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Afrique #107 : Paystack, Athena Global Services, Club Med, TLG Capital...


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Première entreprise nigériane accompagnée par l'incubateur de la Silicon Valley Y Combinator, la fintech Paystack rejoint le giron de l'américain Stripe, qui avait mené son tour de table de série A en 2018. - © Paystack

Première entreprise nigériane accompagnée par l'incubateur de la Silicon Valley Y Combinator, la fintech Paystack rejoint le giron de l'américain Stripe, qui avait mené son tour de table de série A en 2018. - © Paystack

Services financiers : Paystack / Stripe (Nigeria / États-Unis)

C’est un véritable coup de projecteur qui vient d’être donné à l’écosystème nigérian des start-up. Un rachat estimé à 170 M€ (200 M$), soit l’une des plus importantes acquisitions de jeunes pousses jamais réalisées en Afrique. La cible n’est autre que l’un des géants nigérians de la fintech, Paystack. Co-fondée en 2015 par Shola Akinlade et Ezra Olubi, et comptant plus de 60 000 entreprises clientes au Nigeria et au Ghana, cette pépite intègre le giron de Stripe, une entreprise franciscaine créée il y a dix ans par deux frères irlandais (Patrick et John Collison), et qui développe des outils de paiement à destination de start-up et sociétés cotées. Si le montant de la transaction n’a pas été officialisé, plusieurs médias - citant des managers des deux protagonistes ainsi que le cabinet d’avocats ayant conseillé Stripe, le lagotien TNP - affirment que le deal a été conclu à plus de 170 M€. Il permettra à l’acquéreur de mettre le cap sur un continent où le commerce en ligne « augmente de 21 % d’une année à l’autre et de 75 % plus vite que la moyenne mondiale », comme le soulignent les associés de la société américaine. Valorisée autour de 30 Md€ (35 Md$) lors de sa dernière levée de fonds en septembre 2019, soit trois fois plus que la capitalisation boursière de la Société Générale, cette dernière compte s’appuyer sur sa nouvelle filiale africaine pour poursuivre sa croissance à deux chiffres. En 2018, Stripe avait mené un tour de table de série A de 6,8 M€ (8 M$) au profit de Paystack. Conformément aux termes de l’accord conclu le 15 octobre, la plateforme nigériane d’e-paiements conservera son indépendance pour continuer à promouvoir ses produits et services et s’étendre à d’autres pays, à commencer par l’Afrique du Sud où elle devrait prochainement prendre pied. Grâce à ce rapprochement capitalistique, elle sera en mesure de développer de nouveaux produits, de soutenir davantage d’entreprises, et de consolider le marché fragmenté des paiements sur le continent.

 

Services informatiques : Athena Global Services / Julien Jean (France / Maghreb & Afrique francophone)

Distributeur exclusif des solutions de sécurité informatique ESET pour particuliers et professionnels en Afrique francophone, Africa Global Services, filiale de l'ESN francilienne Athena Global Services, couvre 22 pays sur le continent. - © Africa Global Services

Distributeur exclusif des solutions de sécurité informatique ESET pour particuliers et professionnels en Afrique francophone, Africa Global Services, filiale de l'ESN francilienne Athena Global Services, couvre 22 pays sur le continent. - © Africa Global Services

Suite au départ à la retraite de son président fondateur (Thierry Cossavella), Athena Global Services, une ESN francilienne spécialisée dans la distribution de logiciels et d'équipement de sécurité informatique, change de mains. Elle est rachetée par son directeur général, Julien Jean, qui a rejoint le groupe en 2009 en qualité de DAF. Déjà actionnaire de 10 % des parts depuis 2018, il détient désormais 90 % du capital (Benoît Grunenwald, directeur commercial, conservant le solde). Sur les 120 salariés que compte cette entreprise fondée en 1997, la moitié est basée en Afrique francophone, notamment à Tunis et Casablanca. C'est en 2011 que l'ESN s’est établie au Maghreb, en créant Africa Global Services, une division visant la Tunisie, le Maroc et l'Algérie - et secondairement l'Afrique francophone - avec l'ambition de couvrir à terme une vingtaine de pays africains. Tablant sur un chiffre d'affaires de 25 M€ pour l'exercice en cours, la société n’exclut pas de réaliser des acquisitions en France ou sur le continent africain, en fonction des opportunités qui se présenteront à elles (pour plus de détails, lire l’article Athena Global Services change de management sur CFNEWS).

 

Tourisme - Immobilier : Club Med (Maroc / France)

Après une première implantation au Maroc en 1963 (Al Hoceima), le Club Med a renforcé son ancrage en ouvrant son premier resort en « dur » à Agadir trois ans plus tard, à l'appel du roi Hassan II. - © Club Med

Après une première implantation au Maroc en 1963 (Al Hoceima), le Club Med a renforcé son ancrage en ouvrant son premier resort en « dur » à Agadir trois ans plus tard, à l'appel du roi Hassan II. - © Club Med

Le Maroc n’en finit pas de séduire les touristes français. Présent au sein du royaume chérifien depuis plus de soixante ans, le Club Med l’a bien compris. Un mémorandum d’entente a été signé le 19 octobre dernier entre Henri Giscard d'Estaing - le P-dg du groupe tricolore - et des représentants du gouvernement marocain, de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et de la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT). Conseillé par Nasrollah & Associés - Baker McKenzie, le leader mondial des villages de vacances haut-de-gamme va investir 120 M€ (1,3 MdMAD) dans trois projets : la rénovation du club de Yasmina à Tétouan, l’extension et la rénovation du village de Marrakech, et le développement d’un nouveau village dans la station touristique Mogador à Essaouira. Soutenu par ses partenaires investisseurs - notamment la Caisse de Dépôt et de Gestion marocaine à travers sa branche touristique MADAEF - l’opérateur touristique permettra ainsi la création de plus de 600 emplois directs. Le nouveau éco-resort premium à Essaouira, fruit d’un partenariat avec le fonds d’investissement panafricain Grit Real Estate Income Group, représente à lui seul un coût d’environ 92 M€ (1 MdMAD). Doté de 350 chambres et ciblant les familles et couples actifs, il devrait ouvrir ses portes en 2024. Détenue depuis 2015 par le conglomérat chinois Fosun (relire l'article Fosun remporte le Club Med au prix fort sur CFNEWS), la marque au trident a réalisé un début d’année performant, marqué par un coup d’arrêt brutal due à la pandémie : pour la première fois en soixante-dix ans d’existence, tous les Resorts Club Med ont dû temporairement fermer leurs portes. Le groupe a néanmoins pu s’appuyer sur un exercice 2019 solide, avec un volume d’activité à 1711 M€ (en augmentation de 5 %) et un Ebitda de 306,2 M€. Le groupe a par ailleurs bénéficié en juin dernier d’un PGE de 180 M€, abondé par son principal actionnaire chinois d'un prêt additionnel de 80 M€.

 

Banque : Opportunity Bank Uganda / TLG Capital / MyBucks (Ouganda / Royaume-Uni / Luxembourg)

Opportunity Bank Uganda a récemment lancé une initiative en faveur de l'émancipation féminine et de l'éducation des filles, baptisée « Empowerment of Girls' Education » (EGE). - © Opportunity Bank Uganda

Opportunity Bank Uganda a récemment lancé une initiative en faveur de l'émancipation féminine et de l'éducation des filles, baptisée « Empowerment of Girls' Education » (EGE). - © Opportunity Bank Uganda

La holding d’investissement britannique TLG Capital débourse 9 M€ (10,6 M$) pour acquérir 49 % d’Opportunity Bank Uganda, une banque commerciale ougandaise créée en 2015, auprès de la fintech luxembourgeoise MyBucks, cotée à la Bourse de Francfort. Ayant réalisé cette opération par l’intermédiaire de son véhicule d’investissement dédié au financement de PME, Credit Opportunities Fund (COF), le fonds anglo-saxon ciblant des opportunités en Asie et Afrique subsaharienne étend ainsi sa présence et diversifie ses actifs sur le marché ougandais. Jusqu’à présent, il y était présent dans le secteur des soins de santé, de la vente de produits pétroliers et des biens de consommation. Désormais principal actionnaire de la banque, il la dirigera aux côtés d’Opportunity International Group, Faulu Ouganda et Food for the Hungry qui détiennent respectivement 43, 7 et 1 % des parts. My Bucks était entré au capital d’Opportunity Bank Uganda en 2016. En difficulté, cette société de technologie financière a décidé de céder ses actions au sein de deux établissements bancaires en Ouganda et au Malawi afin de réduire une partie de son endettement et se restructurer. L’opération devrait être finalisée d’ici le 31 octobre.

 

Nouveau fonds : Grow in Africa (Égypte / Jordanie / Afrique orientale et australe)

Khaled Ismail, HIMangel

Khaled Ismail, HIMangel

Un nouveau véhicule d'investissement d’une taille cible de 30 M€ (35 M$), baptisé Grow in Africa, vient d’être mis sur pied par quatre business angels égyptiens et jordaniens. Dédié aux entreprises du bassin du Nil et du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), il consacrera 80 % de ses ressources à des firmes ayant des projets d’expansion sur le continent. Les 20 % restants seront alloués à des sociétés égyptiennes ambitionnant de s’étendre dans d’autres pays africains. Seul l’un des investisseurs est connu : il s’agit de Khaled Ismail, président du fonds égyptien HIMangel (ex KIangel), centré sur les entreprises en démarrage. L’identité de ses trois partenaires n’a pas été dévoilée à ce jour. Parmi les institutions sollicitées par le nouveau fonds pour un apport de capital figurent la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), la Société Financière Internationale (SFI), ainsi que la Banque Islamique de Développement (BID).

 

Étude : les chiffres de l’industrie africaine du private equity depuis janvier (étude AVCA)

Quel impact la pandémie a-t-elle eu sur les capital-investisseurs africains ? Selon l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA), 932 M€ (1,1 Md$) ont été levés au premier semestre par les fonds de private equity africains, closings définitifs et intermédiaires inclus, contre 1,4 M€ (1,7 Md$) au premier semestre 2019. La crise économique a bien entraîné une contraction des investissements en valeur (-63 %). En revanche, le volume des investissements s’avère légèrement plus élevé au premier semestre qu’un an auparavant à la même période : 81 opérations ont été enregistrées au total, pour une valeur de 593 M€ (700 M$), contre 79 pour 763 M€ (900 M$) l’an dernier. Parmi les principales figurent le premier closing du véhicule panafricain AfricInvest Fund IV à 171 M€ (relire bulletin #97), le premier closing d’Old Mutual Private Equity Fund V (Old Mutual Alternative Investments) à 154 M€ (3 MdZAR), ou encore le closing final du fonds technologique TLcom TIDE Africa Fund (TLcom Capital), à 60 M€ (71 M$). Sur le plan géographique, l’Afrique du Nord tire son épingle son jeu en captant la plus grande part des transactions en volume (31 %) et en valeur (42 %), suivie de l’Afrique de l’Ouest (21 % du volume des transactions et 22 % de la valeur des transactions). Dans ce contexte difficile, les investisseurs ont acheté plus petit mais plus souvent, et se sont majoritairement tournés vers des secteurs jugés résilients, à savoir la santé, les technologies de l’information et la consommation discrétionnaire. À eux trois, ils ont attiré 49 % en volume et 54 % en valeur des quelque 593 M€ de transactions réalisées au cours du premier semestre. Ayant bénéficié des mesures de confinement, les entreprises de la tech ont connu la plus forte hausse à la fois en valeur et en volume (+1 point de hausse par rapport à 2019 dans les deux cas). Dans le secteur de la santé, qui représente près d’un quart (24 %) des transactions de private equity en valeur, c’est l’investissement de 100 M€ de Mediterrania Capital Partners dans MetaMed (relire bulletin #93) qui occupe la première place du podium. À l’inverse, les secteurs de l’industrie et de la consommation de base ont particulièrement pâti de la crise. Contrairement à celle de 2008, les opportunités d’investissement dans des sociétés en difficulté ont été fortement réduites par les dispositifs ad hoc mis en place par les banques centrales africaines. Le rapport de l’AVCA s’achève sur une note plutôt optimiste, laissant espérer un regain de vitalité pour le private equity en Afrique au cours de ce deuxième semestre, grâce à la remontée des marchés boursiers et l’injection de liquidités.

 

Événements :

  • Lyon, 23 octobre (14-17h) : conférence-débat sur l'entrepreneuriat de la diversité et des diasporas, organisé par le Conseil Présidentiel pour l'Afrique (CPA), en partenariat avec Africa 50. Il sera diffusé en ligne en direct, sur le compte Facebook et la chaîne Youtube du CPA. S’inscrivant dans un cycle de rencontres initié à Bordeaux fin septembre, ce débat vise à identifier les besoins, les attentes et les enjeux des diasporas africaines en matière d'entrepreneuriat dans les secteurs porteurs de l'économie française, et en direction de l'Afrique. Cet événement réunira notamment Wilfrid Lauriano do Rego, le coordonnateur du CPA, Bruno Bonnell, député de Villeurbanne et entrepreneur français de la Tech, Bertin Nahum, fondateur de Medtech (société spécialisée dans la chirurgie robotique du cerveau et de la moelle épinière) et président de Quantum Surgical, Patrick Sevaistre, du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), Khaled Ben Jennet, associé du fonds d’investissement Africinvest, et Christophe Amany, président du réseau d’entrepreneurs Africa 50.  Plusieurs entrepreneurs issus des diasporas de Lyon témoigneront de leurs succès et difficultés. Ils seront rejoints par des experts et représentants de structures de financement et d’accompagnement, à l'instar de Bpifrance et de la Société Générale.
  • Paris, 7 novembre (9 h) : Forum des diasporas africaines, organisé en présentiel à Paris et en virtuel dans le monde entier.
  • Paris, 16-17 novembre : Table ronde internationale organisée par la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) en vue de mobiliser des financements nécessaires pour la réalisation de onze des 84 projets intégrateurs, dont le coût total est estimé à plus de 4,2 Md€ (5 Md$).

 

Et aussi...

  • Signée le 17 février dernier (relire bulletin #80), la nouvelle convention de concession, de modernisation et d’exploitation de l’aéroport international de Gbessia à Conakry a été officiellement amorcée. SOGEAP - la JV regroupant le groupe ADP, Africa 50 et l’État guinéen - vient de poser la première pierre des travaux d’extension et de modernisation de la plateforme aéroportuaire. Ce projet de rénovation, d’un coût estimé à 150 M€, permettra de moderniser et d'accroître la capacité des infrastructures aéroportuaires.
  • Après avoir envisagé d’installer son deuxième bureau africain à Johannesbourg, Bpifrance vient d’ouvrir à Nairobi sa nouvelle antenne sur le continent.
  • À compter du 1er novembre prochain, la sénégalaise Yacine Fal prendra la direction générale du cabinet du président de la Banque Africaine de Développement (BAD). À ce titre, elle supervisera le travail et les activités administratives et opérationnelles du cabinet. Recrutée par l’institution de financement comme conseillère juridique en 1998, elle a ensuite évolué sur des postes à responsabilité jusqu’à devenir en 2016 directrice générale adjointe de la direction régionale chargée du développement et de la prestation de services pour l'Afrique du Nord.
  • Engie promeut Gillian-Alexandre Huart à la tête de son activité Energy Access, une entité chargée de fournir à des millions de foyers et d’entreprises en Afrique une énergie propre et abordable, grâce à des solutions solaires et de mini-réseaux hors réseau et payantes (PAYGo). Ayant rejoint dès 2002 la multinationale française, il exerçait jusque-là comme directeur général de l'EMEAI (Europe, Moyen-Orient, Afrique et Inde) chez Engie Impact. Engie Energy Access emploie plus de 1 700 employés et couvre neuf pays africains (Bénin, Côte d'Ivoire, Kenya, Mozambique, Nigeria, Rouanda, Tanzanie, Ouganda et Zambie).
  • La fintech cairote NowPay lève 1,8 M€ (2,1 M$) lors d’un tour d’amorçage co-dirigé par les égyptiens Foundation Ventures et Endure Capital, et qui a vu la participation d’autres investisseurs locaux, mais également américains, émiratis, chinois ou encore britanniques. Cet apport lui permettra de développer son application d'avance sur salaire et d'étendre ses activités dans d'autres pays de la région, voire au-delà.
  • Dix chefs d’État et de gouvernement africains exhortent les dirigeants du monde entier à accroître leurs investissements en faveur du Fonds international de développement agricole (FIDA), afin de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable visant l’élimination de la pauvreté et de la faim, notamment en Afrique.
  • HEC Paris poursuit la régionalisation de ses formations au profit des cadres et dirigeants africains, avec le lancement du premier module du Certificat Executive Leadership & Entrepreneuriat, dans les locaux de son bureau de représentation en Afrique de l’Ouest et Centrale.

 

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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