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Afrique #136 : Oko, Keiwa, Legafrik, Capitalmind, Kasada...


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© Oko

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Services financiers & Agriculture : Oko / Newfund / ResiliAnce / Mercy Corps Ventures / Techstars / ImpactAssets / RaSa (Afrique / Israël / France / États-Unis / Royaume-Uni / Îles Cayman)

L’insurtech Oko, dont le siège social est sis à Tel Aviv (Israël) et qui dispose de bureaux au Luxembourg et à Bamako (Mali), a collecté en avril près d’1 M€ (1,2 M$) à l’occasion d’un tour d’amorçage mené par le VC français Newfund (via Newfund 2) et ResiliAnce, le fonds corporate du groupe bordelais de négoce Touton. Le britannique Mercy Corps Venture, les investisseurs américains Techstars et ImpactAssets, ainsi que le fonds caïmanien spécialisé en AssurTech early stage RaSa, ont également participé à la levée de fonds (voir fiche opération sur CFNEWS). Objectif : aider Oko à concevoir des produits d'assurance automatisés inclusifs, destinés aux petits exploitants agricoles africains dont les champs sont touchés par des conditions météorologiques défavorables. Lancée en 2017 et employant dix salariés à plein temps, la jeune pousse, qui a engrangé 114K€ (140K$) de revenus l'an dernier, opère à l'heure actuelle au Mali (où elle compte déjà sept mille clients, dont mille qui ont été indemnisés l'an dernier après avoir été victimes d’inondations) et en Ouganda (où elle est en cours d'implantation). Grâce à sa levée de fonds, elle entend d’une part renforcer sa présence dans ces deux pays, et d’autre part étendre son offre à d'autres marchés africains, à commencer par la Côte d'Ivoire. S’appuyant sur de données satellitaires et des services mobiles de transfert d'argent (mobile money), Oko figure dans le classement 2020 - établi par Visa et MetLife Foundation - des cinquante solutions les plus prometteuses pour l'inclusion financière (Inclusive50). Alors que « l’agriculture est de loin la principale source d'emploi en Afrique, avec environ 33 millions d'exploitations agricoles [...] les agriculteurs sont privés de services financiers de base comme les assurances et les prêts. Nous nous servons de la technologie pour résoudre ce problème et sécuriser les revenus de ces agriculteurs », a expliqué Simon Schwall, dirigeant co-fondateur de la société créée en 2017. « Nous devons trouver davantage de partenaires capables de proposer notre produit aux agriculteurs, qu'il s'agisse d'ONG, d'acteurs du secteur agro-industriel, d'opérateurs de téléphonie mobile ou de programmes gouvernementaux. Nous avons la preuve que notre solution fonctionne et répond à un besoin important. Nous devons maintenant mettre le cap sur l'étape suivante », a-t-il ajouté.

 

Logiciel : Keiwa / Legafrik / I&P (Côte d’Ivoire / France)

© I&P / Keiwa / Legafrik

© I&P / Keiwa / Legafrik

Deux fintech ivoiriennes ont obtenu le mois dernier un financement d'amorçage d'un montant non divulgué auprès d’Investisseurs & Partenaires, VC tricolore dédié au continent africain, par l’intermédiaire de son programme d’accélération de technologies doté de 2,5 M€ et soutenu par l’AFD (via l’initiative Digital Africa). Ce dernier a vocation à accompagner une quinzaine de start-up digitales en Afrique subsaharienne, en particulier en Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et à Madagascar. En Côte d’Ivoire, il intervient aux côtés de son partenaire Comoé Capital, un fonds d’impact local fondé en 2018 par des entrepreneurs et des acteurs privés (dont I&P). Les deux derniers bénéficiaires d’I&P Accélération Technologies sont Keiwa, une application de comptabilité simplifiée, de gestion financière et de gestion de stocks (voir fiche opération sur CFNEWS), et Legafrik, une plateforme numérique destinée à simplifier les procédures juridiques, administratives, fiscales et comptables au sein des pays de la zone OHADA (voir fiche opération sur CFNEWS). Co-fondé en 2019 par Fabrice Koffi (CEO), Bertrand Dago (CTO) et Terrence Kondou (développeur), Keiwa s’adresse aussi bien aux PME africaines ayant un besoin de suivi de leurs opérations quotidiennes, qu’aux structures multi-sites ou aux partenaires offrant des services à ces PME (fournisseurs, institutions financières, opérateurs télécoms). Opérant dans le secteur de la legal tech panafricaine depuis 2017, Legafrik a quant à lui été lancé par deux jeunes Ivoiriens, Youssouf Ballo (P-dg) et Daouda Diallo (CTO), avec le soutien du leader européen des services juridiques en ligne Legalstart (relire bulletin #1). Sa plateforme offre aux entrepreneurs et aux TPE/PME un process dématérialisé, un gain de temps et un gain financier. La pépite ivoirienne a également développé TooSign, sa propre solution de signature avec la blockchain qui permet de simplifier tout en authentifiant les signatures de documents. Elle ambitionne de couvrir les principaux pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale (soit une quintaine de pays) au cours des cinq prochaines années.
Suite à ces transactions, le programme d’accélération de technologies d’I&P comprend désormais cinq sociétés en portefeuille. Il avait en effet investi en amont dans Teliman (le tout premier service de taxi-moto à la demande à Bamako au Mali) et dans deux pépites malgaches, à savoir SmartPredict (une plateforme Saas utilisant l’intelligence artificielle pour l’analyse prédictive, afin d’aider les entreprises dans le déploiement de leurs projets) et Jiro-Ve (une société pionnière de l'électrification rurale).

 

Services aux entreprises & services financiers : Capitalmind / Investec (France / Afrique du Sud / International)

© Capitalmind

© Capitalmind

Un nouveau pas décisif vient d’être franchi par le conseil M&A tricolore Capitalmind, créé en 1999 et spécialisé dans le lower mid cap, dans son rapprochement avec la banque cotée anglo sud-africaine Investec, avec la participation minoritaire significative de 30 % réalisée par cette dernière dans son capital. Amorcé dès 2018, ce rapprochement avait d’abord pris la forme d’une alliance stratégique mais non capitalistique, destinée à faciliter le développement de Capitalmind en Asie et au Royaume-Uni. Le conseil en fusions-acquisitions, dont les deals cross-border représentent 60 % des opérations qu’il conseille (hors private equity), s’est ensuite lancé à la conquête du terrain de jeu américain : en novembre dernier, il a en effet scellé un partenariat stratégique avec son homologue BlackArch Partners (branche M&A de l’institution bancaire américaine Regions), aux côtés d’Investec (relire bulletin #110 et article Capitalmind tisse sa toile aux US sur CFNEWS). C’est désormais un nouvel ensemble fort d’une présence en Europe (Allemagne, Benelux, France, Royaume-Uni, Irlande, Scandinavie, Suisse), en Amérique du Nord, en Asie (en particulier en Chine et en Inde) et en Afrique du Sud qui accompagnera ses clients et leurs projets mid-market partout dans le monde. Capitalmind et Investec opèrent conjointement dans des secteurs diversifiés comme l’aéronautique, la construction, les services professionnels, le retail et la distribution, l’agro-alimentaire, la défense, l’énergie, la santé, l’industrie, l’immobilier, les transports et la logistique, la tech et les télécommunications. Pour Capitalmind, la transaction vise avant tout à tirer profit des implantations d'Investec à Londres (où est cotée la société, qui réalise 1,8 Md``€ (1,6 Md``£) de chiffre d'affaires avec 8 700 salariés), en Asie (en particulier en Inde et en Chine) et aux États-Unis, tout en renforçant son organisation sectorielle. « Ce n’est donc pas une opération avec un tropisme africain et nous n‘avons pas d’ambition de développement en Afrique nous concernant », conclut ainsi Michel Degryck, Managing Partner du conseil M&A (pour plus de détails lire l'article Capitalmind renforce ses liens à l'international sur CFNEWS).

 

Hôtellerie : Safari Hotels et Conference Center / Kasada Capital Management (Namibie / Afrique du Sud)

Safari Hotels & Conference Center, à Windhoek (Namibie). - © Kasada Capital Management

Safari Hotels & Conference Center, à Windhoek (Namibie). - © Kasada Capital Management

Le sud-africain Kasada Hospitality Fund, géré par Kasada Capital Management - la plateforme d’investissement dédiée à l’hôtellerie subsaharienne soutenue par le qatari Katara Hospitality et Accor - vient de s’emparer (pour un montant resté confidentiel) du Safari Hotels & Conference Center, le plus grand complexe hôtelier de Namibie avec 414 chambres. Il s’agit de sa deuxième transaction majeure, après son acquisition en janvier dernier des murs de huit établissements hôteliers parmi les plus importants du continent africain (relire article Kasada acquiert son premier portefeuille auprès d’AccorInvest sur CFNEWS IMMO). L’actif, basé à Windhoek, comprend le Safari Court Hotel de 215 chambres (qui sera converti en Mövenpick), le Safari Hotel de 199 chambres (qui deviendra un ibis Styles) et le Centre de Conférences Safari, le principal lieu de réunions, conférences et d’expositions de Namibie (avec notamment une salle de réception de 1 600 m2 pouvant accueillir jusqu’à 2 400 délégués). Pour mener à bien la rénovation et le développement de ce complexe hôtelier, Kasada investira environ 6 M€ (100 N$). Malgré le contexte de crise sanitaire qui a fortement ébranlé le secteur hôtelier, le fonds sud-africain poursuit ainsi ses opérations de fusions-acquisitions dans la région, renforçant par la même occasion sa position en tant que plateforme hôtelière de premier plan en Afrique subsaharienne. Son associé gérant et directeur général, Olivier Granet, ex « Monsieur Afrique et Moyen-Orient » d’Accor, affirme son optimisme quant aux perspectives de reprise du secteur post-Covid : « Nous nous réjouissons d’apporter notre savoir-faire international en matière d’hôtellerie au plus grand complexe hôtelier de Namibie, amorçant un nouveau chapitre de sa riche histoire avec la mise en place des meilleures pratiques en matière de développement durable et standards internationaux, et la création de 150 emplois. »

 

Nouvel acteur de financement & Énergies : Energies Africa /  Solutions To Net / Dizzitup (Afrique / France)

© Dizzitup

© Dizzitup

À l’initiative de la société bordelaise Solutions To Net - spécialiste depuis 2001 du paiement sécurisé sur internet sur le continent africain - et de la fintech parisienne DizzitUp - fournisseur de services électriques et digitaux ciblant les pays émergents - la première plateforme de financement participatif 100 % dédiée au développement de projets structurants éco-responsables à fort impact en Afrique vient de voir le jour. Baptisée Energies Africa, celle-ci cible les entrepreneurs et porteurs de solutions de développement durables, désireux de concrétiser leurs projets sur le continent. Première entreprise proposée au financement sur la plateforme: DizzitUp, qui cherche à financer l’achat de son dispositif Dizzibox, lequel permet d'alimenter un foyer africain en électricité solaire fiable et abordable, grâce à une batterie disposant d’une autonomie permanente, en sécurisant ainsi les divers usages matériels du quotidien (de l'éclairage à Internet, en passant par la téléphonie ou l’électroménager). Fondée en 2018 par Kezar Fidaly, Laurence Tetrel, Cédric Nicolas, Jean-Michel Billaut et Solofo Rafenombolatiana, la jeune pousse espère équiper deux millions de foyers africains d’ici cinq ans. « L’autonomisation est le véritable facteur-clé du développement du continent africain. N’attendons pas que l’on nous apporte des solutions, créons- les ! C’est l’idée de DizzitUp, développer notre propre énergie et en favoriser l’accès aux populations locales tout en garantissant un circuit durable et eco-responsable. À travers Energies Africa, et grâce à l’expertise technique de Solutions to Net, nous étendons l’autonomisation au sujet vital du financement. », a déclaré Solofo Rafenombolatiana, co-fondateur d’Energies Africa et de DizzitUp.

 

Fonds : Ascent / Ascent Rift Valley Fund II / CDC Group / FMO / Norfund / BIO / SFI / Proparco (Afrique de l’Est / Kenya / Maurice / Royaume-Uni / Pays-Bas / Norvège / Belgique / États-Unis / France)

© Ascent

© Ascent

La firme de private equity kényane Ascent a réalisé le premier closing à 82 M€ environ (plus de 100 M$) de son deuxième véhicule, Ascent Rift Valley Fund II (ARVF II), destiné à soutenir des PME à fort potentiel en Afrique de l’Est. De nombreux bailleurs internationaux ont contribué à réunir cette somme, parmi lesquels plusieurs banques de développement (CDC Group, FMO, Norfund, BIO) et institutions internationales (SFI, Proparco). Sont également intervenus des investisseurs d'impact et de grands fonds de pension kényans. Le véhicule domicilié à Maurice prendra des participations soit minoritaires soit majoritaires, via des tickets compris entre 3 M€ (4 M$) et 12 M€ (15 M$), dans des sociétés actives dans les secteurs des services financiers, de la fabrication, du commerce, de l'éducation, de la santé et de l'agro-industrie. L’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie constitueront les pays cibles privilégiés. Visant une taille finale de 98 M€ (120 M$) d’ici décembre, ARVF II, qui a réalisé il y a quelques mois son premier engagement dans les services financiers, a pour ambition de transformer les PME bénéficiaires en leaders de la sous-région. Son prédécesseur -dans la continuité duquel il s’inscrit - avait bouclé son premier closing à 65 M€ (80 M$) en 2014 et investit dans neuf sociétés d’Afrique orientale, principalement en Éthiopie, en Ouganda et au Kenya.

 

Événements :

  • 26 mai : webinaire « Communicating Africa's True Potential », organisé par Africa Communications Week. Il débattra notamment sur les meilleures façons de communiquer au sujet du potentiel de l'Afrique, tant au sein du continent qu'à l'international, dans l'optique de promouvoir le commerce et l'investissement.
  • Abidjan (Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire), 7 juin : Cyber Africa Forum, organisé en partenariat avec le Forum International de la Cybersécurité, sous le haut patronage du Ministre ivoirien de l'Économie Numérique, des Télécommunications et de l'Innovation. Référence en matière de cybersécurité en Afrique subsaharienne, cet événement a pour objectif de réunir au sein d'un même lieu les autorités, les communautés d'affaires et les spécialistes de la cybersécurité afin qu'ils puissent échanger points de vue et expériences, et jouer le rôle de facilitateurs au profit des décideurs du continent.
  • 10 juin (11h-12h15) : webinaire de la Team France Export qui passera en revue les opportunités d'affaires dans le domaine de la transition énergétique en Afrique Centrale et de l'Ouest (Cameroun, Sénégal, Côte d'Ivoire et Nigeria). Seront notamment abordés les projets de centrales thermiques, les énergies renouvelables, les solutions smart grids et les technologies off-grid.

 

Et aussi...

  • Accompagné par le conseil financier ivoirien Matha Capital et le cabinet d'avocats camerounais Chazai & Partners, le Cameroun a réalisé le refinancement de son eurobond de 613 M€ (750 M$) émis en novembre 2015. Citigroup, JP Morgan et la Société Générale sont intervenus en qualité d'arrangeurs, tandis que Rothschild & Co et le cabinet White & Case ont respectivement été désignés comme conseil financier et conseil juridique à l'international.
  • La Banque Africaine de Développement (BAD) a scellé un partenariat avec la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) pour stimuler le financement du secteur privé sur le continent africain, en catalysant de nouvelles sources de financement susceptibles d'aider à combler le déficit de financement de ce dernier.
  • L'agence de développement américaine DFC et sa consœur néerlandaise FMO viennent de lancer une facilité de financement de 61 M€ (75 M$) nommée DFC-Massif Covid-19 Response Co-Financing Facility, qui vise à fournir des liquidités aux intermédiaires financiers pour soutenir les TPE / PME impactées par la crise, au sein des pays émergents.
  • Le groupe lyonnais Vatel, spécialisé dans l'enseignement hôtelier, a récemment intégré la première promotion de l'Accélérateur Afrique de Bpifrance, dans l'optique d'ouvrir de nouvelles écoles en Afrique, continent prioritairement ciblé pour son développement à l'international.
  • UGolf, numéro un des golfs en France, prend pied au Rwanda, avec l'ouverture ce mois-ci du Kigali Golf Resorts and Villas, son premier golf en Afrique.
  • La start-up camerounaise Maviance, détentrice de la plateforme de paiements numériques Smobilpay, lève 2,4 M€ (1,6 MdXAF) auprès de MFS Africa, fintech panafricaine exploitant le plus grand hub de paiements numériques du continent, afin de financer son expansion dans d'autres pays de la CEMAC.

 

Bonne fin de semaine et à mardi prochain !

 

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