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Bulletin Hebdo Asie : Château de La Rivière, ZF Friedrichshafen, Lactalis, M&A Chine 2013 ...


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Chronique Asie, CFNEWS

Chaque semaine, CFNEWS vous propose l'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie et "cross-border" et les nominations... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?

- Les Deals -

D’après des statistiques dans les média chinois et français, jusqu’en 2013, le nombre total de châteaux bordelais achetés par des Chinois atteint environ 70 sur environ 7000 en Gironde. Dans les douze derniers mois, plus de 20 cessions à des acquéreurs Chinois ont été finalisée, contre 27 en 2012. Cette tendance pourrait encore poursuivre en 2014.

Agroalimentaire & Château : Château de La Rivière - Brilliant Group (France / Chine)

Mi-décembre dernière, après des longues négociations, le rachat du bordelais château de La Rivière a été conclu entre l’ancien propriétaire James Grégoire depuis 2003 et le groupe chinois dédié à l’hôtellerie du luxe Brilliant. Le montant de la transaction s’est élevé à 30 M€, soit un nouveau record dans les domaines viticoles bordelais. Malheureusement, au lendemain de l'annonce de la signature, la célébration de l'affaire a tourné au drame après un survol en hélicoptère qui s’est abîmé dans la Dordogne, le vendeur français James Grégoire, l’investisseur chinois Lam Kok, son fils adolescent et un traducteur étant tués. Situé près de Fronsac, la propriété, sous l’Appellation d'origine contrôlée (AOC) Fronsac, compte une superficie d’environ 90 hectares, dont 65 hectares de vigne, abritant également un grand château construit dans la 16e siècle. Le château dispose depuis 2005 de cinq chambres d'hôtes distinguées par le Guide Rouge Michelin. Selon ParisMatch, l’ancien propriétaire avait racheté pour 7,8 M€ le château en 2003, qui produit depuis là 350 000 bouteilles chaque année. Malgré le drame, le château et le nouveau propriétaire chinois - en la personne de Mme Lam Kok, présidente - restent tournés vers l’avenir. Xavier Buffo, directeur technique depuis 1997 du château, a été nommé directeur général pour assurer la continuité et pérenniser la qualité des vins. Les projets de développement oeno-touristiques du domaine, dont particulièrement la rénovation d’un hôtel de luxe, sont conservés.

Quant à l’acquéreur chinois, Brilliant a été fondé en 1995 par l’épouse de Lam Kok, Liu Xiangyun Kok. Les activités du groupe sont principalement présentes dans la province du Yunnan (Sud-Ouest de la Chine), qui est reconnue pour son tourisme et le thé pu'er (chinois : 普洱茶, pǔ'ěr chá) - un thé post-fermenté très recherché. Le groupe Brilliant exploite un centre commercial dans la capitale de la province Kunming, sous l’enseigne Brilliant Plaza et un complexe touristique Brilliant Resort and Spa Jingmai référencé dans Relais et Châteaux. Comptant 3 000 salariés, le groupe s’engage également dans le négoce du thé pu'er, dont le prix est comparable avec le plus prestigieux vin rouge.

Agroalimentaire & Château : Château Mylord (France / Chine)

Une autre transaction de château bordelais a été finalisée au début de décembre dernier. La famille Large, propriétaire du château Mylord depuis 1830, soit cinq générations, a cédé ce vignoble de 44 hectares situé à Grézillac, dans l'Entre-deux-Mers, à un investisseur chinois, Edwin Cheung. Ce dernier exerce au sein d’un groupe immobilier basé à Hong Kong, ITC Properties Group. En fait, cet investisseur pourrait être le président du groupe Cheung Hon Kit mais sans confirmation. L’opération a été conseillée par le conseil immobilier Maxwell-Storrie-Baynes. Le nouveau propriétaire chinois a mandaté le cabinet d'architectes Teisseire-Touton pour restaurer la chartreuse du 18ème siècle et ses dépendances, et des travaux sont également prévus pour moderniser l’outil de travail. Optimum Vineyard Management & Consulting, fondée l’été dernier par Stéphane Apelbaum, fort de 25 ans d’expérience, va prendre en charge de la gestion du château. La propriété va reprendre son nom d'origine, château Milord, sur son nouveau marché en Chine, en conservant le nom Mylord en Europe.

Agroalimentaire & Château : Château du Tourte (France / Chine)

Le Château du Tourte, près du château Mylord, bat également pavillon chinois. La propriété avec environ 8 hectares produit chaque année environ 50 000 bouteilles, dont le prix est de l’ordre de 8-12 euros. Le nouveau propriétaire chinois, Chen Wenda, a acquis cette propriété auprès de Hubert Arnaud, un entrepreneur dans les services informatiques, qui avait racheté le château en 1998. Fort d’une expérience d’environ 40 ans dans le vin, le nouveau propriétaire exerce aujourd’hui dans l’export-import de vin entre la France et la Chine, en nouant surtout des liens étroits avec des producteurs et négociants bordelais. Cette opération a été orchestrée par A2Z Agency, dirigé par Daniel Carmagnat.

Agroalimentaire & Château : Château Trianon (France / Chine)

Dans le domaine Saint-Émilion, le château Trianon accueille un nouvel actionnaire chinois aux côtés des trois actionnaires existants, dont deux français et un chinois. Dominique Hébrard, un actionnaire depuis 2000, indique que le nouvel investisseur du château est un homme d’affaires de la Mongolie-Intérieure (au nord de la Chine) du nom d’An (安). Ce dernier était actif dans les mines de charbon mais ses activités tournent désormais vers le divertissement, le tourisme et l’investissement artistique. Il exploite également un grand vignoble en Mongolie-Intérieure, dans lequel Dominique Hébrard fournira ses conseils techniques.

Agroalimentaire & Château : Domaine Andron (France / Chine)

Situé près de deux châteaux prestigieux Sociando Mallet et Charmail, le Domaine Andron (AOC Haut-Médoc) change également de propriétaire. La cible, avec 7 hectares de vignes, qui avait été rachetée par quatre néerlandais en 2006, est vendue à une famille chinoise du nom de Yang (杨). La transaction a été clôturée en novembre dernier. La famille Yang est engagée dans les commerces de légumes et fruits en Chine, et a élargi ses activités aux Pays-Bas l’an dernier. L’équipe de gestion du château est conservée, dont le directeur Jean-Michel Dubos, le manager Erik Wuite et l’œnologue-conseil Antoine Medeville.

Industrie : ZF Friedrichshafen AG - Zhuzhou Times New Material Technology (TMT) (Allemagne / Chine)

L’allemand ZF Friedrichshafen AG cède sa division caoutchouc et plastiques (rubber and plastics) au groupe chinois Zhuzhou Times New Material Technology Co., Ltd. (TMT), cotée à Shanghai. La cible est composée de neuf sites en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Australie, employant près de 3 300 personnes pour un chiffre d'affaires prévisionnel d’environ 700 M€ en 2013. La réalisation de cette transaction, soumise à l'approbation des autorités réglementaires compétentes, en particulier en Chine et en Europe, constitue l'un des plus importants investissements directs étrangers en Allemagne à ce jour.

La firme allemande Gleiss Lutz était le chef de file des conseils juridiques de ZF Friedrichshafen AG. Gide a conseillé ZF Friedrichshafen AG sur les aspects français dans cette opération grâce aux liens noués entre ces deux firmes dans le cadre d'un réseau européen de cabinets indépendants. L'équipe Gide était dirigée par Karl Hepp de Sevelinges, associé, et composée de Foulques de Rostolan, associé (droit social) et d'Erwan Ogier, collaborateur (M&A).

L’acquéreur chinois TMT est l’une des nombreuses filiales du groupe public China South locomotive and Rolling stock industry Corporation (CSR Corporation), coté à Shanghai. Comptant plus d’environ 90 000 salariés repartis dans onze provinces chinoises, il développe ses activités dans l'étude, la construction, la réparation, la vente et la location de matériel de chemin de fer. Fondé en 1984, TMT produit des composants et des matériaux composites pour réduire le bruit et les vibrations dans les industries ferroviaire, automobile ainsi que l’énergie éolienne. Il est particulièrement fournisseur pour le canadien Bombardier et le français Alstom.

Agroalimentaire : Lactalis - Tirumala (France / Inde)

Le laitier français Lactalis va prendre le contrôle de son homolgue indien Tirumala Milk Products pour 250 à 300 M$ (183-220 M€). Un porte-parole de Lactalis a confirmé cette opération mais sans communiquer le montant. Lactalis va acheter des parts de Tirumala aux quatre fondateurs du laitier indien, qui en détiennent 80 %, et au fonds Carlyle Group, qui a investi quelque 22 M$ dans le groupe laitier en 2011 pour 20 %.

Pour rappel, au début du mois dernier, les Échos ont évoqué que Lactalis devrait racheter 70 % du capital de Tirumala pour 220 M€ (lire notre bulletin précédent).

Infrastructure & Environnement : IVFA - UEM - Toshiba (Inde / Japon)

Selon le journal indien The Economic Times, le conglomérat nippon Toshiba souhaiterait prendre une part de 26 % dans un spécialiste de traitement d’eau indien, UEM Group, auprès d’un fonds indien, India Value Fund Advisors (IVFA). Ce dernier, gérant aujourd’hui 1,2 Md$, devrait garder UEM dans son portefeuille avec une part majoritaire de 51 %. Pour rappel, il avait déboursé 19 M$ en 2009 pour une part de grande majorité d’UEM mais confidentielle.

Télécom : SoftBank - T-mobile (Japon / USA)

L’opérateur nippon SoftBank entame des discussions finales avec Deutsche Telekom sur son rachat du quatrième opérateur mobile américain T-Mobile. Des sources relèvent qu’ils discutent maintenant du financement de l'opération avec des établissements bancaires. L’agence japonaise Nikkei a évoqué plus de 19 Md$ (13,9 Md€) que le groupe japonais devrait débourser pour cette opération. Selon d’autre sources, SoftBank pourrait réaliser la transaction par le biais d’un échange d’actions de l’opérateur américain Sprint au cours de l’année fiscale qui débutera en avril prochain. Pour rappel, l’opérateur japonais avait racheté l’année dernière 80 % de Sprint, le troisième opérateur mobile aux Etats-Unis et 51 % de l'éditeur finlandais de jeux vidéo Supercell (lire aussi notre bulletin précédent : SoftBank acquiert Supercelle et Softbank rachète 70 % de Sprint).

Energie & Batterie : SAIF - Amprius (Chine / USA)

Le fonds chinois SAIF Partners orchestre un troisième tour de table de 30 M$ pour Amprius, un fabricant de batterie lithium-ion, tous les LPs historiques assistant à ce tour de table. Basé aux État-Unis, la cible fabrique des batteries avec la silicone au lieu d’anodes de carbone. Cette nouvelle technologie, permettant d’augmenter la densité d'énergie et de faire plus de cycles de recharge, a été développée par l’université Stanford. Ce tour de table va soutenir l’expansion de l’entreprise dans l'électronique grand public, ainsi que un objectif à moyen et long terme dans le transport électrique.

La société dispose deux centres R&D en Californie et à Nanjing (la province du Jiangsu, à l’est de la Chine), ainsi que d’une unité de production en Chine. Ses LPs historiques comprennent des fonds américains Trident Capital, VantagePoint Capital Partners, KPCB, deux VC chinois, IPV Capital, Chinergy Capital, le président de Google Eric Schmidt ou encore l’université Stanford. Le premier tour de table a eu lieu en 2011 avec 25 M$ alors que le montant le deuxième tour restait confidentiel.

Energie & Utilité : State Grid Corporation of China - SP Ausnet - Spiaa (Chine / Australie)

State Grid Corporation of China (SGCC), le plus grand opérateur mondial des réseaux électriques, renforce sa présence en Australie. Les autorités australiennes donne son feu vert à deux opérations du chinois, d’une part sur l’acquisition de 19 % de l’opérateur SP Ausnet, coté en Australie et à Singapour, et d’autre part sur l’acquisition 60 % de SPIAA, dédié à l’infrastructure d’énergie. Le montant des deux transactions s’élève à 5 Md de dollars australiens. Pour rappel, l’opérateur chinois avait acquis l’an dernier 41 % d’ElectraNet, destinée à la transmission de l'électricité, auprès du gouvernement de l’État Queensland. Par ailleurs, SGCC avait annoncé un rachat en mai dernier d’une entité d’électricité en Australie détenue par le fonds souverain de Singapour Temasek, les détails de la transaction restant confidentiels, mais selon Reuters pour au moins 5 milliards de dollars australiens.

Les bourses chinoises en 2014

Après un long blocage par les autorités chinoises, les IPO chinois sont déjà sur le point de repartir au début du mois. Une trentaine de sociétés ont reçu les approbations pour les cotations. Plus récemment, le géant public du minier Shaanxi Coal Industry, basé dans la province du Shaanxi, va mettre ses 1 milliards d’actions, soit 10 % de son capital, à la bourse de Shanghai, ce qui lui permettrait de récolter environ 10 Md¥ (1,6 Md$). Jusqu’à ici, le plus important IPO a été réalisé en 2011 à la cote de Shanghai, soit une levée de 13,5 Md¥ pour Sinohydro Group, spécialisée dans la construction de barrage. À Hong Kong, le homme d’affaires plus fortuné d’Asie Li Ka-shing prépare les introductions des deux filiales en bourses, Watson, dédié à la distribution (lire aussi notre bulletin précédent) et Power Assets Holdings, le principal fournisseur de l’électricité à Hong Kong. Alibaba, géant de l’e-commerce toujours attendu sur le marché des capitaux, pourrait reprendre son projet d’IPO cette année.

Selon le journal China Securities Daily, jusqu’à la fin de l’année dernière, 755 sociétés chinoises étaient sur la liste d’attente du feu vert des autorités chinoises. Le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) estime que 260 sociétés parmi eux pourraient réussir leurs cotations cette année, soit des récoltes au total de 250 Md¥ (environ 30 Md€). Ces chiffres en 2012 étaient de 154 IPOs avec 103,4 Md¥ levés (12,4 Md€), en 2011 de 282 IPOs avec 727,5 Md¥ levés (88,3 Md€).

Néanmoins, les bourses chinoises au début de l’année ont ouvert avec une chute historique. Au cours des trois premières journées, l’indice composite à la place de Shanghai a baissé de 3,32 %, soit le niveau plus bas depuis 2002. Dans le contexte de la revendication de plus en plus forte sur la réforme financière et de la conjoncture économique vers la croissance ralentie, un ralentissement des bourses chinoises pourrait pénaliser la vague des IPO ?

- Statistiques -

M&A en Chine 2013

Selon les statistiques de Thomson Reuters, le montant total des opérations M&A annoncée en 2013 en Chine s’élève à 261,9 Md$, soit une hausse de 24,4 % par rapport à celui en 2012. Le secteur d’énergie et d’électricité se positionne en première place avec un montant 46,5 Md$.
Les transactions à l’intérieur du pays atteignent un niveau record de 162,9 Md$, dont les matières premières et les industries de base ainsi que l’immobilier sont en tête avec 16,3 % et 16 % sur la valeur totale.
La valeur des transactions cross-border se hisse à 96,4 Md$, soit le plus haut depuis 2008, dont 64 % de la valeur (61,7 Md$) est investi vers l’étranger. Les États-Unis deviennent la destination préférée des investisseurs chinois. Ils rassemblent 12,2 Md$, quasiment le double du montant en 2012. L’opérations phare aux USA par les Chinois est une méga takeover OPA sur le leader mondial de transporteur de viande Smithfield par Shuanghui pour 7,1 Md$ (lire aussi notre bulletin précédent : Shuanghui rachète Smithfield pour 7,1 Md$ ). Jusqu’à maintenant, ce scénario n’a pas l’air déjà terminé. Car le groupe chinois Shuanghui souhaiterait encore racheter le solde de 67 % de l’enseigne espagnole Campofrio, qui exploite deux marques emblématiques françaises, Cochonou etJustin Bridou (lire notre bulletin précédent).
Par ailleurs, les investisseurs étrangers sont plus généreux en Chine cette année avec 8,5 Md$ engagés, soit une croissance de 40 % par rapport à celui en 2012.

- Evènement -

Le 27 janvier 1964, les gouvernements de la République française et de la République populaire de Chine ont décidé d'établir des relations diplomatiques. La France a été le premier grand pays occidental à reconnaître officiellement la République populaire de Chine. 50 ans après la décision historique du Général de Gaulle et du Président Mao Zedong, les deux pays célèbrent l'anniversaire des relations franco-chinoises par l'organisation, tant en France qu'en Chine, d'un programme dense d'événements. Placée sous le haut patronage du Président de la République, cette série de manifestations (expositions, colloques, rencontres, spectacles, concerts, etc.) qui se tiendra tout au long de l’année 2014 en Chine et en France, permettra de mettre en relief les multiples dimensions de la relation bilatérale franco-chinoise. Pour suivre le programme, voici les deux sites officiels http://www.france-chine50.com/ et http://www.chinafrance50.org/ .

Bonne semaine, à la semaine prochaine! 下(xià) 周(zhōu) 见(jiàn) !

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