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Bulletin Hebdo Asie : Chateau la Caussade, Iris Capital, Altima THEM, Alibaba, Banco Santander ...


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Chronique Asie, CFNEWS

Chaque semaine, CFNews vous propose l'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie et "cross-border" et les nominations... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?

- Les Deals -

Automobile : Renault - Dongfeng (France / Chine)

Après un long atermoiement, l’autorité chinoise Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC) a finalement donné son feu vert à la coentreprise chinoise de Renault avec son partenaire local Dongfeng. Les deux groupes, qui avaient signé un protocole d'accord en mars 2012, vont investir 7,76 milliards de yuans (932 M€) pour obtenir chacun une moitié des parts. Basée à Wuhan (la province du Hubei, au Centre de la Chine), la nouvelle joint-venture, dotée d’une capacité de production annuelle de 150 000 véhicules, va réutiliser la licence qui avait été octroyée en 1993 à Renault et son partenaire de l’époque, China Sanjiang Space Industry. Pour rappel, en 1993, le constructeur Renault s’était implanté en Chine pour fabriquer des minibus, mais son usine à Xiaogan (la province du Hubei au Centre de la Chine) a été fermée en 2003.

Du coté du constructeur chinois Dongfeng, il collabore avec plusieurs groupes automobiles mondiaux sous la forme de co-entreprise, tels que le japonais Honda, le sud-coréen Kia, le français PSA Peugeot ainsi que la société sœur de Renault, Nissan. Selon le cabinet de conseil spécialisé dans l’industrie automobile chinoise Synergistics, Dongfeng, en s’associant avec ses partenaires internationaux, se positionne en deuxième place sur le marché chinois avec 17 % de part du marché. Le leader est en fait le constructeur shanghaïen SAIC (Shanghai Automotive Industry Corporation) avec 20 %, en partenariat avec ses alliés, l’américain GM et l’allemand Volkswagen. Par ailleurs, Dongfeng entame toujours des discussions avec un autre constructeur français PSA Peugeot pour lui injecter 3 Md€, avec l’État français, par un biais d’une augmentation de capital (lire aussi notre bulletin précédent : l'Etat français et le chinois Dongfeng investiraient chacun 1,5 Md€ dans PSA).

Internet : Yodo1 - Iris Capital / GGV Capital / SingTel Innov8 (Chine / France / USA / Singapour)

Yodo1, éditeur et plateforme dédiée aux jeux sur appareils mobiles, basé à Beijing, établit son deuxième tour de table de 11 M$ avec Iris Capital et le VC américain GGV Capital. Son LP historique, SingTel Innov8 - une branche d’amorçage de l’opérateur singapourien SingTel, et un fonds newyorkais Pavilion Capital participe également à ce tour. Pour rappel, au début de l’année, la jeune entreprise chinois a ouvert son capital à SingTel Innov8 lors d’un premier tour de 7 M$.

Cette enveloppe permettra au groupe chinois de renforcer son cœur de métier mais aussi de soutenir son expansion internationale. Fondé en 2011, Yoko1, présente aujourd’hui à San Francisco et Shanghai, compte 90 millions d’utilisateurs actifs en Chine, soit une hausse de 750 % depuis 2012. Il est également l’une des premières plateformes capables d’accompagner les développeurs occidentaux dans l’adaptation de leur jeux au marché asiatique. Malgré une croissance impressionnante, les marchés de jeux en Asie sont difficiles à pénétrer pour les développeurs occidentaux en raison de barrières linguistiques et culturelles, d’écosystèmes particuliers sur les réseaux sociaux et de modèles de monétisation différents. Yodo1 a déjà co-développé un certain nombre de jeux avec succès figurant sur l'AppStore d'Apple, Google Play, et dans les meilleurs magasins d'applications Androïde en Chine, dont Cavemania, Cut the Rope, Voyage dans le temps à partir de ZeptoLab (Russie), Poudrier de XMG studio (Canada), ski Safari de Defiant Development (Australie), et Nuages et moutons de HandyGames (Allemagne). Yodo1 a installé un studio de production à Séoul pour étendre son modèle d’édition et de co-production sur le marché sud-coréen.

Agroalimentaire : Shandong Medoc Wine - Château la Caussade (Chine / France)

Shandong Medoc Wine, une société importatrice chinoise, rachète le Château la Caussade dans le Médoc pour un montant confidentiel, confirmant encore une fois l’intérêt des chinois pour les vignobles français. La propriété se situe à Bégadan, ville connue pour son abbaye du XIe siècle. Avec onze hectares du vignoble, elle a été exploitée par la famille Billa depuis cinq générations. Basé dans la province du Shandong (Est de la Chine), l’acquéreur chinois sélectionne et importe en chine depuis des années des vins de qualité à travers le monde.

Pour cette acquisition, Simon Associés, dont Jean-Charles Simon, associé et Qiang Zhou, avocat, a conseillé l’acquéreur chinois avec la participation de notaires de la région bordelaise (Pauillac et Libourne). Pour mémoire, l’an dernier, Simon & Associés avait représenté un conglomérat chinois, Chaoyang Sidewide Mining, dans le rachat du bordelais Château Listran auprès du propriétaire depuis 1984, la famille Crété (lire aussi: Château Listran avalé par un chinois et lire aussi l’article CFNEWS : Simon Associés se lie au cabinet chinois Zhong Yin Law Firm).

Services de communication : NextiraOne - Dimension Data (Europe / Sud-Afrique / Japon)

L'intégrateur télécoms, NextiraOne, détenu par Abénex depuis 2006, a trouvé preneur pour ses activités européennes. Dimension Data, filiale du japonais NTT, rachète dans un premier temps 13 filiales en attendant la France et l'Italie (lire aussi l’article CFNEWS : NextiraOne intégré par une SSII sud-africaine).

Agroalimentaire & Laitier : Lactalis - Tirumala (France / Inde)

Selon les Échos, Lactalis, générant un chiffre d’affaires de 15,7 Md€, s'apprête à prendre le contrôle d'un important groupe laitier indien, Tirumala Milk Products, basé à Hyderabad (au centre de l’Inde). Les négociations sont en cours de finalisation et l'accord devrait être signé avant la fin du mois. Le groupe français devrait racheter 70 % du capital de son homologue indien, pesant 168 M€ de chiffre d’affaires, pour 220 M€. Les quatre actionnaires principaux du groupe, qui en détiennent 80 %, vendraient leurs 50 % au français Lactalis. Concomitamment, l’acquéreur s’emparerait également des 20 % détenu depuis 2011 par la firme internationale Carlyle. L’article du journal a également évoqué qu’un concurrent direct de Lactalis, Danone, s’est penché sur le dossier Tirumala depuis deux ans mais sans succès.

Marketing & Publicité : Altima - THEM (France / Chine)

Altima, agence marketing spécialisée dans l'e-commerce, et présente à Paris, Lille et Lyon, a opéré, le mois dernier, un rapprochement capitalistique avec l'agence de marketing digital chinoise THEM, basée à Beijing. Créée dans le nord de la France en 1997 par Arnaud Monnier, Altima a affiché en 2012 un chiffre d'affaires de 19 M€ avec un effectif de 220 personnes. Employant 35 collaborateurs répartis à Beijing, Shanghai et Moscou, le chinois THEM est experte en référencement sur les moteurs de recherche. A l'occasion de ce rapprochement, les dirigeants de Them, Hacene Taibi et Eric Morelle, basés en Chine, et Euryale Chatelard, en Russie, deviennent associés du groupe Altima, aux côtés d'Arnaud Rofidal, directeur associé d’Altima, installé à Shanghai et responsable du développement de l'agence en Asie.

Pour cette opération, Bignon Lebray a conseillé l’agence française Altima avec Alexandre Ghesquière, associé basé à Paris, Rémi de Gaulle, associé, et Caroline Lherbier, basés à Shanghai.

Logistique : Alibaba - Haier (Chine)

Le géant de l’e-commerce chinois non coté Alibaba a scellé une alliance stratégique dans la logistique avec le leader d'électroménager chinois, Haier Electronics, coté à Hong Kong. Il va effectuer une série d’investissements, au total de 2,8 milliards de dollars de Hong Kong (360 M$), dans la société cotée chinoise, dont 1,86 Md HK$ (240 M$) devrait aller dans sa filiale, Goodaymart, dédié à la logistique d’électroménager.

Alibaba déboursera 541 M HK$ (70 M$) pour obtenir 9,9 % du capital de Goodaymart, il souscrira également un montant de 1,32 Md HK$ (170 M$) d’obligations convertibles émises par Haier, équivalant à 24,1 % de Goodaymart. En outre, Alibaba va encore racheter 124,5 M$ de nouvelles actions de Haier Electronics à la cote de Hong Kong. Cette tranche de participations correspond à 2 % du capital du fabricant d’électroménager chinois. Cette annonce a eu tout de suite un effet sur le cours de Haier à Hong Kong, qui a enregistré une hausse de 13,3 %.

Couvrant 26 0000 communes chinoises, Goodaymart dispose aujourd’hui de neuf bases d’entrepôts nationales, de 90 centres de livraisons, ainsi que d’une surface de 2 millions de mètres carrés d’entreposage. Il devrait également soutenir les livraison des plateformes de l’e-commerce du groupe Alibaba comme le B2C Tmall.com et le C2C Taobao.com. Dans les onze premiers mois de cette années, Alibaba a accumulé un montant de 171 Md$ de transactions, supérieur au celui combiné d’Amazon et d’eBay (lire aussi notre bulletin précédent : Alibaba a enregistré 4,3 Md€ des transactions le 11 novembre 2013). Le groupe de l’e-commerce se plonge donc dans la logistique pour satisfaire ses clients internautes. Pour rappel, en juin dernier, il avait lancé le plus grand projet logistique chinois, Cainiao Network Technology (lire aussi notre bulletin précédent). Cainiao signifie « novice » avec une connotation ironique en chinois, alors qu'au contraire, ce projet avait rassemblé les principaux groupes privés spécialisés dans la logistique. En particulier, Jack Ma Yun, le fondateur d’Alibaba, s’est retiré depuis ce moment-là de la direction générale du groupe pour se concentrer sur les activités logistiques.

Par ailleurs, la firme américaine Carlyle est un actionnaire à 9 % depuis 2011 de Haier Electronics, coté à Hong Kong. La firme KKR avait, en octobre dernier, racheté 10 % de Qingdao Haier, coté à Shanghai, pour 552 M$. Ce dernier détient 48 % de Haier Electronics (lire aussi KKR rachète 10 % de Qingdao Haier à la cote de Shanghai).

Services Financiers : Bank of Shanghai - HSBC - Banco Santander (Chine / Angleterre / Espagne)

La banque chinoise Bank of Shanghai scelle une alliance stratégique avec son homologue espagnol Banco Santander, qui remplace donc le groupe sino-anglais HSBC. Ce dernier va céder ses 8 % dans la banque shanghaienne à l’espagnol pour 470 M€. Pour rappel, HSBC a, en 2001, payé 626 M$ pour acquérir cette part du capital. La transaction, qui nécessite encore l’approbation du régulateur bancaire chinois, devrait être finalisée au premier semestre. Si l’opération se réalise, Banco Santander, numéro un en zone euro par la capitalisation boursière, deviendra le deuxième grand actionnaire de la banque chinoise derrière un conglomérat public, Shanghai Lianhe Investment, avec 19,24 % et devant le fonds souverain chinois CIC avec 7 %. La banque espagnole apportera une équipe dédiée à la matière de risque et à l'activité de banque commerciale afin de développer des activités de banque de gros, soit les services bancaires aux grandes entreprises et institutions. En fait, la banque espagnole est déjà présente en Chine dans des activités de banque de gros, qui sont essentiellement liées au financement des importants flux commerciaux entre l’Asie et l’Amérique Latine. Pour mémoire, Santander avait racheté au printemps 20 % de la filiale de crédit à la consommation de Bank of Beijing, devenant son deuxième actionnaire. En mars dernier, il avait créé une coentreprise de crédit avec le constructeur automobile public chinois Anhui Jianghuai Automobile (JAC).

Fondé en 1995, Bank of Shanghai gère aujourd’hui une valeur totale d’environ 100 Md€ d’actifs, en comptant 294 agences, dont la grande majorité située à Shanghai (231). Il revendique un portefeuille clientèle de près de 8 millions de particuliers et de 200 000 professionnels, dont la plupart sont des PME chinoises.

HSBC reste par ailleurs l’actionnaire de référence, à 19,9 %, de la cinquième banque chinoise par sa capitalisation boursière, Bank of Communication. Selon l’agence officielle chinoise Xinhua, il va conserver sa participation dans cette banque. Pour mémoire, en décembre dernier, HSBC avait cédé au groupe thaïlandais CP Group 15,6 % dans Ping An Insurance, le deuxième assureur chinois (coté à Shanghai et Hong Kong), pour 72,7 milliards de dollars Hongkongais (9,38 Md$). Dans cette acquisition, la banque suisse UBS a accordé un bouclage du financement de 5,5 Md$(Lire aussi les bulletins précédents : HSBC cède son 15,6 % au groupe thaïlandais CP Group et UBS accorde un bouclage de financement énorme).

En 2013, les banques occidentales ont vendu successivement leurs parts dans des grandes banques chinoises, moyennant une solide plus-value mais n'ayant que peu d’avantages stratégiques selon Reuters. En décembre dernier, la banque espagnole BBVA a cédé 5,1 % de la banque China Citic Bank, pour 944 M€ à la société mère de la banque chinoise, Citic Group (lire aussi notre bulletin précédent). En septembre dernier, Bank of America a vendu sa dernière tranche de participation dans la deuxième plus grande banque chinoise, China Construction Bank (CCB) (lire aussi notre bulletin précédent : Bank of America sort de la China Construction Bank). En mai dernier, Goldman Sachs avait finalisé la cession de sa part au fonds souverain singapourien Temasek pour 1,1 Md$ (lire aussi notre bulletin précédent : Goldman Sachs réalise sa sortie complète d’ICBC et Temasek détient désormais 8,07 % de l’ICBC).

Services Financiers : China Merchants Bank (CMB) - Anbang Insurance (Chine)

Méga transaction sur les bourses chinoises : les 1,133 milliards d’actions à la cote de Shanghai du numéro six des banques chinoise, China Merchants Bank (CMB) (coté également à Hong Kong), ont été rachetées par un assureur chinois, Anbang, non coté, pour 13,7 milliards de yuans (1,63 Md€). La transaction, soit au prix unitaire de 12,07 yuans (1,44 €), représente une prime de 10,7 % par rapport au cours la veille. Les cédants ne sont pas encore divulgués. China Merchants Group, un conglomérat d’état chinois, a fondé la banque CMB, basé à Shenzhen, en 1987. Cette dernière s’est introduit en bourse à Shanghai en 2002 et à Hong Kong à 2006. Anbang Insurance, un assureur généraliste, dont les actionnaires sont composés du constructeur public Saic et du pétrolier d’état SinoPec, gère aujourd’hui 510 milliards de yuans d’actifs (60,7 Md€).

Semi-conducteur : Air Liquide - CMIC (France/Chine)

Air Liquide remporte un contrat majeur à long terme en Chine auprès de SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation) pour fournir en gaz vecteurs ultra-purs sa nouvelle usine. Cette dernière, appelée Fab B2 et implantée à Beijing, devrait être mise en service début 2014. Elle fabriquera des circuits intégrés avancés destinés aux appareils électroniques grand public et mobiles, pour le marché chinois et international. Air Liquide investira 18 M€ dans la production de l’azote d’ultra-haute pureté pour répondre aux besoins de son client chinois. L’azote est une molécule essentielle utilisée dans les procédés de production, permettant de répondre aux normes strictes de propreté de cette industrie et de s’assurer que les appareils sont utilisés en toute sécurité.

Créé en 2000, le groupe SMIC est l’une des plus grandes fonderies de semi-conducteurs en Chine et la quatrième à l’échelle mondiale. Air Liquide, son partenaire depuis 2001, fournit en gaz spéciaux pour l’électronique les grandes usines de SMIC situées à Shanghai, Beijing, Tianjin et Shenzhen. La Chine compte plus de 50 % des capacités mondiales d’assemblage pour les téléviseurs et les appareils mobiles. Elle représente également le plus grand marché mondial de l’électronique et des smartphones.

Nucléaire & Energies renouvelables : Areva (France/Chine)

C'est déjà l’anniversaire des 30 ans de la coopération franco-chinoise dans le nucléaire civil. La semaine dernière, Jean-Marc Ayrault, Premier ministre français, en visite officielle en Chine, a participé à cette célébration anniversaire. En profitant de ce déplacement du chef du gouvernement, Areva a signé une série d'accords avec ses partenaires chinois mais sans en dévoiler le montant. Un premier contrat, en consortium avec l’allemand Siemens, porte sur la fourniture de systèmes de contrôle-commande pour équiper les réacteurs 5 et 6 de la centrale chinoise de Fuqing (Sud-Est de la Chine), à China Nuclear Power Engineering, filiale de CNNC (China National Nuclear Corporation). Les travaux de construction de ces deux réacteurs devraient être respectivement démarrés en 2014 et 2015. Un deuxième contrat, signé entre le groupe français et CGN (China General Nuclear Power Corporation), concerne la coopération dans le secteur des énergies renouvelables. Areva identifiera avec CGN les opportunités commerciales dans l’éolien en mer en priorité ainsi que la biomasse, le solaire à concentration thermique et le stockage d’énergie.

Pour mémoire, l’année prochaine sera l’anniversaire de 40 ans de relations diplomatiques franco-chinoises ! La France a été sous de Gaulle le premier pays occidental qui a reconnu le République populaire de Chine.

Bonne semaine, à la semaine prochaine! 下(xià) 周(zhōu) 见(jiàn) !

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