
©Proteor
Proteor garde la même recette. Le groupe de fabrication et distribution de prothèses et orthèses né en 1913 à Saint-Apollinaire, près de Dijon, orchestre une OBO bis sur un schéma similaire à l’opération conclue début 2021. Aujourd’hui fort de 170 M€ de chiffre d’affaires, il reste largement contrôlé par la famille fondatrice réunie derrière le P-dg Edouard Archambeaud (issu de la 4e génération). Cette opération, conseillée par Natixis Partners permet à un consortium d’investisseurs de s’emparer d'un peu plus de 20 % des titres, soit un niveau comparable au premier buy-out. Ce tour de table est mené par Eurazeo, via le fonds Nov Santé Actions Non Cotées, et Crédit Mutuel Equity. Il est complété par BNP Paribas développement, déjà présent au capital, et Bpifrance. Ces quatre investisseurs injectent entre 50 M€ et 75 M€, selon nos informations, dans un mix entre equity et quasi-equity. Leur entrée permet la sortie d’Ardian Growth, qui avait mené l’OBO primaire aux côtés de BNP Paribas Développement. Les deux gérants avaient alors injecté 24 M€ dans un équilibre d’obligations convertibles et d’actions et enregistreraient un multiple de l’ordre de trois fois la mise.
Près de 300 M€ de valorisation
Cette opération permettait notamment de financer l’acquisition outre-Atlantique des actifs de la société Freedom Innovation pour 17 M$. Affichant à l’époque 100 M€ de chiffre d’affaires pour une dizaine de millions d’euros d’Ebitda, Proteor contractait 23 M€ de dette senior dans le cadre de son OBO. Aujourd’hui, la nouvelle opération s’appuie de nouveau sur un large pool de banques nationales et régionales. Ces dernières apportent une dette senior en deux tranches d’un levier net tournant autour de trois fois l’Ebitda. Cet agrégat serait de l’ordre de 20 M€, selon nos informations, alors que la valorisation serait proche de 300 M€, a-t-on appris. L'Informé évoque un montant de 270 M€ pour un objectif initial de 300 M€ recherchés par les actionnaires. « Le processus transactionnel a été très compétitif, contextualise Asnen Cassam-Chenaï, director Healthcare chez Eurazeo. Proteor est l’un des leaders mondiaux des prothèses et orthèses avec une présence stratégique aux Etats-Unis grâce à plusieurs acquisitions. Il dispose d’un solide département R&D qui offre un pipeline de nouveaux produits pour l’avenir. Enfin, le groupe s'est fortement digitalisé, avec des logiciels CAD/CAM et l'impression 3D. »
Plus de 50 % des recettes à l'international
Employant 1 100 collaborateurs, Proteor est tant présent sur l’amont que l’aval du marché. Ainsi, il est à la tête de 100 centres d’orthoprothésistes, dont 85 en France, qui permettent d’adresser directement les personnes nécessitant des prothèses externes. Mais le groupe dijonnais dispose également de ses propres sites de production, avec cinq usines réparties entre la France, les Etats-Unis et l’Allemagne. « Proteor est aujourd’hui un acteur intégré, équilibré entre la production et les centres d’orthopédie. Les opérations de croissance externe viseront plutôt à consolider l’activité industrielle », détaille Asnen Cassam-Chenaï. Affichant plus de 50 % de ses revenus hors de France, il a déjà identifié plusieurs cibles. Il devra faire avec la concurrence des grands acteurs du secteur, comme l’allemand Ottobock. Ce dernier travaille sur son IPO avec une valorisation espérée de 6 Md€, selon plusieurs médias. Un prix à rapprocher des 1,6 Md€ de chiffre d'affaires et 325 M€ d'Ebitda qu’il affichait en 2024.