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Afrique #100 : Free, Burger King, Covid-19, SparkMeter, SolarX...


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Grâce à l'acquisition de 1 200 tours antenne-relais de téléphonie mobile de Free Sénégal, Helios Towers devient le plus grand détenteur indépendant d’infrastructures télécoms du pays de la Téranga. © Free

Grâce à l'acquisition de 1 200 tours antenne-relais de téléphonie mobile de Free Sénégal, Helios Towers devient le plus grand détenteur indépendant d’infrastructures télécoms du pays de la Téranga. © Free

Infrastructures télécoms : Free Sénégal / Helios Towers (Sénégal / Royaume-Uni / France )

L’opérateur de téléphonie Free Sénégal (ex Tigo) s’est séparé le 12 août dernier de plus de 1 200 de ses infrastructures télécoms passives, au profit du britannique coté Helios Towers, pour un montant s’élevant à 200 M€ (dont 160 M€ à la signature, le solde devant être versé ultérieurement). Le chiffre d’affaires annuel généré initialement par ces actifs est estimé à 32 M€ pour un Ebitda de 16 M€, tandis que le bénéfice net avant impôts s’élevait à 11 M€ fin 2019. Entièrement financée par les facilités de trésorerie et d’emprunt existantes d’Helios Towers, l’opération (qui devrait être finalisée d’ici le premier trimestre 2021) fera de ce dernier le plus grand détenteur indépendant d’infrastructures télécoms au Sénégal, avec plus de 1 220 sites (voir fiche opération avec les conseils sur CFNEWS IMMO & INFRA). Le spécialiste coté des tours de télécommunications en Afrique, qui a engrangé 326 M€ (387,8 M$) de revenus l’an dernier,  prévoit - au cours des cinq prochaines années - d’investir 30 M€ additionnels dans la construction de 400 tours antenne-relais supplémentaires. Fondé en 2009 et dirigé par Kash Pandya, il compte sur cet accord pour accroître son leadership sur le marché continental des infrastructures télécoms. Free Sénégal a surcroît signé avec l’acquéreur britannique un contrat de service de quinze ans pour la fourniture de services d'hébergement et d'énergie non seulement sur les sites acquis, mais également sur les sites à construire à l'avenir. Selon son directeur général Mamadou Mbengue, cette collaboration « permettra à Free Sénégal d'étendre davantage sa couverture mobile du réseau au Sénégal ». Deuxième opérateur de téléphonie mobile du pays, Tigo Sénégal avait changé de marque en octobre 2019 suite à un accord de licence avec le groupe tricolore Free (relire bulletin #63). En avril 2018, il avait été racheté par le consortium Saga Africa Holdings Limited, composé de NJJ Capital , la holding privée de Xavier Niel (fondateur de Free et de sa société mère Iliad), ainsi que du malgache Hassanein Hiridjee (dirigeant d’Axian Group ) et du sénégalais Yerim Sow (président fondateur de Teyliom).

 

Agroalimentaire & Restauration : Burger King / Grand Foods Meat Plant / ECP / Grand Parade Investment (Afrique du Sud / États-Unis)

Burger King South Africa (BKSA) est le fruit d'une JV entre le groupe coté sud-africain Grand Parade Investments, et une filiale de Restaurant Brands International Inc. - © BKSA

Burger King South Africa (BKSA) est le fruit d'une JV entre le groupe coté sud-africain Grand Parade Investments, et une filiale de Restaurant Brands International Inc. - © BKSA

Dans le contexte du coronavirus et de son impact économique, la holding d'investissement cotée sud-africaine Grand Parade Investment (GPI) a décidé, début août, de renégocier les termes de son accord pour céder la totalité de ses actions dans Burger King South Africa (BKSA) au fonds d'investissement panafricain Emerging Capital Partners (ECP). La transaction comprend également Grand Foods Meat Plant (GFMP), une usine de production de hamburgers dont Burger King est le premier client. Alors que BKSA et GFMP étaient respectivement valorisés 41 M€ (670 MZAR) et 1,6 M€ (27 MZAR) en février dernier (relire bulletin #81), leur valeur est dorénavant estimée à 28,8 M€ (570 MZAR) et 1,2 M€ (23 MZAR). Contrairement à l’offre initiale, la transaction renégociée n’est plus soumise à une garantie de bénéfices pour l’exercice financier 2020, compte tenu du risque et de l’incertitude causés par la pandémie. « La conclusion de la vente permettra à GPI de réduire l’endettement et de rembourser le capital aux actionnaires par le biais d’un dividende spécial », s’est félicité Mohsin Tabjbhai, P-dg de GPI. ECP, qui gère 3 Md€ d'actifs, détiendra post-opération 95,3 % de BKSA. Le fonds basé à Washington et Paris est déterminé à rendre les produits Burger King plus accessibles aux consommateurs sud-africains, tout en développant l’offre de produits de la marque. La chaîne de restauration rapide, forte de plus de 846 M€ (1 Md$) de chiffre d’affaires l'an dernier - grâce à 2 800 employés au sein de 90 restaurants, avait permis à GPI de dégager des bénéfices en 2019 pour la première fois depuis l’acquisition de la franchise en 2012.

 

Focus : le point sur la pandémie en Afrique

Depuis le dernier bilan, à la mi-juillet (relire bulletin #99 ), la maladie a continué de progresser sur le continent, qui recense désormais 125 3046 cas confirmés et 29 841 décès. Alors que la pandémie a fait des ravages dans d’autres régions du monde, ces chiffres, même largement sous-estimés, restent moins alarmants qu’escompté - mais les conséquences économiques, l’impact sur le plan sanitaire, sans parler d’autres effets directs et indirects de la crise, sont d'ores et déjà considérables. Dans un ensemble de publications en ligne parues en juillet, la Banque Africaine de Développement (BAD) a détaillé région par région (Afrique du Nord, de l’Ouest, Centrale et du Sud) les perspectives économiques et prodigué recommandations et suggestions à l’intention des décideurs nationaux et sous-régionaux. Face à cette situation inédite, ces derniers ne sont pas restés inactifs, et ont continué cet été à mettre en œuvre mesures sanitaires et budgétaires, aux côtés d’autres acteurs à toutes les échelles.

La solidarité internationale

En raison de sa vocation même, le Fonds Monétaire International (FMI) de la Banque mondiale est voué à jouer un rôle prépondérant dans la crise. Pour la première fois depuis plus d’un quart de siècle, l’Afrique du Sud - l’épicentre de l’épidémie sur le continent, avec plus de 620 000 personnes contaminées - a sollicité cet été une aide financière d’urgence d’un montant de 3,9 Md€ (4,3 Md$) afin de remédier aux effets négatifs de la Covid-19 sur son économie. Au cours des deux derniers mois, d’autres États du continent ont recouru à l’institution : le Tchad (57 M€, soit 68 M$, pour affronter la double crise du coronavirus et de la chute des cours du pétrole), le Gabon (décaissement supplémentaire de 140 M€, soit 92 MdXAF, faisant suite à un premier prêt de 134 M€, c’est-à-dire 88 MdXAF en avril), la Namibie (228 M€, soit 273 M$). Le Nigeria, qui devait recevoir fin août une première tranche de 1,3 Md€ (1,5 Md$) de la Banque mondiale, devra quant à lui patienter pour toucher cette somme, l’approbation de cette aide ayant été reportée au mois d’octobre, peut-être du fait de désaccord sur les réformes à adopter par Abuja.

La Société Financière Internationale (SFI ou IFC), institution membre du Groupe de la Banque mondiale, a d’ores et déjà engagé, lors de l’exercice 2020, 4,7 Md€ (5,6 Md$) en faveur du développement du secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. L’objectif visé était de soutenir la création et la croissance des entreprises ainsi que l’emploi, en particulier dans le contexte de la pandémie. La banque commerciale kényane Equity Bank a par ailleurs reçu cet été un prêt de 42 M€ (50M$) de la SFI afin de soutenir une centaine de PME nationales confrontées aux défis du coronavirus.

Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD)

Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD)

Douze pays d’Afrique australe (dont le Mozambique et le Zimbabwe) recevront une aide humanitaire de 62 M€ (74 M$) de l’Union Européenne (UE) afin d’aider les populations à faire face aux effets combinés du coronavirus et des catastrophes météorologiques extrêmes qui ont secoué la région ces dernières années. En juillet dernier, la Banque Européenne d'Investissement (BEI) a en outre accordé au Sénégal 72 M€ (86 M$) afin d’appuyer les PME du secteur privé. Quant à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), elle a débloqué un financement de 40 M€ à la succursale au Maroc du groupe espagnol CaixaBank, le Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH Bank), pour permettre à ce dernier d’augmenter sa capacité de prêt au profit des entreprises locales. 

Alors que le Sénégal et le Japon commémorent cette année le soixantième anniversaire de leurs relations diplomatiques, et le quarantième anniversaire de l’envoi de volontaires japonais au Sénégal, le premier a bénéficié fin juillet d’un don de 4 K€ (500 KJPY) destiné à la fourniture d’équipements et services médicaux et sanitaires. Pour soutenir les efforts gouvernementaux dans le cadre de la riposte contre la Covid-19, le Japon était précédemment intervenu au Gabon (relire bulletin #99 ).

Siemens Gamesa fait don de fournitures vitales aux populations maghrébines, sud-africaines, kényanes et jordaniennes. - © Siemens Gamesa

Siemens Gamesa fait don de fournitures vitales aux populations maghrébines, sud-africaines, kényanes et jordaniennes. - © Siemens Gamesa

Le soutien international provient aussi des entreprises étrangères. L’espagnol Siemens Gamesa, deuxième fabricant européen d’aérogénérateurs, a ainsi lancé plusieurs initiatives pour aider les Africains à traverser la crise. Le groupe a non seulement octroyé 350 K€ aux pays les plus gravement touchés, mais il a également fait don d’1 M€ en produits principalement alimentaires et sanitaires, dont ont bénéficié plus de 100 000 individus au Maroc, en Égypte, en Afrique du Sud, au Kenya ainsi qu’en Jordanie.

L’alliance entre acteurs nationaux, régionaux et étrangers

Africa's Digital Solutions to Tackle Covid 19 (2020) - © BEI

Africa's Digital Solutions to Tackle Covid 19 (2020) - © BEI

Après avoir analysé l’impact de la pandémie avec des décideurs politiques et des chefs d’entreprises de toute l’Afrique, la Banque Européenne d'Investissement (BEI), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la société de conseil européenne BearingPoint ont recensé une centaine de solutions numériques pratiques et éprouvées pouvant être mises en commun pour renforcer la résilience et mieux faire face aux conséquences de la crise. Leur rapport, publié fin juillet sous le nom « Africa’s digital solutions to tackle COVID-19 », donne également une estimation des investissements nécessaires pour mettre en œuvre de telles solutions à fort impact. Parmi les solutions numériques identifiées figurent par exemple une application téléphonique pour la recherche des contacts au Kenya, des drones transmettant des messages dans des zones rurales en Côte d’Ivoire et délivrant des prélèvements à des laboratoires médicaux au Ghana et au Rwanda, et une application d’auto-diagnostic disponible dans quinze pays d’Afrique.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) et la Banque Africaine de Développement (BAD) ont octroyé, le 23 juillet, 17 M€ (20 M$) aux pays membres du G5 Sahel (Burkina FasoMaliMauritanieNiger et Tchad) pour renforcer leurs capacités nationales et ainsi enrayer la propagation du coronavirus, mais aussi en atténuer les répercussions sociales et économiques, dans une région déjà malmenée par des crises multiples. 

Pour financer la lutte contre le coronavirus, le Zimbabwe a obtenu au total plus de 167 M€ (200 M$) de bailleurs de fonds internationaux et régionaux, notamment de l’UE, du Royaume-Uni, des États-Unis, de la BAD et de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique. Son niveau de dette élevé l’avait empêché de bénéficier de l’enveloppe mis à la disposition des pays en voie de développement par le FMI.

Le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (Africa Centres for Disease Control and Prevention - AfricaCDC) de l'Union Africaine a mis en place un partenariat avec APO Group, le leader panafricain (mais basé à Lausanne) de la communication et du conseil aux entreprises, pour organiser des conférences de presse en ligne une fois par mois destinées à fournir aux Africains des informations sur l'état de préparation et la réponse du continent à la pandémie. Ce partenariat complète les points presse hebdomadaires organisés tous les jeudis par Africa CDC depuis mars.

La BAD s’est engagée à hauteur de 834 K€ (1 M$) dans deux projets de recherche visant à lutter contre la Covid-10 en Angola, l’un portant sur le profil épidémiologique, clinique et en laboratoire du virus, et l’autre relatif au renforcement des capacités face à ce dernier. Menés en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), ces projets intègrent des entités de recherche de référence du Brésil, du Portugal, de la Suède et du Royaume-Uni. 

Le Maroc a conclu deux accords pour participer au développement d'un vaccin développé en Chine par le laboratoire Sinopharm CNBG (China National Biotec Group Company Limited)

En partenariat avec la fondation Mastercard (qui a engagé à cet effet plus de 2 M€) et Equity Bank Rwanda, le cabinet rwandais ESP a lancé Komeza, un programme de soutien financier et d’assistance technique au profit de 120 PME de l’industrie du tourisme au Rwanda, pour les aider à se rétablir et devenir plus résilientes face à la crise. 

Au Nigeria, le groupe japonais coté Canon, par l’intermédiaire de son partenaire KAS Print, recourt de façon innovante à des équipements et formations Canon pour aider à maintenir la distanciation sociale et l'hygiène dans les hôpitaux, écoles et autres espaces publics. L’entreprise a notamment créé des écrans faciaux protecteurs, en acrylique transparent, façonnés et découpés au laser. 

Les actions au niveau régional

Banque africaine de développement (BAD)

Banque africaine de développement (BAD)

La Banque Africaine de Développement (BAD) semble plus que jamais omniprésente en matière de lutte contre les impacts socio-économiques de la pandémie. Outre les initiatives déjà évoquées plus haut, elle a par exemple octroyé 22,9 M€ (27,4 M$) à l’Union Africaine (UA) pour accompagner les efforts menés sur le continent contre la covid-19, réaffirmant ainsi son engagement en faveur d'une réponse africaine coordonnée. La majeure partie de ce financement vise à renforcer la capacité institutionnelle du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC Afrique), pour qu’il puisse faire face aux urgences en matière de santé publique sur l’ensemble du continent. Les efforts de ce dernier commencent à porter leurs fruits: entre février et août, le nombre de pays en mesure d'effectuer des tests de dépistage est passé de deux à quarante-quatre. La BAD a de surcroît débloqué des prêts, dons et subventions au bénéfice de nombre d’États : l’Afrique du Sud (250 M€, soit 300 M$), Rwanda (81,5 M€, soit 97,7 M$), Ghana (58 M€, soit 69 M$), le Malawi (40,5 M€), Madagascar (36,9 M€), le Mozambique (36,9 M€), Djibouti (34 M€, soit 41 M$), ou encore les pays du G5 Sahel, à savoir Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad (8,5 à 91 M€ pour chacun), pour ne citer que les plus importants décaissements. 

Au sein de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) va apporter un appui budgétaire global de 84 M€ (55 MdXAF), destiné au développement des entreprises, à l’assainissement et à la santé. Elle a aussi entrepris de racheter les titres publics émis par les États de la CEMAC auprès des créanciers qui le souhaitent.,

De son côté, Afreximbank, la banque africaine d’import-export, a été sollicitée par le Soudan du Sud qui souhaite obtenir un prêt de 208 M€ (250 M$), afin de lutter contre la covid-19, mais également contribuer à la mise en œuvre du processus de paix et au lancement de projets infrastructurels.

La Société Internationale Islamique du Financement de Commerce (ITFC), membre du Groupe de la Banque Islamique de Développement (BID), a lancé un nouveau Fonds de Développement du Commerce (TDFD) doté d’un capital initial de 42 M€ (50 M$) afin de soutenir les projets de développement du commerce dans les pays membres de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et les communautés musulmanes des pays non-membres. Ce dernier a jusqu'à présent contribué (entre autres) à combattre les impacts socio-économiques de la pandémie, en particulier en termes de nourriture et de fournitures médicales essentielles. La BID a en outre versé  24 M€ (16 MdXAF) au Cameroun, l’un de ses pays membres, en vue de l’acquisition d’équipements de détection et de prise en charge des cas de Covid-19.

La Société Africaine de Réassurance (Africa Re) va décaisser 2,8 M€ (3,3 M$) pour soutenir plusieurs États et institutions privées engagées dans la lutte contre la pandémie sur le continent, via des campagnes de sensibilisation, des mesures de prévention, l’acquisition du matériel médical et d’Équipements de Protection Individuelle (EPI). Les bénéficiaires sont les villes abritant des bureaux d’Africa Re (Lagos, Johannesburg, Nairobi, Le Caire, Abidjan, Casablanca, Ebène et Addis-Abeba), les 41associations des assureurs des 41États membres du groupe, ainsi que le Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC Afrique), organisme de santé publique de l’Union Africaine.

Les réponses étatiques & locales

Le 28 juillet dernier, le Sénégal a ouvert le bal de la deuxième phase des Bons Social Covid-19. L’opération a été souscrite pour un montant total de 310 M€ (400 MXOF). Il a été suivi par d’autres États comme la RDC, la Côte d’Ivoire et le Niger

Le gouvernement ghanéen a lancé un programme de financement de 14,5 Md€ (100 MdGHS) en vue de pallier les conséquences économiques de la pandémie.

Le Zimbabwe va injecter 418 M€ (500 M$) dans la relance de son secteur touristique, dans le cadre d’une stratégie de relance et de croissance du tourisme lancée par le président.

En Côte d’Ivoire, une soixantaine de managers issus du secteur industriel, du BTP et de l’administration publique, ont participé le 20 août à une séance de co-working organisée par Blu group, et baptisée « Comment diriger une entreprise en temps de crise ». Celle-ci visait à réfléchir aux bonnes pratiques et conduites à tenir dans les entreprises dans ce contexte du coronavirus, et notamment trouver des solutions pour rembourser les prêts de l’État et continuer leur activité avec un retour sur investissement profitable. 

 

Services financiers : DPO Group / Network International / Royaume-Uni (Kenya / Émirats arabes unis / Apis Partners)

Offer Gat, Eran Feinstein et Peter Harvey, DPO Group

Offer Gat, Eran Feinstein et Peter Harvey, DPO Group

Le fournisseur de services de paiement kényan DPO Group, axé sur le continent africain, a été racheté intégralement par le géant dubaïote Network International - coté à Londres et fort de 279,4 M€ de revenus en 2019 - pour un montant de 240 M€ (288 M$). La fintech nairobienne créée en 2006 continuera à opérer sous la même marque, et ses dirigeants-fondateurs, Offer Gat, Eran Feinstein et Peter Harvey, détiendront des actions de Network International. Employant plus de 300 salariés dans dix-neuf pays africains, elle a réalisé environ 13,4 M€ (16 M$) de chiffre d’affaires en 2019. Elle travaille actuellement avec plus de 100 000 marchands, dont une cinquantaine de compagnies aériennes, d’hôtels, de restaurants et d’agences de voyage. En 2017, DPO Group avait réuni 12,5 M€ (15 M$) lors d’un tour de table mené par le londonien Apis Partners, qui sort à présent intégralement du capital. Le fournisseur kényan a par ailleurs mis la main sur cinq sociétés depuis sa création, la dernière acquisition en date étant le sud-africain PayFast l’an dernier.

 

EnR & Électricité : SparkMeter / Clean Energy Ventures / Breakthrough Energy Ventures / Goodwell Investments / Alitheia Capital / Total Energy Ventures (Pays émergents / États-Unis / Pays-Bas / Nigeria / France)

SparkMeter fournit des solutions de gestion de réseau adaptées aux marchés émergents, où 2,1 milliards de personnes vivent sans accès fiable à l'électricité. © Nigerian Rural Electrification Agency

SparkMeter fournit des solutions de gestion de réseau adaptées aux marchés émergents, où 2,1 milliards de personnes vivent sans accès fiable à l'électricité. © Nigerian Rural Electrification Agency

La société américaine SparkMeter, un fournisseur de services de gestion de réseau, d'équipements et de solutions logicielles à destination des services publics d’électricité des pays en développement, vient de recueillir près de 10 M€ (12 M$) en série A auprès de ses compatriotes Clean Energy Ventures et Breakthrough Energy Ventures, aux côtés du néerlandais Goodwell Investments et de son partenaire nigérian Alitheia Capital (via le véhicule uMunthu), ainsi que du français Total Energy Ventures et d'autres investisseurs notables (voir fiche opération sur CFNEWS). Née d’un spin-off de l’ONG EarthSpark International en 2013, la cible a développé un système de compteur intelligent à prépaiement au service de clients à faibles revenus, dans les zones rurales d'Asie, d'Afrique subsaharienne, d'Amérique latine et des Caraïbes. Basée à Washington D.C. avec des bureaux à Nairobi et Lagos, elle ambitionne d’aider ces communautés à accéder à une électricité fiable et durable, et à servir de passerelle vers une énergie propre. Actuellement présente dans plus de 25 pays, l’entreprise dirigée par Daniel Schnitzer a déjà commercialisé plus de 100 000 compteurs. Cet apport financier lui permettra de lancer sa nouvelle offre de solutions numériques, reliant les données des réseaux intelligents aux opérations commerciales des grandes entreprises de distribution d'électricité dans les marchés émergents.

 

EnR : SolarX / Energy Access Ventures / Aster Capital (Mali / Maurice / France / Afrique de l’Ouest)

À ce jour, SolarX dispose d'un portefeuille de projets de 12 MW et vient de signer son premier contrat avec Fofy Industries, une société malienne d'ameublement. © SolarX Africa

À ce jour, SolarX dispose d'un portefeuille de projets de 12 MW et vient de signer son premier contrat avec Fofy Industries, une société malienne d'ameublement. © SolarX Africa

Le fournisseur d’énergie solaire malien SolarX a bouclé en juillet dernier une levée de fonds de série A menée par Energy Access Ventures (EAV), véhicule géré par le VC parisien Aster Capital, parrainé par le groupe français Schneider Electric et alimenté par plusieurs partenaires au développement (voire fiche du véhicule et fiche de l’opération sur CFNEWS). Déterminée à conquérir d’autres marchés en Afrique de l’Ouest, notamment au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, la société basée à Port-Louis et Bamako s’appuiera sur ce financement - dont le montant n’a pas été divulgué - pour installer des systèmes solaires photovoltaïques. Lancée en 2020 par des managers du fonds malien Omnium Invest (notamment Karim Ghammache, actuel P-dg), la jeune pousse, qui cible principalement les entreprises, fournit aussi des systèmes de pompage solaires pour les adductions d’eau potable (AEP) dans les zones rurales. EAV investit massivement sur le continent dans les énergies renouvelables, et soutient en particulier les fournisseurs d’off-grids tels que le congolais Nuru (ex Kivu Green Energy), qui a récemment accueilli à son capital le fonds français Gaia Impact Fund, et mis en service un système solaire de 1,3 MWc dans la ville de Goma, en RDC (relire bulletin #96).

 

Hydrocarbures : portefeuille d’actifs et terminal pétrolier du Cap Lopez / Perenco / Total Gabon (Gabon / France / Royaume-Uni)

Total Gabon a dégagé l'an dernier un résultat net d'environ 42 M€ (50 M$). © Total Gabon

Total Gabon a dégagé l'an dernier un résultat net d'environ 42 M€ (50 M$). © Total Gabon

Total Gabon , contrôlé à hauteur de 58 % par le géant tricolore des hydrocarbures, cède au profit du franco-britannique  Perenco ses participations dans sept champs offshore matures non opérés, ainsi que ses intérêts et son rôle d’opérateur dans le terminal pétrolier du Cap Lopez, à la pointe de l'île Mandji, dans le delta de l'Ogooué (le point le plus occidental de la côte gabonaise). La compagnie pétrolière franco-britannique devra débourser entre 242 et 292 M€ (290 et 350 M$), en fonction des prix futurs du brent (pétrole léger). La production du portefeuille d’actifs représentait environ 8 000 barils de pétrole par jour en 2019, à rapporter aux 33 000 barils d’équivalent pétrole par jour de l’ensemble de la production de Total Gabon. La transaction comprend les champs de Grondin, Gonelle, Barbier et Mandaros (secteur Grondin) et ceux de Girelle, Pageau et Hylia (secteur de Torpille). Selon Arnaud Breuillac , directeur général exploration-production de la major, présente au Gabon depuis plus de 90 ans, cette transaction démontre la capacité de cette dernière « à améliorer [son] portefeuille d’actifs en cédant des champs matures à point mort élevé. » Total ne se désengage pas pour autant totalement de ce pays d’Afrique centrale, puisqu’il continuera à opérer les sites d’Anguille-Mandji et de Torpille-Baudroie-Mérou (voir fiche opération sur CFNEWS IMMO & INFRA).

 

Services financiers : Access Bank / FMO / Proparco / Symbiotics (Nigeria / Pays-Bas / France / Suisse)

Access Bank Nigeria représente environ 75 % des actifs du groupe Access Bank Group. © Access Bank Nigeria

Access Bank Nigeria représente environ 75 % des actifs du groupe Access Bank Group. © Access Bank Nigeria

Access Bank Nigeria (membre du conglomérat Access Bank Group), la plus grande banque commerciale du pays, vient de bénéficier d’un prêt syndiqué subordonné d'un montant total de 78,5 M€ (93,8 M$) du FMO, la société financière de développement néerlandaise (en qualité de chef de file), aux côtés de Proparco - la filiale de l’Agence Française de Développement (AFD)  - et du fonds d’impact suisse Symbiotics. Offrant un large éventail de services financiers, cette institution africaine cotée fondée en 1989 s'est engagée à intégrer des pratiques commerciales durables dans ses activités. Dirigée depuis 2014 par par Herbert Wigwe, elle est devenue un acteur majeur du secteur bancaire national suite au rachat d’Intercontinental Bank en 2011 et emploie environ 4 000 personnes dans plus de 380 agences à l’international. Trois ans plus tôt, elle avait déjà reçu un prêt de 84 M€ (100 M$) du FMO, auquel Proparco avait contribué à hauteur de 21 M€ (25 M$), dans l’optique d’encourager le développement et la modernisation d’entreprises agroalimentaires au Nigeria. Le renouvellement de ce soutien financier vise à aider les PME du pays à surmonter les conséquences de la pandémie et de la crise pétrolière internationale. La participation de la filiale de l’AFD s’inscrit dans le cadre de l’initiative Choose Africa, lancée en mars 2019 par l’agence pour accompagner la révolution de l'entrepreneuriat et de l'innovation en Afrique (relire bulletin #43 ).

 

Agroalimentaire : Kenya Nut Company / Proparco (Kenya / France)

Kenya Nut Company s’approvisionne auprès de plus de 30 000 petits producteurs de noix, et a su non seulement intégrer la filière en aval, mais aussi se diversifier. - © Kenya Nut Company

Kenya Nut Company s’approvisionne auprès de plus de 30 000 petits producteurs de noix, et a su non seulement intégrer la filière en aval, mais aussi se diversifier. - © Kenya Nut Company

Conseillé par Baker & McKenzie et Anjarwalla & Khanna, Proparco a octroyé ce mois d'août un prêt de 15,7 M€ (18,7 M$) à une entreprise familiale kényane, Kenya Nut Company, producteur-transformateur de noix de macadamia et cajou. Fondée en 1972 par des cultivateurs de café, dans le cadre d’un programme gouvernemental visant à diversifier les sources de revenus d’export du pays, elle a commencé par développer la production et l’exportation de noix brutes ; au début des années 2000, elle a ensuite étendu son activité à la transformation, puis a ajouté à son périmètre d’activité d’autres produits (café, chocolat et huiles). Ce leader de la filière noix au Kenya, qui emploie plus de 4 000 salariés, utilisera le financement long terme de Proparco d’une part pour mener à bien son plan de développement 2019-2021, et d’autre part pour répondre à ses besoins de trésorerie à court terme, dans cette période de crise sanitaire et d’incertitude. La filiale de l’AFD dédiée au secteur privé accompagnera en outre la société kényane dans l’amélioration de sa gouvernance d’entreprise et de sa performance environnementale.

 

Aéronautique : Air Madagascar / État malgache / CNAPS / Air Austral (Madagascar / La Réunion)

Air Austral et Air Madagascar ont officialisé le 21 juillet dernier leur divorce, après trois ans de vie commune. © Air Madagascar

Air Austral et Air Madagascar ont officialisé le 21 juillet dernier leur divorce, après trois ans de vie commune. © Air Madagascar

En juillet dernier, Air Austral, la compagnie aérienne publique de La Réunion créée en 1974, a officialisé sa sortie définitive du capital d’Air Madagascar, au profit de l’État malgache et de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNAPS). Fondée en 1961 sous le nom de Madair, la cible est basée dans la capitale Antananarivo, où se situe également son principal hub, l'aéroport international d'Antananarivo-Ivato. Suite à la signature en 2017 d’un partenariat stratégique, Air Austral détenait 43,78 % de son capital (34 %initialement, et devait à à terme en contrôler 49 %). C’est du moins ce que prévoyait l’accord, car il semblerait que les sommes escomptées n’aient jamais été intégralement versées par la compagnie publique de La Réunion, ce qui constituerait d’ailleurs « l’une des causes de divorce », selon le magazine Le Point. De leur propre aveu, aucun des deux transporteurs n’a respecté la totalité de ses engagements. Ensemble, les deux anciens partenaires totalisaient 2 000 employés et un chiffre d’affaires commun d’environ 550 M€. Dans la pratique, la séparation du 21 juillet dernier se matérialise par un échange de parts : la compagnie réunionnaise échange les parts de la CNAPS contre des parts d’Air Austral dans Air Madagascar et ce, « sans aucune incidence financière pour les deux parties ». Au cours de ces trois ans de collaboration, l’union avait donné naissance en 2018 à une filiale intérieure, Tsaradia. Destinée à opérer l'ensemble des vols intérieurs ainsi que certains vols régionaux, elle apparaît aujourd'hui comme l'un des éléments essentiels du secteur économique local, en particulier pour le tourisme. Pour sauver la compagnie nationale, qui pâtit d’une dette de 74 M€ (88 M$), les autorités malgaches comptent ouvrir son capital à des investisseurs étrangers et se tourner vers de nouvelles destinations.

 

Événement :

  • 3 septembre (12-14h heure française) : deuxième volet de Fashionomics Africa, baptisé « Reconstruire en mieux après le Covid-19 : Vers une industrie de la mode plus durable et inclusive sur le continent » organisé, sur Zoom, par le département Genre, femmes et société civile du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) , en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).

 

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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