Olivier Cazzulo, Netsystem
Les fonds de capital-investissement ont – parmi leurs attributs – un mérite souvent mal estimé : ils contribuent à diffuser les meilleures pratiques à tout niveau dans les organisations des sociétés qu’ils accompagnent. Ce niveau d’exigence qu’il soit technique, opérationnel, organisationnel, réglementaire, est un facteur clé de montée en maturité et de création de valeur. Cette logique n’échappe pas aux enjeux portés par la généralisation de la digitalisation des entreprises. Il suffit d’observer à quel point l’écosystème du private equity a su s’emparer après une crise sanitaire sans précédent dans l’ère moderne, de l’importance du digital dans les sociétés cibles et dans celles en portefeuille. Autrefois vu comme un outil de gestion, le numérique est désormais un must have lorsque l’on parle de résilience, d’agilité, ou de capacité de croissance rapide.
- Mesurer la maturité digitale des entreprises devenu une nécessité absolue.
L’état des lieux préalable lors d’une Due Diligence, visera à évaluer le patrimoine technique et applicatif, les moyens et les couts associés au modèle opérationnel.Il fournira une bonne appréciation du niveau de digitalisation des processus de l’entreprise mais aussi du niveau d’appropriation des collaborateurs. Ces éléments d’analyse doivent être benchmarkés au regard des standards et bonnes pratiques du secteur de référence mais aussi du secteur du digital lui-même dont on connait la rapidité d’innovation continue.
2. Une fois les fondations analysées, il est essentiel de mesurer la résilience du système d’information.
Existe-t-il un plan de reprise d’activité en cas de sinistre ? Le modèle actuel est-il scalable pour poursuivre les objectifs imposés par le business plan et la thèse d’investissement ? Le modèle opérationnel et l’organisation sont-ils efficients (du point de vue technique fonctionnel et financier) ? Le patrimoine documentaire et les informations sont-ils transverses et partagés ?Tout autant de sujets à adresser en phase d’acquisition mais aussi en préparation d’une cession car le système d’information est devenu un asset à part entière avec ses forces et ses faiblesses à l’achat comme à la vente. Typiquement, comprendre très en amont le niveau de la dette technique d’une entreprise permettra tout à la fois d’ajuster le business plan et d’aligner les stratégies business et digitales.
Dans cette droite ligne, les questions de cybersécurité et de conformité imposent aussi le plus haut niveau d’exigence quel que soit le secteur d’activité. Inutile de mettre une donnée en conformité par rapport à une règle ou une norme obligatoire si cette même donnée est exposée à un risque de violation. Les deux dimensions se renvoient l’une à l’autre. Développer un plan de remédiation afin d’anticiper un risque d’interruption de service, de production, ou de perte d’information doit faire partie intégrante de la culture et du projet d’entreprise.
Les fonds d’investissement ont parfaitement intégré le bienfondé de ces sujets, car au-delà de leur propre intérêt et de celui de leurs participations, nombreux sont les LP’s à réclamer des garanties sur le niveau d’exposition au risque cyber (perte d’exploitation, fuite de données, réputation…) pour anticiper toute forme de destruction de valeur et appréhender au mieux la question assurantielle qui n’est jamais très éloignée.
3. Les éléments saillants de l’actif digital de l’organisation identifiés, les quick wins comme les projets de transformations établis, documentés et budgétisés, il convient de piloter la transformation. Nombre de fonds ont recruté ces dernières années dans leurs équipes des Chief Digital Officer capables d’assister les équipes d’investissement et leurs participations dans ces plans de transformation.
Nous l’avons compris, la crise engendrée par la COVID 19 a précipité les organisations dans l’urgence de se digitaliser entrainant par la même une augmentation systémique du risque d’exposition au risque cyber. Faire de cette menace une opportunité est tout l’enjeu de la donnée dont chacun s’accorde à dire qu’elle sera une manne de création de valeur. Mais ce potentiel ne pourra se réaliser que si la donnée est intègre, conforme, sécurisée et gérée et cela ne sera pas possible sans une parfaite maîtrise du système d’informations.
