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Afrique #69 : Heetch, Interswitch, Qwetu Radio, Frontier Car Group...


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Fiddek, solution de mobilité au Maroc créée par Heetch en partenariat avec le Syndicat National des Taxis Marocains de l'UMT  - © Heetch

Fiddek, solution de mobilité au Maroc créée par Heetch en partenariat avec le Syndicat National des Taxis Marocains de l'UMT - © Heetch

Transports : Heetch (France / Afrique francophone)

Après avoir levé 34 M€ en mai dernier (relire bulletin #51 et article Heetch veut conduire en Afrique sur CFNEWS), le service de VTC français Heetch récolte 3,6 M€ supplémentaires auprès du capital-investisseur tunisien AfricInvest (1,3 Md€ d'actifs sous gestion) qui rejoint ainsi Cathay Innovation, Total Energy Ventures, Idinvest Partners , Innov'Allianz , Felix Capital , Alven Capital et Via ID au capital de l’opérateur aux 15 M€ de revenus (voir fiche de l'opération sur CFNEWS). AfricInvest a réalisé cet investissement via son nouveau véhicule de capital-innovation, Cathay AfricInvest Innovation, lancé avec Cathay Innovation au printemps dernier et qui signe ici son premier investissement après un closing initial cet été. Pour rappel, ce tour a pour objectif d’accélérer son expansion sur le continent africain, où il s’est lancé en 2018. D’abord positionné en tant que service de covoiturage nocturne, lors de son lancement en 2013 par Jacob Mathieu et Teddy Pellerin, le groupe français, transformé peu à peu en une plateforme de VTC, a misé sur une approche plus conviviale que ses concurrents Uber, Kapten ou Bolt - en permettant par exemple des discussions avec le chauffeur et un paiement en liquide - avec l’ambition de séduire une clientèle plus jeune. L’entrée d’AfricInvest au capital renforce sa position au Maghreb et en Afrique francophone centrale et de l’Ouest. Heetch est actuellement présent au Maroc (Casablanca, Rabat, Marrakech), en Côte d’Ivoire (Abidjan), en Algérie (Alger) et au Cameroun (Douala), et envisage de s’implanter prochainement au Sénégal, en Tunisie, ainsi que dans quatre nouveaux pays en 2020. (Pour plus de détails, lire l'article Heetch fait une place à un investisseur africain sur CFNEWS).

 

Services financiers / Interswitch (Nigeria / États-Unis / Afrique de l’Ouest)

La nouvelle licorne africaine, qui s'apprête à faire son entrée sur la Bourse de Londres, revendique 32 millions d'utilisateurs au Nigeria. - © Interswitch

La nouvelle licorne africaine, qui s'apprête à faire son entrée sur la Bourse de Londres, revendique 32 millions d'utilisateurs au Nigeria. - © Interswitch

Visa s’apprête à faire de la société nigériane Interswitch la nouvelle licorne de la fintech africaine, grâce à une prise de participation de 20 %, dont le montant pourrait dépasser 180 M€ (200 M$) selon Sky News, ce qui la valoriserait autour de 907 M€ (soit 1 Md$). Cette opération intervient juste avant sa cotation à la Bourse de Londres, prévue pour le début de l’an prochain. Deux ans plus tôt, le numéro un mondial des cartes bancaires (18 Md€ de chiffre d’affaires en 2018) avait noué un partenariat avec Interswitch visant à accélérer l’adoption des paiements mobiles en Afrique de l’Ouest, accord qui a permis le déploiement de la solution de paiement via code QR, mVisa, grâce à laquelle les commerçants peuvent recevoir des paiements sans avoir à investir dans des terminaux de vente. Fondée par Mitchell Elegbe en 2002 à Lagos, la plus grande société de paiements électroniques du Nigeria rassemble aujourd’hui les britanniques Helios Investment Partners et TA Associates ainsi que la Société Financière Internationale (SFI ou IFC, la branche secteur privé de la Banque Mondiale) parmi ses actionnaires. L’investissement de Visa devrait lui permettre d’étendre son empreinte sur le continent. Aujourd’hui, près de vingt millions de cartes de débit Verve, équipées d’une technologie de paiement développée par Interswitch, sont déjà en circulation au Nigeria, au Kenya, en Ouganda et en Gambie.

 

Médias : Qwetu Radio / Trace (Kenya / France)

Miriam Makeba, chanteuse d'ethno-jazz et militante politique sud-africaine, sur les ondes de la radio kényane Qwetu Radio. - © Qwetu Radio

Miriam Makeba, chanteuse d'ethno-jazz et militante politique sud-africaine, sur les ondes de la radio kényane Qwetu Radio. - © Qwetu Radio

Le groupe de médias tricolore Trace acquiert la chaîne radiophonique kényane Qwetu Radio, spécialisée dans la diffusion de contenu musical, et qui servira de hub à l’éditeur français de chaînes télévisées, qui développe également des services numériques, de téléphonie mobile, des radios FM et des événements, et dont l’intérêt pour le marché musical local africain ne cesse de s’accroître. Il est d’ailleurs devenu leader du secteur en Afrique subsaharienne francophone, où il réalise la majeure partie de ses plus de 21 M€ de chiffre d’affaires. Son P-dg et co-fondateur depuis 2003, Olivier Laouchez, ambitionne de faire de Qwetu Radio le numéro un du marché de la radio musicale au Kenya à l’horizon 2022.

Fort d’une trentaine de chaînes et radios musicales sur les cultures urbaines et africaines, dont une quinzaine en Afrique, le groupe français détenu à 75 % depuis 2014 par le suédois Modern Times Group, prévoit par ailleurs de lancer l’an prochain une plateforme éducative destinée en priorité à l’Afrique subsaharienne et au Brésil. Baptisée Trace Academia, celle-ci proposera des formations vidéos gratuites sur 250 métiers parmi lesquels la coiffure, le marketing, l’électricité, le métier de disc-jockey. Ces cours seront accessibles aux particuliers, mais aussi aux entreprises pour la formation interne en option payante. Ce projet s’inscrit dans la stratégie globale de Trace Media Group qui veut passer d’un groupe de divertissement à un groupe d’impact, et qui a conclu dans ce sens des partenariats avec d’autres groupes tels que Leroy Merlin, Schneider Electric, HP ou encore Ocus. Pour financer ce projet, il espère boucler d’ici la fin de l’année une levée de fonds de 15 à 20 M€.

 

E-commerce & automobile : Frontier Car Group / OLX Group / Prosus / Naspers (Allemagne / Afrique du Sud / États-Unis / Afrique)

Les marchés de Frontier Car Group dans le monde - © FCG

Les marchés de Frontier Car Group dans le monde - © FCG

Frontier Car Group (FCG), une plateforme de vente de voitures d’occasion sur les marchés émergents créée en 2016 par un trio de dirigeants (le serial entrepreneur Sujay Tyle, le spécialiste des marchés émergents Peter Lindholm et le manager expérimenté André Kussmann) réunit, après déjà trois tours, un nouveau montant de 361 M€ (400 M$) auprès de Prosus. Cette division internationale des actifs internet du conglomérat sud-africain Naspers a pris son indépendance lors de son IPO sur la Bourse d’Amsterdam, en septembre dernier (même si Napster en conserve encore 70 %). Elle s’est lancée récemment dans une spirale d'acquisitions directes et indirectes. C’est ainsi par l’intermédiaire de l’entreprise Internet OLX Group, l’une de ses sociétés (basée à New York et Buenos Aires), que Prosus a investi dans Frontier Car Group. Ciblant initialement le Nigeria, le Mexique, le Chili, la Turquie, le Pakistan et l'Indonésie, la pépite allemande s’est étendue depuis à dix pays et avait déjà réuni plus de 136 M€ (150 M$) auprès de divers investisseurs, dont le britannique Balderton Capital.

 

Services financiers : PalmPay (Chine / Nigeria / Ghana / Taïwan)

Lancement officiel de PalmPay en novembre 2019 - © PalmPay

Lancement officiel de PalmPay en novembre 2019 - © PalmPay

PalmPay, une fintech lancée par Transsnet Group - un fournisseur de services internet basé en Chine - va prendre pied sur les marchés nigérian et ghanéen grâce à une levée de fonds de 36 M€ (40 M$) auprès de Tecno Mobile, filiale de l’opérateur Transsion Holdings (un fabricant chinois de téléphones mobiles présent sur le continent avec les marques Tecno, Itel et Infinix). Ont également participé au tour de table Media Tek, une entreprise taïwanaise en charge de la production de puces et microprocesseurs pour téléphones et tablettes, et le chinois NetEase, producteur de jeux en ligne. Officiellement lancé ce mois-ci, PalmPay a enregistré, au cours de la phase d’expérimentation de ses activités au Nigeria, cent mille utilisateurs et traité un million de transactions. Ces résultats encourageants ont incité la société de paiements et transfert d’argent à planifier d’installer, dès 2020, son application de paiement dans vingt millions de téléphones qui seront écoulés au Nigeria. Elle sera ensuite étendue à d’autres pays africains.

 

Transport : Lori Systems / Hillhouse Capital / Crystal Stream (Kenya / Chine / Nigeria / États-Unis)

Lori Systems, le nouvel « Uber des camions » kényan - © Lori Systems

Lori Systems, le nouvel « Uber des camions » kényan - © Lori Systems

Le kényan Lori Systems, qui propose une plateforme facilitant le transport de marchandises en mettant en relation des propriétaires de fret avec des entreprises et particuliers, lève 27 M€ (30 M$) au cours d’un quatrième tour mené par les investisseurs chinois Hillhouse Capital et Crystal Stream. Les autres participants incluent EchoVC, un VC basé au Nigeria et aux États-Unis, ainsi que Ryan Petersen (dirigeant de Flexport) et Iyinoluwa Aboyeji (business angel et ancien CEO fondateur de Flutterwave). Ce financement permettra à la jeune pousse créée en 2016 par Josh Sandler (actuel P-dg) et Ernest Gichini Ngaruiya d’accélérer son expansion, de développer sa technologie et de recruter de nouveaux salariés. Opérant principalement en en Afrique de l’Est (au Kenya et en Ouganda), elle a récemment entamé son expansion en Afrique de l’Ouest, plus précisément au Nigeria. En moins de quatre ans d’activité, le nouvel «Uber des camions» a déjà collecté près de 40,5 M€.

 

Énergies & hydrocarbures : Tetra4 Proprietary / International Development Finance Corporation (Afrique du Sud / États-Unis)

Adam Boehler, Development Finance Corporation (DFC)

Adam Boehler, Development Finance Corporation (DFC)

U.S. International Development Finance Corporation (DFC), l’agence gouvernementale américaine, dédiée au développement du secteur privé dans des pays émergents, réalise son premier engagement en Afrique depuis qu’elle a succédé à l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC). L’institution dotée d’une enveloppe de 54 Md€ (60 Md$) vient d’injecter 36 M€ (40 M$) dans le capital du sud-africain Tetra4 Proprietary, un producteur de pétrole et de gaz naturel fondé en 2007 qui prévoit de développer et de commercialiser un champ de gaz naturel et d’hélium en Afrique du Sud. Le prêt servira également à financer la construction et l’exploitation d’un pipeline de collecte de gaz naturel ainsi qu’une usine de liquéfaction de gaz naturel et d’hélium. Comme indiqué par Adam Boehler, le dirigeant de DFC, lors de la signature d’un mémorandum d’entente avec la Banque Africaine de Développement (BAD), le secteur des énergies sera l’un des domaines prioritaires d’investissement de l’institution américaine, avec les secteurs des services financiers, des infrastructures et de l’agriculture.

 

Nomination - Conseil : Deloitte (France / Afrique francophone)

Jean-Pierre Menanteau, Deloitte

Jean-Pierre Menanteau, Deloitte

Deloitte France et Afrique francophone confie à Jean-Pierre Menanteau le poste de senior partner direction générale et consulting clients & industries. Entre 2011 et 2013, il avait déjà mis ses compétences au service du groupe, en qualité de conseiller stratégique du P-dg Alain Pons. Il exerçait comme Inspecteur général des finances pour le Ministère de l'Économie et des Finances depuis 2017, après avoir assuré la direction générale d'Humanis pendant quatre ans.

 

Et aussi...

  • Optimum Automotive, leader aixois de la gestion de flotte connectée et de la télématique, vient de collecter 14 M€ auprès de plusieurs acteurs dont Amundi Private Equity et Paris Fonds Vert (géré par Demeter Partners), qui lui permettra en particulier de se développer sur le continent africain, où il s'est implanté dès 2015, plus précisément au Maroc et en Côte d'Ivoire (pour plus de détails, lire l'article Optimum Automotive attire un fonds vert).
  • Le rachat de la chaîne télévisée d’information panafricaine Africanews par le groupe malgache Sipromad pour 18 M€, auprès du français EuronewsNBC, qui devait être officialisé fin juillet (relire bulletin #59), vient d’être suspendu par les autorités congolaises, ces dernières arguant qu’elles n’avaient pas été consultées.
  • Une série d’accords ont été conclus ce week-end à Dakar entre la France et le Sénégal, notamment au sujet de l’acquisition par le gouvernement sénégalais de trois patrouilleurs hauturiers du groupe français Kership (une JV de Piriou et Naval Group), ainsi que des missiles du groupe européen basé en France MBDA.
  • Selon La Lettre du Continent, le Sheikh Ahmed bin Dalmook Al-Maktoum, cousin de l’émir de Dubaï, serait prêt à débourser 450 M€ (295 MdXAF) pour mettre la main sur l’hôtel parisien Pozzo di Borgo, propriété de la République du Gabon depuis 2010. Si l’opération aboutit, elle permettra au Gabon de réaliser une plus-value de 350 M€ (230 MdXAF).
  • Le régime algérien vient d’abroger la loi dite 49-51 qui dissuadait fortement l’investissement étranger (en plafonnant à 49 % la participation qu’une entreprise étrangère pouvait détenir dans une firme algérienne). Le gouvernement a par ailleurs décidé d’ouvrir le secteur des hydrocarbures aux multinationales, l’entreprise publique nationale Sonatrach n’ayant plus les moyens de prospecter de développer de nouveaux champs.
  • Au Niger, le groupe nucléaire tricolore Orano (ex New Areva) va fortement réduire ses activités en fermant le site d’uranium de sa filiale Cominak, dont la production devrait cesser en mars 2021 au plus tard.
  • Orange et Greenlight Planet, un fournisseur américain de mini systèmes solaires solaires à domicile, s’allient pour la distribution de kits solaires à domicile dans les zones rurales de plusieurs pays en Afrique subsaharienne, et plus spécifiquement, dans un premier temps, au profit des abonnés Orange du Burkina Faso résidant dans les régions les plus difficiles d’accès du pays.
  • Le Forum de l'innovation, de l'entrepreneuriat et du leadership de Dakar (FIELD) qui s'est déroulé les 23 et 24 octobre dans la capitale sénégalaise, a vu le lancement officiel de la plateforme digitale « Entreprendre au Sénégal » qui vise à faciliter l'accueil des entrepreneurs et des investissements de la diaspora au Sénégal.
  • Wefarm, une plateforme britannique d’échange d’informations et de partage de connaissances entre exploitants agricoles, compte accroître ses services aux agriculteurs d’Ouganda et du Kenya grâce à une levée de 12 M€ (13 M$) menée par le VC américain True Ventures et l’allemand June Fund.

 

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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