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Afrique #54 : Helios IP, Groupe Duval, BNP Paribas, GoKada...


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Helios Investment Partners prend une participation majoritaire dans le semencier égyptien Misr Hytech (juin 2019). - Misr Hytech Seed International

Helios Investment Partners prend une participation majoritaire dans le semencier égyptien Misr Hytech (juin 2019). - Misr Hytech Seed International

Bulletin Hebdo Afrique

Fonds : Helios Investment Partners va lancer le plus grand véhicule dédié à l’Afrique (Royaume-Uni / Afrique)

Helios Investment Partners, firme de private equity londonienne active sur le continent et gérant 3,2 Md€ d’actifs (3,6 Md$), s’apprête à lancer ce qui devrait devenir le plus grand véhicule d’investissement exclusivement dédié à l’Afrique, avec une enveloppe de 1,1 Md€ (1,25 Md$). Les négociations sont en cours avec des gestionnaires d’actifs et des institutions de financements de développement (DFI). Le véhicule devrait voir le jour d’ici la fin de l’année. Fondé en 2004 par deux financiers nigérians, Babatunde Soyoye et Tope Lawani, et aujourd’hui dirigé par Zineb Abbad El Andaloussi, Helios Investment Partners avait clôturé son précédent véhicule à 978 M€ environ (1,1 Md$) en 2015, deux ans après son lancement, dépassant ainsi son objectif initial de 889 M€ (1 Md$). La levée de fonds avait été réalisée auprès de fonds souverains, de fonds de pensions privés et publics, de gestionnaires de patrimoines, de fondation et d’institutions de développement basées aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Afrique. Le portefeuille du capital-investisseur comprend à ce jour des sociétés de moyenne à grande capitalisation, basées dans une trentaine de pays africains, dans des secteurs aussi variés que les télécoms (Helios Towers, Telkom Kenya, Africatel, etc.), les énergies (Africa Oil, Petrobas Afrique) ou les denrées alimentaires (GB Foods Africa). Son dernier investissement, annoncé ce lundi et réalisé conjointement avec l’Egyptian-American Enterprise Fund, concerne l’acquisition de 96,7 % de Misr Hytech Seed International, grand producteur égyptien de semences agricoles. Helios Investment Partners devra toutefois faire face à la concurrence croissante d’autres firmes de private equity opérant sur le continent. Selon un rapport récent des cabinets d’étude de marché Asoko Insight et Africa Capital Digest, 212 sociétés de capital-investissement sont actuellement actives en Afrique subsaharienne (voir bulletin #24). Huit d’entre elles gèrent des fonds d'un montant compris entre 444 et 889 M€ (500 M$ et 1 Md$), à l’instar d’Emerging Capital Partners (ECP), qui a clôturé en novembre dernier son quatrième véhicule panafricain à 569 M€ (640 M$ - relire bulletin #28).

Développement & services financiers : Banque de Développement des Comores / Groupe Duval (Comores / France)

Signature d'un partenariat stratégique entre la Banque de Développement des Comores (BDC) et l’Office National du Tourisme aux Comores en avril 2019 - BDC

Signature d'un partenariat stratégique entre la Banque de Développement des Comores (BDC) et l’Office National du Tourisme aux Comores en avril 2019 - BDC

Après son acquisition de la société congolaise Africaine de Géophysique et de Forage en décembre 2018 (voir bulletin #33) et sa prise de participation de 20 % dans le togolais Africa Global Recycling (AGR) en janvier dernier (relire bulletin #36), le Groupe Duval, spécialisé dans l’immobilier et le tourisme, poursuit son offensive africaine avec la prise de contrôle de la Banque de Développement des Comores (BDC). Existant aux Comores depuis 1982, celle-ci a pour coeur de métier le financement d’investissements, notamment aux fonctionnaires, mais elle a également développé ces dernières années des activités classiques de banque commerciale, et créé de nouveaux guichets mésofinance, microfinance, habitat et particuliers. Elle propose des services dédiés à la diaspora de France - grâce à son partenariat avec la société française de transfert d'argent BdE, une marque déposée de la Banque Wormser Frères - ainsi que de la Réunion et de Mayotte. Ni le montant ni le pourcentage de cette prise de participation n’ont été communiqués (voir fiche de l’opération sur CFNEWS). Les ambitions sur le continent du groupe tricolore aux 700 M€ de chiffre d’affaires ne datent pas d’aujourd’hui. La création de sa filiale africaine, avec des bureaux à Lomé et à Abidjan, remonte à 2015 . Eric Duval, président fondateur, avait par ailleurs été reçu par le chef d’État comorien Azali Assoumani en avril 2017. À l’occasion de cette visite au palais présidentiel, il avait déclaré souhaiter « réaliser des investissements pour accompagner le développement économique des Comores », et évoqué plusieurs projets dans la ligne de mire de son empire familial : l’exploitation de l’ylang ylang, la création d’une société de logistique et de transport dans ce pays composé d’îles, le développement de l’hôtellerie et la construction d’un centre commercial.

Banques : BNP Paribas (France / Mali / Burkina Faso / Guinée / Tunisie / Gabon)

Façade de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie au Mali (BICIM) à Bamako - BICIM

Façade de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie au Mali (BICIM) à Bamako - BICIM

BNP Paribas est sur le point de solder sa présence au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, en Tunisie et au Gabon, dont les actifs sont jugés « non essentiels », et où il est confronté à des tensions avec les partenaires locaux. Ces cinq filiales seront vendues séparément, mais le désengagement de la première banque de la zone euro dans un continent africain où elle compte dix mille salariés se heurte à l’absence d' «offres concrètes ». Le groupe français rencontre en effet des difficultés à trouver un repreneur pour la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie au Mali (BICIM) - qui avait fermé la quasi-totalité de ses agences ces dernières années, après deux décennies d’activité - ainsi que pour la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Guinée (BICIGUI) et la Banque Internationale pour le Commerce, l’Industrie et l’Agriculture du Burkina (BICIAB). Au Gabon, où il est implanté depuis trente-deux ans, BNP Paribas cherche depuis novembre 2016 à vendre ses 47 % de participation dans la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Gabon (BICIG). Il a déjà cédé 41 % de ses parts au Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) il y a un an (voir bulletin du 26 juin 2018). Le Fonds monétaire international (FMI) a cependant recommandé au FGIS de se retirer de l’actionnariat de la banque gabonaise afin de permettre au futur repreneur d’avoir les coudées franches. C’est en Tunisie, où BNP Paribas détient une participation de 50,1 % dans l’Union Bancaire pour le Commerce et l'Industrie (UBCI), que la transaction devrait être la plus aisée, dans la mesure où la cible est cotée en Bourse : des discussions sont d’ailleurs en cours avec la banque jordanienne Arab Bank (relire bulletin #43). En dépit de cet florilège de cessions à venir, la banque française insiste sur son intention de ne pas quitter l’Afrique, mais de se recentrer sur les marchés en forte croissance et présentant un environnement des affaires stable, à savoir l’Algérie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Maroc.

Transports : GoKada / Rise Capital (Nigeria / États-Unis)

GoKada, société nigériane de transport par moto à la demande - GoKada

GoKada, société nigériane de transport par moto à la demande - GoKada

GoKada, une société nigériane de transport par moto à la demande, réunit 4,7 M€ (5,3 M$) à l’occasion d’un premier tour de table mené par le micro VC américain Rise Capital, auquel ont également participé les firmes américaines Adventure Capital et First Midwest Group, ainsi que le capital-risqueur dubaïote IC Global Partners et un consortium de sociétés d’investissement nigérianes. Fondée en 2018 et co-dirigée par Fahim Saleh et Ayodeji Adewunmi, la cible utilisera cette manne financière pour augmenter son parc de véhicules et le volume de ses déplacements, recruter de nouveaux conducteurs de moto, tout en développant un réseau pour offrir des biens et services à ses derniers, avec l’ambition de devenir l’un des moyens de transport les plus efficaces du continent. Affirmant avoir effectué près d’un million de navettes à la demande grâce à près de mille motos, la pépite lagotienne souhaite concentrer son développement au Nigeria, en Afrique du Sud, en Tanzanie et en Ouganda. Ce financement intervient alors que l’un de ses concurrents, l’ougandais SafeBoda, qui a récemment levé un montant indéterminé dans le cadre d’une série B menée par Allianz et Go-Ventures (voir bulletin #51), s’apprête à étendre ses activités au Nigeria. Selon une étude publiée par le cabinet TechSci Research, le marché des motos-taxis en Afrique devrait atteindre voire dépasser les 8 Md€ (9 Md$) d’ici 2021.

Événements :

  • Paris (locaux CCIP IDF, Porte de Champerret), 19 juin : petit-déjeuner de présentation du marché ghanéen organisé par le Comité d'échanges Afrique-France (CEAF) de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris Île-de-France, qui sera animé par Delphine Adenot-Owusu, directrice de la Chambre de commerce et d'industrie France-Ghana (CCIFG).
  • Paris (centre de congrès du Beffroi de Montrouge), 21 juin : deuxième édition du Forum des Diasporas Africaines, qui évoquera notamment la mobilité estudiantine et professionnelle, le financement et l'accompagnement de projets, ainsi que le sport.

Et aussi...

  • L’accord pour la création de la Zone libre-échange continentale (ZLEC) de l’Union Africaine vient de rentrer en vigueur ce 30 mai. Il s’agit, selon la commissaire européenne chargée du commerce, d’une « étape historique » pour renforcer l’intégration économique UE-Afrique, un objectif clé de l’Alliance Afrique-Europe lancée en septembre dernier.
  • Plusieurs accords ont été conclus entre la France et Madagascar dans l’énergie verte et la digitalisation de l’agriculture. Le plus important, signé entre le gouvernement malgache et le consortium de la Nouvelle Énergie Hydroélectrique de l’Onive (Neho), formé par les sociétés Eiffage, Eranove et Themis, concerne le lancement du plus grand projet hydroélectrique du pays, le barrage hydroélectrique de Sahofika. Un autre accord vise à parvenir à l’autosuffisance alimentaire, grâce en particulier à un projet de « digitalisation de la riziculture » confié au groupe francilien Atos, pour accroître la production tant en qualité qu’en quantité, tout en réduisant les importations et le CO2 liés à celles-ci.
  • Au Congo, le groupe Total va se retirer du bloc pétrolier III, le plus prolifique du pays, dont il détenait 66,7 %. Cette décision s’expliquerait - selon le gouvernement congolais - par le développement d’un projet phare en Ouganda voisin, où le géant tricolore s’attèle à monétiser un gisement de 6,5 milliards de barils avec le chinois CNOOC et le britannique Tullow.
  • L’américain American Tower, spécialisé dans la gestion de tours de télécommunication au profit des opérateurs, rachète Eaton Towers, une société qui revendique plus de 5 200 tours de télécommunications dans cinq pays africains (Ghana, Niger, Burkina Faso, Kenya et Ouganda). Avec une offre évaluée à 1,6 Md€ (1,85 Md$), cette transaction se hisse à la première place des plus importantes opérations de fusions-acquisitions, depuis le début de l'année à ce jour, impliquant un investisseur étranger en Afrique.
  • Engie s’associe au ministère djiboutien de l’Énergie pour la mise en place d’une centrale photovoltaïque d'une capacité de production de 30 MW dans le pays. Ce projet sera suivi par d’autres projets dans le domaine de l’énergie, en particulier en matière d’électrification rurale.
  • L’aparthotel 4 étoiles Adagio Casablanca City Center, composé de 96 appartements pouvant accueillir de une à six personnes, vient d’ouvrir ses portes à Casablanca. Le leader du marché d’aparthotel en Europe, issu la joint-venture entre Accoret Pierre & Vacances Center Parcsen 2007, prend ainsi pied au Maroc.
  • L’américain Getty Images, leader mondial de la communication visuelle, vient de nouer un partenariat stratégique inédit avec le suisse APO Group, le principal service de conseil en relations médias et distribution de communiqués de presse en Afrique et au Moyen-Orient. Les deux sociétés fourniront des services intégrés de textes, photos et vidéos aux entreprises opérant dans la région.
  • L’école française de management Skema Business School ouvrira, en septembre prochain, un nouveau campus au Cap, en s'appuyant sur un partenaire local réputé, le réseau éducatif Stellenbosch. Elle deviendra ainsi la première école française de management à s'installer en Afrique anglophone.
  • WorldCover, un spécialiste de l’assurance climatique pour petits exploitants agricoles implanté à New York et en Afrique, collecte 5,3 M€ (6 M$) lors d’un tour de table de série A mené par MS&AD Ventures, auquel participent aussi Y Combinator, Western Technology Investment et le nigérian EchoVC.
  • Le VC néerlandais DOB Equity, axé sur les entreprises innovantes d’Afrique de l’Est, vient d’investir un montant non divulgué dans Zanrec, une entreprise de gestion de déchets hospitaliers basée à Zanzibar, une île rattachée à la Tanzanie.

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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