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Afrique #89 : Covid-19, Total, Mediterrania Capital Partners, Qotto, FES...


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Face à la pandémie, en Afrique comme ailleurs, les gestes-barrière demeurent l'une des meilleures armes. - © Adobe Stock / Riccardo Niels Mayer

Face à la pandémie, en Afrique comme ailleurs, les gestes-barrière demeurent l'une des meilleures armes. - © Adobe Stock / Riccardo Niels Mayer

Focus : le point sur la pandémie en Afrique

Selon les derniers chiffres publiés aujourd’hui par la plateforme de e-tracking #nCoVAfrica, l’Afrique comptabilise actuellement 33 463 cas confirmés et 1 471 décès. Comme l’ont fait observer nombre d’experts, la crise économique a en grande partie précédé la crise sanitaire sur le continent, même s’il est encore trop tôt pour estimer les conséquences à long terme. Alors que plusieurs États d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, à l’image du Ghana, s’apprêtent à assouplir les mesures de semi-confinement et à autoriser la réouverture des commerces et marchés, l’OMS estime que l’Afrique pourrait devenir le nouvel épicentre de l’épidémie de coronavirus, jusqu’à toucher dix millions de personnes en six mois.

Quels impacts ?

D’après un rapport du 22 avril dernier de la Banque Mondiale, les salariés émigrés africains, victimes d’importantes réductions d’emplois et de salaires en Europe, en Amérique du Nord ou dans le Golfe, sont dans l’incapacité d’envoyer à leur famille autant d’argent qu’avant. Les flux devraient chuter de 20 % en 2020 pour s’établir à 410 Md€ (445 Md$) après le record de 511 Md€ (554 Md$) l’an passé, soit la plus importante diminution de l’histoire récente. Or, le rapport met en exergue l’importance que ces transferts représentent non seulement pour les familles les plus pauvres, mais plus globalement pour les pays du continent, déjà confrontés à un affaiblissement marqué des investissements directs étrangers.

Risque majeur pour l’Afrique : la famine. Les signes précurseurs y sont déjà perceptibles, alertent le Food and Agriculture Organisation (FAO) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), deux organismes de l’ONU. Faute de pouvoir accéder aux marchés et donc écouler leur production, beaucoup de petits producteurs se mettent à casser les prix. La propagation de la pandémie risque de doubler le nombre de personnes confrontées à une situation d’insécurité alimentaire aiguë, pour atteindre 265 millions de personnes dans le monde d’ici la fin de l’année. Les pays les plus vulnérables sont ceux dont les structures sociales, sanitaires ou économiques sont fragiles, les États très dépendants des exportations (comme le Nigeria et le Gabon, producteurs de pétrole), et ceux en conflit ou qui sortent d’un conflit (par exemple le Mali ou le Burkina Faso).

L’incontournable aide internationale
ALIMA appuie l’Hôpital universitaire de Fann à Dakar pour sa réhabilitation, son équipement en matériel médical,  l’approvisionnement en médicaments, mais aussi en termes de ressources humaines médicales. - © ALIMA

ALIMA appuie l’Hôpital universitaire de Fann à Dakar pour sa réhabilitation, son équipement en matériel médical, l’approvisionnement en médicaments, mais aussi en termes de ressources humaines médicales. - © ALIMA

Face à l’ampleur de la crise, la solidarité internationale s’avère plus que jamais indispensable. Conformément à son calendrier établi, le FMI a débloqué cette semaine des aides en faveur de Sao Tomé-et-Principe (11,3 M€), de la République Démocratique du Congo (335 M€), et de la Mauritanie (119 M€).

L’Europe poursuit ses initiatives pour limiter les effets négatifs de la pandémie. Au Maroc, le groupe bancaire Bank of Africa - BMCE Group est la première structure qui bénéficiera de l’initiative Resilience Framework mise sur pied en mars 2020 par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), dans le but de soutenir des institutions partenaires, confrontées à des difficultés de crédits du fait de la crise sanitaire actuelle. L’institution marocaine disposera d’une ligne de crédit de 100 M€, destinée aux entreprises connaissant une baisse d’activité et de rentabilité, et ayant besoin de renforcer leurs liquidités, financement qui sera complété par un apport de 45 M€ au profit des entreprises d’import-export. Dans le cadre d'un programme d'aide de 3 Md€ destiné à dix pays tiers en Europe et ses environs et disponible pendant douze mois, l’UE accordera par ailleurs 600 M€ à la Tunisie, sous la forme d’un prêt concessionnel qui servira à renforcer la résilience de l’économie tunisienne. Quant au Sénégal, il recevra un don de 150 M€ afin de permettre au gouvernement de financer son plan de résilience. L’UE devrait également consacrer jusqu’à 19,8 M€ (13 MdXOF) au Togo, pour appuyer les autorités dans leur lutte contre le covid-19.

Outre l’initiative « Covid-19 - Santé en commun » lancée le 9 avril, l’Agence Française de Développement vient de mettre en place une série de mesures d’un coût total de 150 M€ pour aider le Maroc à affronter la crise sanitaire et économique. L’institution apporte ainsi une réponse immédiate au besoin de financement de l’État et des établissements publics, et d’autre part, prépare la sortie de crise en accélérant le financement de nouvelles politiques structurelles en faveur d’une protection sociale renforcée des citoyens, et d’une relance durable de l’économie marocaine.

Pour répondre au défi engendré par la pandémie et renforcer son aide aux enfants du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, l’Unicef a lancé une levée de fonds dans l’espoir de récolter environ 92 M€ (100 M$).

Parmi les ONG les plus actives sur le continent figure ALIMA, une alliance d’organisations médicales et humanitaires, locales et internationales, qui depuis sa fondation en 2009 se fixe pour triple mission de fournir des soins de qualité aux populations les plus vulnérables, développer des solutions innovantes de médecine humanitaire, et de fédérer, en travaillant avec un réseau d’organisations partenaires locales. Lors d’un webinaire organisé mercredi dernier, elle a rappelé le contexte actuel (insistant notamment sur les chiffres : près de vingt fois moins de capacités en lits d'hospitalisation qu’en France, et presque cinquante fois moins de médecins par habitant que dans les pays européens), présenté les actions entreprises, et annoncé le lancement d’une levée de fonds. Basée à Paris et Dakar, ALIMA intervient dans douze pays en Afrique subsaharienne, en collaboration avec les Ministères de la Santé pour la prise en charge des malades du covid-19. Ciblant en priorité le milieu hospitalier au sein des capitales, et les populations particulièrement vulnérables comme les camps de déplacés ou de réfugiés, ou encore celles cumulant les problèmes (épidémie Ebola et conflits en RDC), elle apporte une aide en matériel médical, en formation et en ressources humaines. Au Sénégal par exemple, les équipes d’ALIMA viennent en appui au Centre de Traitement Covid-19 de l’Hôpital de Fann de Dakar, où elles participent au triage et à la prise en charge des patients, tout en approvisionnant le plus possible de matériel médical, de matériel de protection individuelle et de ressources humaines, médicales et logistiques. À l’heure actuelle, les trois fonds gérés par ALIMA sont essentiellement financés par des bailleurs institutionnels. L’ONG, qui a déjà levé 300 K€ sur les 1 M€ qu’elle estime nécessaire pour mener à bien ses actions dans les mois à venir, appelle désormais les Français à rediriger leur générosité vers les structures hospitalières africaines.

À l’échelle continentale ou régionale

L’Agence de Développement de l’Union Africaine (AUDA-NEPAD) et le groupe bancaire panafricain Ecobank s'apprêtent à établir un cadre continental pour soutenir les MPME, qui ont peu ou pas de capacité d'absorption vis-à-vis des effets de la propagation du Covid-19. Cette initiative a pour objectif de développer une plateforme unique, inclusive et flexible pour aborder les problèmes, les défis et les besoins de ces entreprises pendant et après la pandémie. Elle vise aussi à identifier les opportunités et les moyens innovants qui permettront de soutenir et de protéger les MPME, tout en coordonnant et harmonisant les initiatives et les efforts en cours en la matière.

Pour financer les mesures économiques et sociales qu’ils ont mis en œuvre dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, les États membres de l’UEMOA émettent sur le marché régional, depuis le 27 avril, des bons du Trésor dénommés « bons sociaux Covid-19 », pour un montant global estimé à 1,9 Md€ (846 MdFCFA). Soutenue par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), cette opération permettra de financer leurs plans de riposte respectifs.

Répondant à l’appel à la mobilisation des ressources lancée par des chefs d’États africains, par la voix du président de l’Union Africaine, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) consent un don de 2,8M€ (3 M$) pour soutenir les efforts continentaux de lutte contre la pandémie.

Au niveau étatique : efforts des gouvernements et des banques nationales

En Afrique du Sud, le président lance un programme de sauvetage de 24,7 Md€ (500 MdZAR) destiné à amortir les conséquences de la crise sur l’économie du pays le plus industrialisé d’Afrique.

À l’initiative du gouvernement nigérian, l’Agence d’Électrification Rurale (REA) vient de mettre en place un programme d’urgence afin d’installer des systèmes solaires hors réseau destinés aux centres de prises en charge des personnes infectées. Pour construire ces installations, la REA s’est appuyée sur plusieurs entreprises privées, notamment la société locale Blue Camel Energy, à l’origine de l’installation de la plus grande centrale solaire hybride sur le territoire de la capitale fédérale du Nigeria, qui fourni de l’électricité au Centre d’isolement de l’Hôpital universitaire d’Abuja (UATH).

Au Mali, une série de mesures d’un coût global de 7,4 Md€ (8 Md$) va être implémentée au profit de la filière agricole, dans l'optique de de renforcer la résilience des acteurs face à la pandémie.

En RDC, les banques United Bank for Africa (UBA) et Afriland First Bank RDC apportent leur soutien financier au Fonds national de solidarité mis en place par les dirigeants, respectivement à hauteur de 138 K€ (150 K$) et 54 K€ (59 K$). Leur consœur Rawbank a quant à elle opté pour des dons de matériels médicaux, tout en menant une importante campagne de sensibilisation.

Recherche et tech

Banque islamique de développement (BID) et Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC)

Banque islamique de développement (BID) et Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC)

En partenariat avec la Banque Islamique de Développement (BID) et la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce (ITFC), la Société Marocaine d'Anesthésie, d'Analgésie et de Réanimation (SMAAR), lance une plateforme d'apprentissage en ligne pour la préparation et la réponse à la pandémie dans les pays africains. Destinée à renforcer les capacités des pays membres et de les aider à résister à l’impact socio-économique du covid-19, cette initiative a été inaugurée avec succès par un premier webinaire réunissant plus de 130 médecins, réanimateurs, urgentistes et membres de comités nationaux de dix-sept pays africains.

Dans leur stratégie de lutte contre le coronavirus, la plupart des pays africains misent sur la collecte et l’analyse de données. C’est le cas en particulier du Nigeria, où l’application InStrat Global Health Solutions fournit des informations sur le virus à plus de 20 000 agents de santé, qui leur permet d’identifier et d’isoler des patients potentiellement atteints.

Au Maroc, une équipe de chercheurs, composée d’ingénieurs et de médecins, a mis au point un masque intelligent de détection automatique à distance du Covid-19 (MIDAD), accompagné d’une application de « tracking » (Trackorona), qui propose une méthode de prédiction et de diagnostic de la maladie. Servant également de barrière de protection, le masque a été conçu grâce à l’impression 3D.

Dans les pays où le confinement est de mise, les personnes âgées souffrent d’autant plus de la solitude qu’elles ne sont pas toujours équipées de smartphones ou d’ordinateurs. C’est pourquoi Orange Tunisie a lancé l’opération #DimaM3aB3athna, qui consiste à offrir des espaces publicitaires aux Tunisiens pour qu'ils puissent partager un message avec leurs aînés, directement à la télévision. La filiale de l’opérateur français a également créé la plateforme d’entraide solidaire Ma3k, pour mettre en relation les citoyens ayant besoin d’aide et ceux désireux d’aider dans des domaines variés. La plateforme a notamment permis de centraliser les demandes de dons des hôpitaux.

Si les entreprises qui font parler d’elles sur le continent en matière de lutte contre la pandémie ne sont pas toujours africaines, elles agissent généralement en collaboration avec des locaux. C’est le cas par exemple du fournisseur allemand de solutions solaires Solarkiosk, qui s’est allié à l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar) afin de proposer des laboratoires mobiles fonctionnant à l’énergie solaire, afin de mener des tests de dépistage du coronavirus. Désireux de fournir également des cliniques mobiles équipées de systèmes solaires, les deux partenaires travaillent sur le terrain avec un personnel local, notamment pour diffuser des conseils sur la prévention et le contrôle des infections pour les prestataires de soins de proximité.

Des sociétés toujours mobilisées

La solidarité des entreprises s’exprime tout d’abord par des dons en nature : samedi dernier, Alpha Centauri Mining (ACM) a par exemple offert plus de quinze tonnes de denrées alimentaires à plus de 500 familles, et compte réaliser un don de 7,6K € (5 MXAF) de médicaments au profit du Centre médical de Ndjolé (CMN).

Ce sont parfois les sociétés qui fabriquent elles-mêmes les équipements prophylactiques nécessaires à la limitation de la propagation de l’épidémie. Inspirés par la décision gouvernementale de rendre obligatoire le port du masque, plusieurs entrepreneurs gabonais, tels que Nancy Elvire Dikigou Mbandinga, proposent désormais sur le marché de masques de protection «made in Gabon». Au Maroc, la société Prime Tech vient de développer la cabine de désinfection Safe Tube, une innovation 100 % marocaine conçue pour répondre aux condition d’hygiène nécessaires pour endiguer la pandémie.

L’aide apportée peut prendre d’autres formes : Didier Drogba, l’ex gloire de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, a choisi de mettre à disposition l’hôpital Laurent Pokou de sa fondation, situé à Attécoubé, pour servir de centre de dépistage de la commune.

D’autres acteurs contribuent financièrement à la lutte contre la pandémie, à l’instar de l’association des compagnies d’assurances du Mali, qui vient d’octroyer un chèque de 152 K€ (100 MXOF) en guise de soutien au gouvernement malien dans la lutte contre l’épidémie et ses conséquences, par l’intermédiaire du « Fonds Covid-19 » ouvert sur les livres de la Banque Malienne de Solidarité (BMS-sa), destinée à recueillir l’argent versé par les donateurs.

Maintes sociétés n’exerçant pas une activité « tech » n’hésitent pas à proposer des solutions innovantes pour répondre au défi de la crise actuelle. Ainsi, Axa Mansard, filiale au Nigeria du groupe français Axa Assurances, intronise son service de télémédecine pour mettre en relations patients et médecins, dans le contexte du confinement imposé à de nombreux pays du monde. Pour l'assureur, cette initiative sera l’occasion de positionner davantage son service en charge de l'organisation de prise en charge médicale, Axa Mansard Health, une activité de couverture de risque sanitaire qui fonctionne essentiellement comme un intermédiaire entre les potentiels demandeurs de soins de santé et les services médicaux.

AMIC

AMIC

Cabinets juridiques, sociétés de conseil et associations ne sont pas en reste. Au Maroc, l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) vient de lancer - en collaboration avec son réseau de professionnels gérants de fonds de private equity et d’experts renommés - l’initiative "AMIC SUPPORT TPME”, une plateforme de soutien aux micro, petites et moyennes entreprises marocaines affectées par la crise sanitaire, qui pourront ainsi bénéficier gracieusement des conseils des adhérents de l’AMIC. De son côté, Casablanca Finance City (CFC), une initiative financière marocaine visant à faire de Casablanca un hub financier régional, vient de publier, en collaboration avec les cabinets juridiques CWA, Nasrollah & Associés - Baker McKenzie, et l’éditeur de logiciels français Sopra Banking Software, une édition spéciale de sa série « Africa Insights » sous forme de guide pratique pour les employeurs en Afrique. Consacré aux effets de la crise sur les entreprises et aux questions les plus courantes concernant le droit du travail et de l’emploi en Afrique, le document apporte des éléments de réponse différenciés selon les pratiques dans dix pays africains : Maroc, Algérie, Afrique du Sud, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Nigeria, Rwanda, Sénégal et Tunisie.

Hydrocarbures : projet du lac Albert et de l’oléoduc East African Crude Oil Pipe Line / Total / Tullow Oil (Ouganda / France / Royaume-Uni)

Localisation du Lac Albert en Ouganda - © Central Intelligence Agency (CIA) / World Factbook

Localisation du Lac Albert en Ouganda - © Central Intelligence Agency (CIA) / World Factbook

Total acquiert la totalité de la participation de son partenaire britannique Tullow Oil (33,3 %) dans le méga-projet de développement pétrolier de Tilenga, situé sur le Lac Albert, en Ouganda, ainsi que dans le projet de l’oléoduc East African Crude Oil Pipe Line (EACOP), destiné à évacuer ce pétrole via la Tanzanie. Le géant des hydrocarbures déboursera 462 M€ (500 M$) à la finalisation de l’accord (après validation par les actionnaires, à savoir le chinois Cnooc et le gouvernement ougandais), et un second versement de 69 M€ (75 M$) interviendra lorsque les partenaires prendront la décision finale d’investissement du projet (voir fiche de l'opération sur CFNEWS IMMO & INFRA). Le P-dg du groupe tricolore coté, Patrick Pouyanné, a expliqué que cette opération s’inscrivait pleinement dans leur stratégie d’acquisition de ressources long-terme à bas coût, puisque le coût d’acquisition des actifs revient à moins de 1,8 € (2 $) par baril. Pour le cédant, lourdement endetté, la transaction lui permettra de se recentrer sur ses actifs les plus rentables. Numéro 1 de la distribution en Ouganda, Total, qui y emploie 233 salariés, devient le premier actionnaire du projet du Lac Albert, dont il était déjà le principal opérateur. L’acquisition des dernières parts de Tullow Oil constitue l’aboutissement d’un long processus, parsemé de plusieurs tentatives avortées. L’entreprise pétrolière et gazière devra cependant affronter l’opposition de plusieurs ONG françaises et ougandaises, déterminés à faire obstacle à cette exploitation, qui porterait selon elles atteinte à l'environnement et aux droits humains.

Fonds : Mediterrania Capital Partners (Espagne / Afrique du Nord et Afrique subsaharienne)

Fondé en 2008 par Albert Alsina, la firme de private equity espagnole Mediterrania Capital Partners dispose de bureaux à Abidjan, Alger, Barcelone, Le Caire, Casablanca et La  Vallette. - © Mediterrania Capital Partners

Fondé en 2008 par Albert Alsina, la firme de private equity espagnole Mediterrania Capital Partners dispose de bureaux à Abidjan, Alger, Barcelone, Le Caire, Casablanca et La Vallette. - © Mediterrania Capital Partners

Mediterrania Capital Partners, société de capital-investissement basée à Barcelone et dédiée à la croissance des PME en Afrique du Nord et Afrique subsaharienne, vient de réaliser le closing final de Mediterrania Capital III (MC III) à 286 M€ auprès d'institutions de financement du développement (dont le britannique CDC Group) et de family offices. Ce véhicule de huit ans qui suit une stratégie d’investissement minoritaire substantielle ou majoritaire, prend des tickets compris entre 10 et 30 M€ dans des PME d’Algérie, Égypte, Maroc et Tunisie, mais également du Sénégal, de Côte d'Ivoire et du Cameroun. Il privilégie les entreprises générant entre 20 et 300 M€ de revenus, bien implantées sur leurs marchés locaux et susceptibles de développer leurs activités au niveau régional, sur le continent africain. Lancé en 2017, MC III espérait mobiliser 250 M€ et a donc largement dépassé son objectif initial. 60 % du fonds a déjà été investi dans cinq sociétés : TGCC, leader marocain du BTP, Cofina, première institution de mésofinance en Afrique Centrale et de l'Ouest, Cairo Scan, principal acteur privé de services d’imagerie et de diagnostic médicaux en Égypte, Aziza, distributeur alimentaire de premier plan en Tunisie, et Akdital Holding, le plus grand réseau de cliniques privées du Maroc.

EnR : Qotto / Sowefund (Bénin / Burkina Faso / Afrique subsaharienne / France)

Qotto conçoit et commercialise des kits solaires autonomes pour répondre aux besoins des familles africaines en zone rurale, à l'instar de cet homme, M. Aouandjinou, qui peut regarder le foot avec ses amis grâce à son kit Qotto TV. - © Qotto

Qotto conçoit et commercialise des kits solaires autonomes pour répondre aux besoins des familles africaines en zone rurale, à l'instar de cet homme, M. Aouandjinou, qui peut regarder le foot avec ses amis grâce à son kit Qotto TV. - © Qotto

Le concepteur de kits solaires autonomes Qotto, basé à Neuilly-sur-Seine et axé sur l’Afrique où il est implanté à Cotonou (Bénin) et Ouagadougou (Burkina Faso), vient de finaliser une augmentation de capital de 2,24 M€, financée d’une part par une campagne de crowdequity auprès d’investisseurs particuliers sur la plateforme Sowefund, d’autre part par des business angels et plusieurs investisseurs historiques (voir fiche opération sur CFNEWS). Fondé en 2016 et dirigé depuis lors par Jean-Baptiste Lenoir et Fabrice de Gaudemar, Qotto a développé une offre dite « triple play » qui comprend un kit solaire autonome, un accès à Internet et un accès à des services financiers, interdépendantes techniquement et complémentaires, afin d’améliorer l’accès des populations africaines à l'électricité et à Internet, tout en favorisant le développement durable. Cette solution, déjà utilisée par plus de 15 000 personnes, a vu son efficacité reconnue par de nombreux acteurs majeurs du secteur, dont l’organisme Lighting Global de la Banque Mondiale et la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard. Grâce à cette levée de fonds, auquel s’ajoutent d’autres financements en dette et subventions (relire bulletin #79), la jeune pousse, qui compte doubler de volume d'affaires en deux ans, et vise pas moins de 40 M€ de revenus en 2026, sera en mesure de poursuivre son expansion géographique à travers le continent, où les équipes sur le terrain sont d’ailleurs d’ores et déjà en train de préparer la reprise, une fois la crise actuelle passée.

Agroalimentaire : Farming and Engineering Services / Phatisa / Norfund / Mbuyu Capital / DEG (Malawi / Maurice / Norvège / Royaume-Uni / Allemagne)

Selon son directeur Mike Aldworth, Farming and Engineering Services (FES) est passé, au fil des années, « d'un simple fournisseur d'équipements à un fournisseur de solutions agricoles intégrées ».- © FES

Selon son directeur Mike Aldworth, Farming and Engineering Services (FES) est passé, au fil des années, « d'un simple fournisseur d'équipements à un fournisseur de solutions agricoles intégrées ».- © FES

Farming and Engineering Services (FES), une entreprise basée au Malawi et spécialisée dans la fourniture d’équipements et solutions de de haute technologie destinés au secteur agricole, renouvelle son actionnariat en mobilisant de nouvelles ressources auprès du fonds de private equity Phatisa, basé à Maurice et disposant de bureaux à Londres, Johannesbourg, Nairobi, Lusaka (Zambie) et bientôt Abidjan. Le fonds mène cette opération par l’intermédiaire de son véhicule Phatisa Food Fund 2 (PFF2), qui réalise des investissements compris entre 14 et 24 M€ (15 et 25 M$) dans la chaîne de valeur alimentaire en Afrique. Le fonds norvégien d’investissement Norfund, la firme d’investissement britannique spécialisée dans les marchés africains Mbuyu Capital et l’institution financière de développement allemande DEG ont participé à ce tour de table dont le montant n’a pas été divulgué. Le consortium d’investisseurs a racheté la participation détenue par le premier véhicule d’investissement de Phatisa dans le capital de FES (African Agriculture Fund), les managers conservant toutefois leurs actions dans le capital de l’entreprise. Établie depuis 1967 au Malawi, celle-ci utilisera l’argent collecté pour soutenir sa croissance et son expansion en Afrique australe, et notamment renforcer son activité de fourniture d’équipements agricoles en Zambie, ainsi qu’acquérir des actifs de son concurrent BHBW Zambia.

Nomination - Banquiers : Bordier & Cie (Suisse / pays émergents)

Christian Skaanild, Bordier & Cie

Christian Skaanild, Bordier & Cie

Comptant 250 collaborateurs sur trois continents (Europe, Amérique latine et Asie), la banque d'affaires Bordier & Cieaccueille Christian Skaanild à Genève en qualité d'associé. Précédemment, il exerçait en tant qu'associé et responsable du Private Equity sur les marchés émergents et notamment africains au sein de l'américain Capital Group, l'un des plus importants gestionnaires d’actifs au monde, auquel il a consacré dix-huit ans à Londres, Tokyo, Singapour et Genève.

Événement :

Lubomir Roglev, DS Avocats

Lubomir Roglev, DS Avocats

  • 30 avril, 11-12h : webinaire « Covid-19 et vos filiales en Afrique », organisé par DS Avocats, qui inaugure une série de webinaires du cabinet français d'avocats d'affaires dans le contexte du Covid-19. Il sera animé par Lubomir Roglev, associé, responsable du desk Afrique et Seynabou Kandji, responsable du bureau de DS de Dakar. Cette session décryptera les mesures gouvernementales plus particulièrement au Sénégal, en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Mali, au Gabon et au Maroc. Parmi les thèmes abordés : les mesures sociales, les mesures fiscales, les mesures immobilières, la force majeure et contrats. Pour s'inscrire : esclapez@dsavocats.com

Ouvrage : Bâtisseurs d’Afrique

Issu de la collaboration entre I&P, Proparco et Nathalie Madeline, Bâtisseurs d'Afrique retrace les parcours de onze entrepreneurs africains. - © AFD

Issu de la collaboration entre I&P, Proparco et Nathalie Madeline, Bâtisseurs d'Afrique retrace les parcours de onze entrepreneurs africains. - © AFD

Un nouvel ouvrage consacré aux parcours de onze entrepreneurs africains vient d’être publié aux Éditions Eyrolles: Bâtisseurs d'Afrique, rédigé par l'auteure Nathalie Madeline, en collaboration avec le groupe d’investissement d’impact Investisseurs & Partenaires (I&P) et la filiale de l’AFD dédiée au secteur privé, Proparco. Qu’ils soient nés à Madagascar, au Sénégal, au Mali, en Mauritanie… ou en France, ces hommes et femmes dont le livre retrace le parcours, ont pour point commun d’avoir été financés et accompagnés par I&P. Malgré la diversité de leur aventure entrepreneuriale et des secteurs concernés - de l'agrobusiness à l’immobilier en passant par la santé et l'énergie - tous avaient pour objectif de rendre accessibles à tous des biens et services essentiels et de servir la communauté. Pour l'auteure et les partenaires de diffusion du livre, ces témoignages confirment plus que jamais, en cette période d'incertitudes liées à la pandémie, la nécessité de penser des modèles économiques respectueux de l'homme et de l'environnement, et le rôle majeur joué par ces initiatives entrepreneuriales dans le développement du continent africain.

Et aussi...

  • Disruptech, un fonds d’investissement égyptien de 23 M€ (25 M$) lancé début avril 2020 par Mohamed Okasha, ancien directeur général de la société de paiement Fawry, réalise deux premiers investissements en Égypte : une prise de participation dans la fintech Khazna, constituée en 2019, et dans la plateforme de commerce Brimore, fondée en 2017 et mettant en relation des fournisseurs de produits de première nécessité avec un réseau de distributeurs individuels.
  • À compter du 1er juillet prochain, Frédéric Desprez deviendra directeur courtage et directeur général du hub de Paris d’Allianz Africa. Depuis 2017, il était directeur général d’Allianz Cameroun Vie et Non-Vie.
  • La fintech Okra, fondée en 2019 par la nigériane Fara Ashiru Jituboh et son associé David Peterside, et qui offre un portail sécurisé d’échange d’informations financières entre les banques et leur clientèle, lève 920 K€ (1 M$) auprès de TLcom Capital, un VC londonien axé sur l’Afrique subsaharienne.
  • Placée en redressement judiciaire, la compagnie aérienne nationale de Maurice, Air Mauritius, passe sous administration provisoire du cabinet Grant Thornton.
  • Le britannique InfraCo Africa, qui mobilise des investissements pour des projets d’infrastructures en Afrique subsaharienne, engage 6,9 M€ (7,5 M$) pour le développement du projet Liberia Inland Storage Facility (LISF), dont il devient l’actionnaire majoritaire. Dans le cadre de ce premier investissement au Liberia, la société financera la construction d’espaces d’entreposage et de stockage modernes disposant de systèmes de gestion de stocks.

Bonne fin de semaine. Exceptionnellement, la prochaine chronique paraître le lundi 4 mai.

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