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Asie : Clear Media, Antalis, UMG, ALD, World Triathlon...


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© Clear Channel

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Communication & Publicité : Clear Media / JC Decaux, Anfin, JIC Capital (Chine / France, Chine)

JCDecaux, géant coté de la publicité sur mobilier urbain aux 3,89 Md€ de revenus, intègre à hauteur de 23 % un consortium d'investisseurs chinois pour lancer une OPA sur le chinois Clear Media, coté à Hong Kong (lire aussi l’article CFNEWS : JC Decaux s'affiche en Chine). Conseillé par Goldman Sachs, le groupe tricolore participe en effet à cette public to private transaction, valorisant la cible 3 857 HK$ soit environ 455 M€. Conseillé par les banques présentatrices chinoises CICC et CLSA, le consortium, baptisé Ever Harmonic Global, est composé de Zijing Han, P-dg de la structure à 40 %, Ant Financial, filiale fintech d'Alibaba, qui avait été valorisé 150 Md$ (soit la licorne la mieux valorisée du monde) à 30 %, JCDecaux à 23 % et China Wealth Growth Fund III, un véhicule géré par JT China Wealth Management Limited (filiale de JIC Capital Management) à 7 %. Son offre ferme, soit 7,12 HK$ par titre, représente une prime d’environ 39,61 % par rapport au cours de la veille. D'ores et déjà, Clear Channel, a annoncé son intention d'apporter ses titres - 50,9 % du capital - dans le cadre de l'opération. Le consortium a, notamment, conditionné l'offre à l'obtention de 50,1 % des droits de vote de la cible. Clear Media est le plus grand opérateur d’abribus publicitaires en Chine continentale, exploitant un total de plus de 57 000 faces publicitaires dans 25 villes pour un chiffre d’affaires 1,446 milliards de yuans (185,5 M€) en baisse de 20 % pour un résultat net négatif d'environ 10,8 M€.

Industries : Antalis / Kokusai Pulp & Paper (KPP) / Sequana, Bpifrance (France / Japon / France)

© Antalis

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Dans le cadre de la liquidation judiciaire de Sequana prononcée 15 mai dernier, Antalis, filiale cotée de Sequana, a trouvé un repreneur, le groupe japonais Kokusai Pulp & Paper (KPP), coté à Tokyo. Fort d’un chiffre d’affaires d’environ 3,3 Md€, ce dernier a conclu l’accord pour acheter les titres détenus par Sequana et Bpifrance. Il déboursera pour un prix de 0,10€ par action pour 53 395 148 actions ordinaires d'Antalis, représentant environ 75,2 % du capital et 82,5 % des droits de vote, soit pour un montant total de 5,34 M€. Sous réserve du transfert effectif des actions détenues par Sequana, il payera à Bpifrance 0,40€ par action pour 6 064 946 actions ordinaires (environ 8,5% du capital et des droits de vote) d'Antalis, soit pour 2,43 M€. Le groupe japonais s’engagera également à une OPA visant l’intégralité des actions restants pour un prix par action de 0,73€. Basée à Paris, la cible compte 4700 collaborateurs est présent dans 39 pays pour un chiffre d’affaires de 2,07 Md€ en 2019 (lire aussi l'article: Antalis emballe un industriel japonais).

Parallèlement aux accords engageants, un accord de restructuration financière a également été signé entre KPP, Antalis et les créanciers d'Antalis, prévoyant un refinancement de 100 M€ auprès de la banque japonaise Mizuho, ainsi que l'abandon du montant de créance restante. À titre de référence, le montant du crédit syndiqué au 31 décembre 2019 était de 287,1 M€. Les prêteurs étaient composés des fonds Kartesia, CVC, Cheyne et Whitebox, ainsi que les groupes bancaires comme BNP Paribas, Natixis et HSBC. Cet abandon de créance est subordonné notamment à la réalisation de l'acquisition par KPP des actions détenues par Sequana et Bpifrance dans Antalis.

Média : UMG / Vivendi / Tencent (États-Unis / France / Chine)

© Universal Music Group (UMG)

© Universal Music Group (UMG)

Après l’accord conclu le 31 décembre dernier, Vivendi, conseillé par Hottinguer Corporate Finance et BNP Paribas CF, a finalisé la cession avec le consortium chinois emmené par Tencent, coté à Hong Kong, de 10 % du capital d'Universal Music Group (UMG) (lire la fiche d'opération dans le Référentiel de CFNEWS). Et ce, sur une valeur d'entreprise de 30 Md€ pour 100 % d'UMG. Le consortium inclut par ailleurs la filiale du service de musique en ligne Tencent Music Entertainment, qui s’était introduit à la plateforme boursière de New York en décembre 2018 (lire aussi notre chronique précédente ). Le consortium dispose d’une option d’acquérir, sur la même base de prix, jusqu’à 10 % supplémentaire jusqu’au 15 janvier prochain. En parallèle, Tencent Music Entertainment a acquis une participation minoritaire au capital de la filiale chinoises d’UMG. Le label de musique américain UMG, numéro un du secteur devant Sony Music et Warner Music, produit des albums pour Lady Gaga, Taylor Swift etc, et dispose également un grand catalogue d’enregistrements et de chansons, incluant notamment the Beatles. Vivendi poursuit l’éventuelle cession de participations minoritaires supplémentaires dans UMG (lire aussi notre chronique précédente).

Automobile : Renault / Mitsubishi (France)

Le scénario d’une entrée du conglomérat japonais Mitsubishi Corp au capital de Renault, qui mène aujourd’hui l'alliance commerciale Renault-Nissan-Mitsubishi, serait sur la table. D’après les Echos, le japonais pourrait prendre 10 % du capital du constructeur tricolore. Le conglomérat japonais est le deuxième actionnaire (avec 20 % du capital) de Mitsubishi Motors, l’un des membres de l’Alliance. L’opération permettrait de resserrer les liens capitalistiques entre ses membres. Au cours actuel, l’opération se monterait à environ 550 M€, Mitsubishi Corp profiterait ainsi de la sous-évaluation actuelle du constructeur. Pour mémoire, les trois constructeurs français et japonais sont liés via détention-croisée. Mitsubishi Motors n'est lié qu'indirectement à Renault, par le biais de Nissan, qui possède 34,03 % de son capital, alors que le français Renault détient 43,4 % du capital de Nissan, ce dernier possède environ 15 % du capital du français, à quasiment égalité aux cotés de l’État français, à noter que Nissan ne détient aucun droit de vote en AG du constructeur au losange. Si l’opération aboutit, les deux japonais Nissan et Mitsubishi Corp contrôleraient conjointement le quart du capital de Renault.

Automobile : ALD / Mitsubishi UFJ Financial Group (France / Japon)

Après le retrait du marché chinois en cédant sa participation dans la JV locale (lire aussi notre chronique précédente), ALD, loueur longue durée de véhicule coté et filiale de Société Générale, ne perd pas de vue le marché asiatique. Fort d’un chiffre d’affaires de 9,79 Md€, le groupe coté crée une de joint-venture avec Mitsubishi UFJ Lease & Finance, filiale du groupe financier nippon Mitsubishi UFJ, en Malaisie. La nouvelle JV aura pour activité la location opérationnelle et la gestion de flotte multimarques à service complet avec des produits de mobilité connexes pour les entreprises malaisiennes. Aujourd'hui, ALD Automotive est présent dans 43 pays avec une flotte mondiale de 1,76 millions de véhicules. La filiale de la Société Générale ne demeure présente en Asie qu’en Inde dont la flotte en gestion s’élève à 14 000 véhicules.

Divertissement : World Triathlon Corporation / Wanda (États-Unis / Chine)

Le conglomérat immobilier privé chinois Wanda cédera les triathlons Ironman en pleine crise de trésorerie. Il vendra World Triathlon Corporation (WTC), société organisatrice américaine d’événements sportifs, empochant 730 M$ au consortium local composé d’Advance Publications (propriétaire de Discovery Channel, de Condé Nast, qui détient New Yorker, Vogue, Wired, etc) et du fonds newyorkais Orkila Capital. L'accord devrait être conclu au deuxième trimestre 2020. Le produit de la vente, sous réserve de l'approbation des autorités de régulation, servira en particulier à rembourser un prêt de 230 M$. Basée en Floride, WTC organise des triathlons, des marathons et des courses cyclistes dans plus de 50 pays à travers le monde. Pour mémoire, Wanda Sports, filiale de Wanda, avait acquis WTC en 2015 pour 650 M$ auprès du fonds Providence Equity Partners (lire aussi notre chronique précédente). Wanda Sports a réalisé son IPO au Nasdaq de New York en juillet 2019, mais elle n’a levé que moins de la moitié des 500 M$, le montant qu’elle avait initialement prévu. Avec une perte nette de 34 M$ pour le T3 de l'an dernier, la société chinoise est tombée encore dans les malheurs d’annulation généralisée d'événements sportifs due à l’épidémie du covid-19. Après une série d’acquisitions à l’international, le conglomérat Wanda, propriétaire de l’opérateur de cinémas américain AMC Entertainment, s’est engagé dans un plan de cessions d’envergure, il a d’ores et déjà vendu 130 milliards de yuans (18,3 Md$) d'actifs domestiques et étrangers jusqu'en 2019.

EdTech: Yuanfudao / Hillhouse, Tencent, Boyu, IDG Capital (Chine / Chine)

© Yuanfudao

© Yuanfudao

1 Md$ de levée est confirmé pour l’EdTech chinoise Yuanfudao. Après la rumeur de la semaine dernière, la plateforme d'éducation en ligne chinoise Yuanfudao, soutenue par le géant de l’internet Tencent Holdings, coté à Hong Kong, a annoncé son nouveau tour de table d’1 Md$, sur une base de valorisation de 7,8 Md$, contre l’information du Reuters, à raison 7,5 Md$. L’enveloppe est apportée par un groupe d'investisseurs chinois mené par le fonds Hillhouse Capital, suivi par Tencent Holdings, Boyu Capital et IDG Capital. Pour mémoire, Yuanfudao avait été valorisé à 3 Md$ lors son dernier tour de table avec une levée de 120 M$ en 2018. Elle compte également l’américain Warburg Pincus, Matrix Partners China comme investisseurs historiques. Fondée en 2012, la cible propose des cours en ligne et des aides scolaires aux étudiants avec 11 centres en Chine, un rare point lumineux d'activité dans le monde des affaires. Mais le contexte a évolué car la pandémie du covid-19 a suspendu la vie scolaire de la plupart des élèves dans les quatre coins du monde. Les fermetures d'écoles obligent les étudiants en Chine à suivre des cours via Internet comme en Europe et le reste du monde. Les applications éducatives chinoises en ligne comme Yuanfudao ont vu une forte augmentation des téléchargements et de l'utilisation au milieu de l'épidémie pour atteindre 400 millions d’utilisateurs.

Corporate Finance: Carlyle (Japon)

Carlyle a collecté 2,3 Md$ (258 milliards de yens) en six mois pour son quatrième véhicule dédié au LBO au Japon, soit plus du double de la taille de son précédent. La closing de levée a été effectué avant les effets du convid-19 hit sur les marchés financiers. Pour renforcer ses activités au Japon, Carlyle a nommé Takaomi Tomioka et Hiroyuki Otsuka en tant que directeurs adjoints de l'équipe japonaise d’une vingtaine d’investisseurs. Après avoir établi son bureau de Tokyo en 2000, le fonds américain y a investi plus de 300 milliards JPY (plus de 2,7 Md$) (chiffres au 31 décembre 2019). L'an dernier, Carlyle Japan Partners III a conclu trois transactions y compris des investissements dans la cinquième plus grande brasserie de bière du Japon, Orion Breweries, le fabricant d'abrasifs enrobés Sankyo Rikagaku et le spécialiste de produits cosmétiques Tokiwa Corporation.

Pour mémoire, son premier véhicule, bouclé en 2001 à 50 milliards de yens, avait déjà réalisé la sortie complète de toutes les sociétés dans son portefeuille. Le deuxième véhicule, dont le closing a été annoncé en 2006 à 165,6 milliards de yens, n’a plus qu’une ligne dans son portefeuille (Walbro Co.). Le troisième, dont le montant de levée s’élevait à 119,5 milliards de yens, n’a réalisé qu’une sortie jusqu’ici (Aruhi Corporation).

PIB chinois

La Banque mondiale a estimé un ralentissement considérable de croissance économique en Asie-Pacifique en raison de l’épidémie du covid-19. Elle s'attend à ce que la croissance économique de la Chine ralentisse à 2,3 % en 2020 et à 0,1 % dans le pire des cas. En comparaison, 2019 était en augmentation de 6,1 % pour la Chine.La semaine dernière, la China International Capital Corp (CICC), l’une des principales banques d'investissements en Chine, a donné sa prévision du taux de croissance du PIB de la Chine en 2020 qui serait de 2,6 %. Goldman Sachs a revu pour sa part la prévision de croissance du PIB chinois, soit 3 % de croissance pour cette année contre 5,5 %, avec la prévision précédente sans l’épidémie.

Bourses chinoises

Les flux de capitaux vers les actions chinoises ont bondi à plus de 7 Md$ au cours des deux dernières semaines au mois de mars, représentant le plus important afflux en près de cinq ans. Les investisseurs mondiaux ont placé leurs espoirs dans la deuxième économie mondiale en pleine reprise après son effondrement en février dernier en raison de l’épidémie du covid-19, selon le chiffre de l’EPFR Global cité par le Reuters.

Banques chinoises

Les banques chinoises sont sous-pression en raison de la capacité de remboursement d'entreprises réduite liée au covid-19. Lundi dernier, Moody's, agence de notation financière, a changé ses perspectives à négatif sur six banques chinoises de taille petite ou moyenne : Bank of Nanjing, cotée à Shanghai, Bank of Ningbo, Bank of Suzhou, toutes les deux cotées à Shenzhen, Guangzhou Rural Commercial Bank (GRCB), cotée à Hong Kong, Shenzhen Rural Commercial Bank et Fubon Bank (China).

Et aussi

Amarenco, producteur d’électricité renouvelable, s’implante en Asie-Pacifique avec l’ouverture du siège régional à Singapour. Il se concentrera sur trois segments : commercial et industriel, propriétaires et exploitants agricoles (agrivoltaïsme) et les institutions publiques. Steve Iyer a été recruté pour diriger ce développement. Amarenco entend déployer plus d’1 Md$ de capitaux au cours des cinq prochaines années dans l’ensemble de la région.

Bonne semaine !

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