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Les investisseurs historiques de Gojob perçoivent leurs indemnités de fin de mission. Trois ans après une série D de 23 M€ menée par Amundi PEF, l'agence aixoise de travail temporaire en ligne, aussi implantée outre-Atlantique depuis quatre ans, entre dans le giron du groupe coté d'intérim Persol. L'acquéreur japonais a été mis en relation début d'année par Philippe Englebert de la banque d'affaires Lazard, ayant dans la foulée orchestré la cession. Le nippon injecte 122 M€ pour racheter 85 % des parts dans une opération à tranche prévoyant un rachat total dans trois ans. L'ensemble des investisseurs privés sortent. Avant la transaction, la Banque des Territoires détenait 18,3 % devant Amundi PEF (17,1 %), Breega, présent depuis l'amorçage et récupérant 20 fois sa mise initiale de 500 K€ via son véhicule Breega Seed I, Kois (10 %) et Alter Equity. Des business angels bien connus de l'écosystème comme Olivier Mathiot, Frédéric Mazzella, Jean-Baptiste Rudelle ou Pierre Kosciusco-Morizet se partageaient le solde. Détenant 10,6 % via sa holding personnelle, mais aussi d'autres parts via son fonds de dotation, le fondateur Pascal Lorne, se relue et investit dans Persol. Six managers restent au capital.
158,2 M€ de chiffre d'affaires
Employant 249 salariés, dont 230 en France, la cible a connu une croissance de 58,2 % de son chiffre d'affaires depuis sa dernière levée en 2022, le portant à 158,2 M€ en 2024, dont 8,9 M€ aux États-Unis. Tablant sur plus de 200 M€ de revenus en fin d'année, elle dégage pour la première fois un Ebitda positif d'1,3 M€ l'année dernière. « À quelques exceptions, la plupart de nos investisseurs ont pour vocation l'amorçage et devaient à un moment donné démontrer du TRI pour relever des fonds. Cela faisait un moment que nos actionnaires nous encourageaient vers cette démarche. D'un autre côté, la société arrive à un degré de maturité avec un actionnariat atteignant un plafond de verre, qui n'était plus capable de nous accompagner dans la phase de scale-up. L'autre alternative aurait été d'entrer en bourse, mais l'entreprise est encore jeune pour cette étape-là. Plusieurs fonds importants se sont manifestés, mais leurs thèses n'entraient pas dans notre philosophie à impact », témoigne Pascal Lorne. Travaillant avec un millier de clients dans les secteurs de la distribution, de l'industrie ou encore de la logistique, Gojob pilote 10 000 missions par mois. L'entreprise développe depuis 10 ans une plateforme de recrutement identifiant les travailleurs temporaires les plus pertinents pour répondre aux besoins personnalisés des sociétés, en proposant des candidats en fonction des compétences requises et de la géographie. Sur les dernières années, l'outil a enrichi ses fonctionnalités de personnalisation au moyen de l'intelligence artificielle.
Entrée sur le marché asiatique
Avec ce rachat, le provençal entend intensifier ses efforts en R&D, tout en conservant son centre de recherche en France, consolidant sa présence en France et accélérant son développement à l’étranger. La transaction ouvre également la voie à une implantation en Asie, et particulièrement au Japon, où la technologie du tricolore sera déployée à grande échelle. « Cela prouve que l'on peut allier la performance économique à un projet à impact sociétal fort. Dans un secteur chahuté sur les dernières années, comme en attestent les difficultés récentes d'Izywork (repris par Proman il y a deux ans), Gojob a fait preuve d'une belle résilience et a tiré son épingle du jeu. C'est enfin une preuve du savoir-faire français en matière d'IA. Les acquéreurs japonais sont venus chercher une technologie qu'ils n'avaient pas », glisse Benoît (Ben) Marrel, fondateur de Breega, ayant investi 6 M€ dans l'entreprise. Créé en 1973 et présent dans treize pays d’Asie-Pacifique, Persol a enregistré un chiffre d’affaires de 9 Md€ en 2024.