Le vin de la semaine : Rocher des Violettes, cuvée la Négrette

C’est un endroit couru, coincé entre le jardin du Palais Royal et de la place des Victoires, deux des endroits les plus paisibles de Paris. En tout cas, c’est un endroit parfait pour terminer en beauté une journée ratée, avec un accident de scooter, des vacances qui se présentent mal et des problèmes de santé. Dans ce cas, filez Aux Fines Gueules. La cuisine y est très pointue, elle se contente de préparer au mieux une assiette ne contenant que des produits du terroir hors du commun. La viande d’Hugo Desnoyer y est parfaite. Difficile donc de résister au tartare de limousine au couteau.

En terrasse, on peut tout se permettre. Choisir la viande rouge qui vous fait envie et commander une bouteille de chenin, que vous adorez. Un blanc avec le tartare. Ne vous arrêtez pas à cette ineptie, les deux étant parfaits séparément, pourquoi ne pas les marier. Nous commandons donc une bouteille du Domaine Le Rocher des Violettes, cuvée la Négrette. Un chenin sec élevé en bordure de la forêt d’Amboise, entre la Loire et le Cher. Xavier Weisskopf, est jeune, il a l’âge de ma petite sœur. Installé depuis cinq ans, à Amboise, c’est incontestablement un talent à suivre.

La bouteille est fraîche, nous nous versons un premier verre. Son nez est expansif et complexe mêlant les fleurs blanches et les fruits secs comme l’amande. La bouche est généreuse, elle est minérale et évoque cette pierre de tuffeau qui m’est chère. Ce calcaire friable entre les doigts mais qui donne aux plus beaux châteaux de la Loire cette inimitable lumière apaisante et harmonieuse depuis plus de cinq siècles. Les vins de la propriété sont précisément élevés dans une belle cave creusée dans le coteau de tuffeau. La cuvée Negrette en est totalement imprégnée. Et c’est cette minéralité qui apporte une belle fraîcheur permettant de distinguer clairement les autres arômes. Dont une pointe de vanille qui clôt l’expérience en beauté.

Ce vin est suffisamment musclé pour discuter d'égal à égal avec le tartare au couteau.

Dans ces conditions, la bouteille dure hélas moins longtemps que la soirée. Nous revenons donc sur un Saint Joseph de bon aloi. Un rouge poivré pour accompagner une belle tarte aux pommes. Personne n’y trouve rien à redire. Quand on vous dit que l’accord mets-vins n’est pas une science exacte !