la charcuterie, les plats préparés et le laitier, le groupe japonais a réalisé un chiffre d’affaires l’année dernière de 1122 milliards de yens japonais (7,6 Md€) avec un résultat opérationnel de 35,7 milliards de yens (243 M€). Pour cette opération, BNP Paribas et TEB (Türk Ekonomi Bankası) ont conseillé le cédant.

Construction Ferroviaire : CRRC / CNR / CSR (Chine)

Les deux constructeurs ferroviaires publics chinois, CNR et CSR, cotés simultanément à Hong Kong et Shanghai, qui ont suspendu leur cotation il y a deux mois, ont repris la cotation aux bourses chinoises, en annonçant également le projet de fusion d’envergure. Conseillés par CICC et Great Wall Securities, les deux groupes publics chinois devrait procéder à une OPE avec un proportion de 1 :1,1, soit un titre de CNR égal à 1,1 d’action de CSR. La capitalisation boursière des deux groupes chinois atteint aujourd’hui environ 26 Md$. Baptisé CRRC, le nouvel ensemble disposerait au total des actifs de 300 milliards de yuans (50 Md$), et réalise 32 Md$ de chiffre d’affaires annuel, pour un résultat net de 1,32 Md$ (8,2 milliards de yuans). Le constructeur ferroviaire chinois se mettrait donc en concurrence directe de l’allemand Siemens, du français Alstom et du japonais Kawasaki. Le Chinois CRRC maîtrise notamment la technologie de train à grande vitesse dans l’environnement extrêmement froid, dont le coût de réalisation est beaucoup moins inférieur à ceux de Siemens et d’Alstom.

Selon Reuters, le volume de chiffre d’affaires mondial d’équipements ferroviaires en 2013 s’élevait à 120 Md$, dont 20 Md$ sur le marché chinois. Aujourd’hui, les équipementiers chinois captent seulement environ 2 % du marché mondial, et 10 % des chiffres d’affaires de CNR et de CSR provenaient de leurs activités internationales. Sur le plan politique, le président chinois Xi Jiping lance deux projets ambitieux géopolitiques avec une estimation d’investissements de 1200 Md$ : la zone économique de la route de soie, la route maritime de soie du 21e siècle. Dans le cadre de ces projets, le gouvernement chinois souhaite exporter ses technologies de train à grande vitesse à l’étranger, jusqu’ici, une trentaine de pays ont entamé des discussions avec les autorités chinoises.

Bonne fin d'année à tous. A 2015.

Le nouvel an chinois 2015 débutera le 19 février prochain sous le signe du mouton.

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