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Afrique #48 : KawiSafi, Avaada, Lamalif Afrique, palmarès MyAfricanStartUp...


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Solutions solaires de d.light - © d.light

Solutions solaires de d.light - © d.light

Bulletin Hebdo Afrique

Fonds - EnR : KawiSafi Ventures / ONU / Skoll Foundation (Kenya / Afrique de l’Est / États-Unis)

Le VC kényan KawiSafi Ventures, qui finance les entreprises spécialisées sur l’off-grid solaire, lève 62,2 M€ (70 M$) pour des projets en Afrique de l’Est afin de soutenir des sociétés fournissant de l’énergie renouvelable à bas prix aux pays les plus pauvres de la région. La mobilisation financière a été réalisée par l’intermédiaire d’Acumen Capital Partners, une organisation américaine qui investit dans les entreprises durables et socialement responsables. Le Fonds vert pour le climat (FVC) de l’Organisation des Nations unies (ONU), la fondation privée californienne Skoll Foundation, et deux hommes d’affaires américains - Steve Jurvetson et Chris Anderson - ont participé à l’opération. Grâce aux ressources mobilisées, la cible espère permettre à environ dix millions de personnes d’avoir accès à l’électricité grâce au solaire, tout en évitant l’émission d’un million de tonnes de CO2 dans l’environnement au cours des dix prochaines années. Fondé en 2016 par Jacqueline Novogratz, KawiSafi Ventures a déjà investi 18,9 M€ (21 M$) pour fournir de l’électricité à 4,3 millions de personnes. Parmi ses cinq investissements - d’un montant compris entre 667 K€ (750 K$) et 9 M€ (10 M$) -, figurent les solutions off-grid du kényan D.light, les kits solaires du britannique Bboxx et Redavia Solar, une filiale de l’entreprise allemande Redavia, qui fournit des mini-grids conteneurisés aux entreprises, aux commerces et aux communautés vivant en zones rurales.

Fonds - EnR : Avaada Energy (Afrique / Inde)

Installation de panneaux solaires au Rwanda - Walt Ratterman/USAID

Installation de panneaux solaires au Rwanda - Walt Ratterman/USAID

Avaada Energy, la filiale énergie renouvelable du groupe indien Avaada, vient de réunir près de 129 M€ (145 M$) auprès de la Banque asiatique de développement, de la Société allemande d’investissement et de développement (DEG), de la filiale de Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW)basée à Cologne en Allemagne et de la Banque de développement néerlandaise (FMO). Ces fonds seront utilisés afin de développer plusieurs projets qui contribueront à produire une puissance cumulée de 2,4 GW, soit 50 % des ambitions africaines et asiatiques portées par Avaada Energy. En Afrique, où la compagnie est à la conquête du marché du solaire, elle a signé en avril dernier un mémorandum d’entente pour la construction de huit centrales solaires d’une capacité totale de 225 MW en Guinée, qui devraient être construites et exploitées dans le cadre des partenariats publics privés. Plusieurs sites ont été retenus pour ce projet d’implantation : Boke (15 MW), Labe (60 MW), Mamou (10 MW), Dabola (10 MW), Pita (10 MW), Sougueta (85 MW), Kankan (20 MW), Siguiri (10 MW) et Mandiana (5 MW).

Nouvel acteur - Urbanisme : Lamalif Afrique (Maroc / Congo)

Alliance entre le groupe marocain Lamalif et le rappeur français Maître Gims - lamaliff/linkedin.com

Alliance entre le groupe marocain Lamalif et le rappeur français Maître Gims - lamaliff/linkedin.com

Une nouvelle société vient de voir le jour à Marrakech dans le secteur de l’urbanisme : Lamalif Afrique, fruit d’un accord entre le groupe marocain Lamalif, propriété de l’homme d’affaires Moulay Lakbir Alaoui Ismaili, et le congolais Maître Gims, star du rap français, qui a décidé de s’investir dans le développement du continent. L’entreprise portera des projets urbanistiques dans plusieurs pays du continent, et souhaite favoriser les projets innovants grâce à l’échange de compétences et de savoir-faire dans le secteur de l’urbanisme qu’elle devrait susciter. Les fondateurs ambitionnent de renforcer les relations bilatérales en termes d’investissements entre le Maroc et des pays amis, notamment la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Tchad, avec lesquels Lamalif a déjà conclu des partenariats. Fort de plus de vingt ans d’expérience dans le secteur et de 24,2 M€ (261 MMAD) de chiffre d’affaires en 2017, le groupe marocain compte lancer des produits urbanistiques adaptés aux pays africains, en se basant d’abord sur le paysage urbain dominant des villes, leur culture et leur l’environnement ainsi que sur leur climat. Aucune information chiffrée n’a été communiquée à ce jour. L’annonce de ce partenariat intervient quelques semaines à peine après le changement d’identité de l’entreprise qui a résulté en un changement de nom : Lamalif Diffusion, spécialiste de l’aménagement urbain, éclairage public, gestion déléguée de l’éclairage public, souhaite développer de nouveaux pôles d’activités - l’immobilier, le design, l’énergie ainsi que l’événementiel - et s’est donc rebaptisé Lamalif Group. En attendant de se déployer sur le continent, le groupe entend accentuer sa position sur le marché national, en particulier avec l’ouverture d’un véritable laboratoire de l’innovation, « un show-room qui abritera des créations exclusives autant que révolutionnaires, pensées par des designers marocains et étrangers ».

E-commerce : Jumia / Mastercard / Pernod Ricard (Nigeria / États-Unis / France)

Jumia, première entreprise technologique africaine à être cotée sur le NYSE - mastercard.com

Jumia, première entreprise technologique africaine à être cotée sur le NYSE - mastercard.com

En préalable à son IPO du 12 avril dernier sur le NYSE qui l’a valorisé 1,73 Md€ (voir bulletin #47), le site d’e-commerce Jumia avait levé 125 M€ auprès de l’américain MasterCard et du groupe de vins et spiritueux Pernod Ricard. Avec un ticket de près de 50 M€ (56 M$), le géant états-unien des cartes de crédit fait son entrée dans le capital de « l’Amazon africain », tout en signant un nouveau partenariat pour l’aider à développer ses opérations en Afrique et conquérir de nouveaux segments de clientèle. En 2016 déjà, les deux entreprises avaient lancé MasterCard Payment Gateway et son service de traitement des paiements JumiaPay. L’investissement de Pernod Ricard remonte quant à lui à décembre dernier (voir bulletin #33 et fiche opération sur CFNEWS), mais le pourcentage de la prise de participation et le montant, à savoir 5,1 % pour 75 M€, viennent seulement d’être divulgués. Cette opération scelle le renforcement de leur partenariat, initié en 2016 avec le succès du lancement conjoint de la plateforme Jumia-Party. Le groupe français coté fort d’un chiffre d’affaires de près de 9 Md€ en 2018 apportera à la société nigériane fondée par Jeremy Hodara et Sacha Poignonnecsa connaissance des consommateurs et des réseaux de distribution physiques du continent, où il est déjà implanté dans treize pays (notamment en Afrique du Sud, en Angola, au Kenya et au Maroc).

EnR : Ncondezi / GridX (Afrique / Kenya / Royaume-Uni)

Projet de GridX : vue aérienne du Singita Faru Faru Lodge, à Grumeti, parc de Serengeti, Tanzanie - gridxafrica.com/Singita

Projet de GridX : vue aérienne du Singita Faru Faru Lodge, à Grumeti, parc de Serengeti, Tanzanie - gridxafrica.com/Singita

Le groupe britannique coté Ncondezi Energy et le producteur indépendant d’électricité (PEI ou IPP) GridX Africa Development, basé à Nairobi, lancent une joint-venture spécialisée dans les mini-grids solaires dotés de batteries qui seront fournis à des commerces et des entreprises implantés sur le continent africain. Au préalable, Ncondezi a levé 2,2 M€ (1,88 M£) afin de payer une redevance de 693 K€ à GridX, une condition sine qua non de la signature d’un accord définitif de co-entreprise avec le kényan. En contrepartie, la JV aura accès aux quinze projets de mini-grids solaires consignés dans le portefeuille de GridX en Afrique. Le reste des capitaux mobilisés par Ncondezi financera la mise en place de la JV, prévue avant la fin du deuxième trimestre, ainsi qu’un premier projet de mini-grid solaire à hauteur de 977 K€. GridX vient de finaliser le financement de son premier projet dans le solaire et le stockage d’énergie, un mini-grid développé en partenariat avec l’IPP Solar Africa, qui fournit 189 kWc d’énergie solaire à Singita Faru Faru Faru Lodge, un hôtel situé sur le corridor ouest du parc national du Serengeti, au nord de la Tanzanie.

Étude : « Palmarès des 100 start-up africaines où investir en 2019 »

Palmarès des cent start-up africaines où investir en 2019 : répartition par pays - MyAfricanStartUp

Palmarès des cent start-up africaines où investir en 2019 : répartition par pays - MyAfricanStartUp

Le troisième palmarès annuel des cent start-up africaines où investir cette année, élaboré par Christian Kamayou, le fondateur de MyAfricanStartUp - une initiative africaine d’appui au secteur privé visant à soutenir la création et le développement de start-up - en partenariat avec HEC Junior Conseil, vient de paraître. Lancé en 2017, il répertorie cent start-up du continent à fort potentiel pour leur donner plus de visibilité auprès des investisseurs internationaux. Le jury était composé de quinze personnes issues de l’équipe MyAfricanStartUp, du Groupe HEC Paris et de l’association HEC Junior Conseil. Pendant huit mois, il a dû évaluer 928 jeunes pousses selon des critères basés sur la connaissance du marché et l’offre proposée, la pérennité du business model ainsi que la capacité de l’entreprise à pouvoir apporter des solutions à une problématique identifiée. Dix pays francophones, neuf pays anglophones, trois pays arabophones et un pays lusophone sont représentés dans ce palmarès 2019. Les start-up retenues se déploient dans les secteurs les plus innovants tels que la fintech, les services et commerce, les télécoms, les biotech, l’edtech, le tourisme, le développement durable et l’agribusiness. Parmi ces pépites africaines, classées par ordre alphabétique dans le palmarès, figurent le kényan Africa’s Talking, fournisseur de solutions mobiles intégrant des fonctionnalités de SMS bidirectionnel, voix et USSD, le sud-africain Yoco, fournisseur de paiement en point de vente pour petites entreprises - qui ont tous deux bénéficié d’un investissement d’Orange Digital Ventures l’an dernier - ou encore le franco-tunisien Expensya, qui développe et commercialise une solution web et mobile de gestion des notes de frais (voir article Expensya envoie sa note à deux fonds sur CFNEWS).

Événements :

  • Londres (Hilton on Park Lane - Wellington Ballroom), 17 mai (14-19h30) : séminaire de Lex Africa consacré aux perspectives des affaires sur le continent pour 2019-2010, avec notamment des discussions au sujet de l'évolution et des développements du droit africain de la concurrence, de la cybercriminalité, du blockchain et de l'intelligence artificielle, ou encore de l'insolvabilité et de la restructuration des entreprises.
  • Lomé, 13-14 juin : premier Forum économique Togo - Union Européenne, manifestation dédiée aux investisseurs togolais et européens, qui aura pour thème « Bâtir une relation durable et pérenne ». L’appel à candidatures a été lancé le 1er avril par le gouvernement togolais. Cent projets seront retenus et présentés lors du forum.

Et aussi...

  • L’Agence Française de Développement (AFD) engage 50 M€ au profit du Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM), contrôlé à hauteur de 75,17 % par l’État marocain, dans l’optique de financer des projets orientés dans les secteurs agricoles et agroalimentaires et d’accompagner les porteurs de projets vers des solutions de production plus durables et moins coûteuses.
  • Le groupe bancaire panafricain Oragroup, soutenu par la société d’investissement française Emerging Capital Partners, a fait son entrée le 16 avril à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) à Lomé, réalisant la plus importante IPO depuis la création de la BRVM en 1998. 20 % de son capital est désormais coté en Bourse.
  • Au Gabon, le contrat d’affermage de l’eau en milieu urbain et péri-urbain, a été provisoirement attribué à Suez, qui succède ainsi à son confrère Veolia.
  • La Direction générale du Trésor français a lancé, le 14 mars dernier, un appel à projets pour des « Solutions innovantes pour la ville durable en Afrique », et mis à disposition une enveloppe de 5 M€ issue du Fonds d’études et d’aide au secteur privé (FASEP), dans la perspective du sommet Afrique-France 2020. Une dizaine de projets, portés principalement par des PME et start-up françaises au bénéfice d’acteurs publics africains, seront sélectionnés d'ici octobre prochain.
  • Group Vivendi Africa (GVA), opérateur télécom spécialisé dans la fourniture d’accès internet Très Haut Débit en Afrique (Canalbox) en République du Congo, sa troisième opération commerciale sur le continent après le Gabon en 2017 et le Togo en 2018.
  • La marque tricolore « Le coq sportif » décroche le contrat d’équipementier de l’équipe nationale de football du Cameroun, les Lions indomptables, suite au non-renouvellement, l’année dernière, du contrat liant l’équipe fanion de football à Puma depuis 1998.
  • Présent au Maroc depuis 2017, SAS, géant américain de la Big Data et de l’IA, va investir 889 M€ (1 Md$) dans le monde, dont une part notable en Afrique, qu'il considère comme un marché d'avenir et où son chiffre d’affaires progresse à hauteur de 10 % par an. Cet investissement sur le continent, qui s'étalera sur trois ans, sera axé majoritairement sur la formation des ressources humaines et à l'accès des opérateurs locaux aux dernières technologies liées à l'intelligence artificielle.
  • En Égypte, trois entreprises locales, la branche de services financiers du groupe EFG Hermes, le fournisseur de services financiers BG Capital et la firme Talaat Moustafa Group (TMG) créent une société spécialisée dans le fourniture de solutions de financement hypothécaire. La nouvelle JV sera dotée d’un capital initial de 7,6 M€ qui pourra atteindre 12,9 M€ au cours des prochaines années.
  • L’expert sud-africain du bitcoin Centbee lève 1,2 M€ (1,3 M$) lors d’un tour de table de série A mené par l'entrepreneur Calvin Ayre, fondateur de la société d'investissement Ayre Ventures, basée à Antigua.

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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