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EXCLUSIF | ESG : le rendez-vous annuel de l'Afic et de PWC, un réservoir de bonnes idées


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Le rendez-vous annuel de l'Afic et Pwc sur l'ESG est devenu un réservoir de bonnes idées pour les praticiens et une source de motivation pour les nouveaux adeptes de la démarche.

« Aujourd'hui, il est prudent de prendre des risques ». Cette formule d'Emery Jacquillat, président de l'entreprise niortaise d'équipements pour la maison Camif-Matelsom, prononcée à la fin de la 6e conférence consacrée à l'ESG (environnement, social, gouvernance) organisée par l'Afic et Pwc, aurait pu en être la base line. L'extra-financier reste en effet une new frontier pour le private equity et c'est tout l'intérêt de cette conférence de mettre en avant les pionniers de l'approche, et leurs expériences. A n'en pas douter, le repreneur de la coopérative Camif en faillite en 2009 et accompagné par la société d'impact investing Citizen Capital depuis 2013 figure parmi eux. Cet entrepreneur a expliqué comment il avait « abandonné le pouvoir aux collaborateurs », considérant que « plus la proposition de valeur est partagée, plus elle est durable ».

Budget collaboratif

Concrètement, ce credo donne lieu à des décisions assez renversantes, comme celle de confier la préparation du budget annuel à neuf collaborateurs profanes en la matière « accompagnés par des managers et non pas encadrés », précise Emery Jacquillat. Le plus gros investissement de 2017 a ainsi été décidé par les salariés, en l'occurrence la création d'une plateforme collaborative dotée d'une palette de nouveaux services pour les clients. La stratégie marketing est d'ailleurs elle aussi confiée aux services opérationnels, de même que la relation avec les fournisseurs français - un tour de France étant organisé chaque année pour que collaborateurs et fournisseurs échangent et proposent de nouvelles idées.

La RSE vecteur de compétitivité

Cette synthèse inventive entre l'esprit d'entreprise et celui de l'économie sociale et solidaire aurait été considérée comme farfelue il y a peu mais aujourd'hui, elle suscite surtout une forte attention chez les membres de l'Afic. D'autant que d'autres sociétés et non des moindres – le groupe Danone, l'ETI bretonne Armor Lux - invitées par l'Afic et Pwc - , témoignent elles aussi des bénéfices tangibles de la RSE (responsabilité sociale et environnementale) élevée au rang de mode de management. Chez Armor Lux, elle a permis, par exemple, de requalifier le réseau de fournisseurs et de gagner ainsi des appels d'offres auprès de grands donneurs d'ordre comme La Poste, exigeants sur la qualité de la supply chain.

Danone soutient le mouvement B Corp

Danone quant à lui est devenu un membre actif du mouvement B Corp né aux Etats-Unis, qui consiste à considérer le « business as a force for good ». Le groupe a fait certifier B Corp sa marque US Happy Family ainsi que deux grandes filiales corporate. Laura Palmeiro, directrice de l'intégration du développement durable pour le groupe Danone, se fait même l'ambassadrice en France du nouveau statut « Benefit Corporation », désormais autorisé aux Etats-Unis et en Italie ; il oblige les dirigeants des entreprises sous ce statut à œuvrer dans l'intérêt de toutes les parties prenantes et pas seulement dans celui des actionnaires (le bien connu « fiduciary duty »).

L'Afic veut mieux rassembler sur l'ESG

Ces expériences encore iconoclastes seront-elles un jour banales voire mainstream ? La RSE deviendra-t-elle un facteur majeur de résilience pour les participations ? Les animateurs de la Commission ESG de l'Afic le croient et veulent y contribuer plus vivement. D'où l'appel de Candice Brenet, nouvelle présidente de cette instance, à soutenir les initiatives en cours. En particulier l'IC 2020 (la stratégie proclimat, engagée par 17 sociétés de gestion pour le moment), celle pour l'amélioration de la transparence des fonds, qui réunit 12 LPs et GPs, enfin le reporting collectif annuel sur l'ESG, une exclusivité du private equity français. Un Livre Blanc sur l'ESG dans le secteur est en outre prévu pour la fin de l'année.

Olivier Millet, Eurazeo PME

Olivier Millet, Eurazeo PME

L'activisme de cette commission ira-t-il jusqu'à promouvoir la pétition « accélératrice de transition» que soutient fortement Camif-Matelsom ? Emery Jacquillat, entrepreneur mais aussi militant, a en effet incité l'Afic à appuyer sa demande d'une TVA « responsable » à 5,5 % sur tous les produits favorables à l'environnement et à l'emploi local, entre autres critères. Une nouvelle utopie concrète sans doute, mais Olivier Millet, président de l'Afic, n'a pas dit non...

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