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Asie : Total, Eider, le PB6, ESR, Huawei, PayPal, WeWork...


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© Total

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GNL : Total / Adani (France / Inde)

Fort de 183 Md€ de revenus, le pétrolier coté Total renforce sa présence dans le secteur gazier en Inde, en s’alliant au conglomérat local Adani, basé à Ahmedabad et actif dans la production d'électricité et les terminaux portuaires, la logistique, l'agribusiness. D’une part, le partenariat entre Adani (50 %) et Total (50 %) concerne deux terminaux d’importation et regazéification de GNL, le terminal de Dhamra à l’Est de l’Inde et potentiellement le terminal de Mundra à l’Ouest du pays. D’autre part, Total va acquérir une participation de 37,4 % dans le distributeur de gaz Adani Gas Limited, coté à Mumbai (National Stock Exchange - NSE), dans lequel Adani détient aujourd’hui 74,8 %. Pour atteindre 37,4 %, le pétrolier tricolore lancera dans un premier temps une OPA pour acquérir jusque 25,2 % du capital et achètera dans un deuxième temps les actions complémentaires directement auprès de la famille Adani. Total et la famille Adani détiendront à terme 37,4% chacun, les 25,2% restants étant détenus par le public. Les détails financiers de l'opération n'ont pas été communiqués. Sur la base de la capitalisation boursière actuelle d'Adani Gas (près de 1,942 Md€), une participation de 37,4 % coûterait environ 56,77 milliards de roupies indiennes (726,4 Md€). Adani Gas Limited étendrait sa distribution de gaz dans les dix prochaines années à travers les 38 concessions détenues couvrant 7,5% de la population du pays et de commercialiserait le gaz naturel à des clients industriels, commerciaux et résidentiels. Sur l’ensemble des deux projets, Total estime un coût d’environ 600 M$ (environ 540 M€) sur les années 2019-2020, en comptant tenu de la cession des intérêts dans le terminal GNL de Hazira en Inde à Shell intervenue début 2019, dont le montant restant confidentiel (lire aussi notre chronique précédente).

La consommation de gaz en Inde ne représente aujourd’hui que 7 % de la consommation énergétique qui a cru au cours des trois dernières années de plus de 5 % par an. L’Inde s’est fixé pour objectif ambitieux d’augmenter la part du gaz naturel à 15 % de son mix énergétique d’ici 2030.

Outdoor : Eider / Lafuma / K2 (Suisse / France / Corée du Sud)

© Eider

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A la tête des trois marques, Millet, Lafuma et Eider, Millet Mountain Group, filiale du groupe Lafuma - elle-même affiliée (87,7 %) au groupe suisse cotée Calida Group - a reçu une offre du groupe sud-coréen K2 sur sa marque Eider. Fondée en 1962 et acquise par Lafuma en 2008, la marque Eider se positionne principalement sur le segment haut de gamme du ski. Le groupe K2, déjà distributeur exclusif d'Eider en Corée du Sud, se spécialise également pour sa part dans le secteur outdoor dans son pays. Aucun détail financier n’est encore divulgué et cette cession pourrait intervenir au cours du premier trimestre de l’an prochain. Les trois marques Millet, Lafuma et Eider ont généré 101,4 M€, représentant une hausse de 6,4 %, pour un résultat opérationnel de 23,2 M€, soit 7,7 % de plus par rapport aux chiffres de l’an précédent.

Energie : Total / Zhejiang Energy Group (France / Chine)

Total a conclu un autre accord en Aise. Il s’associe à l’entreprise publique chinoise Zhejiang Energy Group (ZEG) pour créer une JV dédiée à l’approvisionnement et à la fourniture de carburants marins à bas taux de soufre dans la région de Zhoushan, près de Shanghai. Total China Investment (TCI) détiendra 49 % des parts de la nouvelle coentreprise et Zhejiang Zheneng Petroleum New Energy (ZZPNE), filiale de ZEG, disposera du capital restant. La région de Zhoushan, l’un des plus importants hubs de fret maritime du monde en termes de tonnage, englobe notamment les ports de Ningbo et de Shanghai.

Immobilier : PB6 / GIC (France / Signapour)

© parisladefense.com

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Le fonds souverain GIC, gérant plus de 100 Md$, a acquis auprès de CNP Assurances la tour PB6 à La Défense pour près de 550 M€. Occupée entièrement par EDF, la cible totalise une superficie de 60 000 mètres carrés sur 40 étages. La gestion est confiée à BauMont Real Estate Capital. C'est du jamais vu sur le marché parisien des bureaux. Les investisseurs asiatiques, notamment les sud-coréens, ont remporté quasi tous les plus grands appels d'offres du semestre (lire aussi l’enquête sur notre site www.cfnewsimmo.net : La fulgurante ascension des Sud-Coréens dans la capitale).

Services financiers : Huawei (Chine)

Huawei, équipementier en télécoms et fabricant de smartphones, a émis une obligation d'une valeur de 3 milliards de yuans (423 M$) d'une maturité de 3 ans. C’est la première fois que Huawei se lance sur le marché obligataire chinois onshore, alors qu’il se finançait jusqu'à présent sur le marché offshore en dollar américain. L’opération est la première des deux tranches de 3 milliards de yuans chacune, faisant partie d’une émission d’un montant total de 20 milliards de yuans (2,82 Md$). ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) a agi comme coordinateur global de l'émission, de plus il est intervenu en tant que teneur de livre associé. La cotation sera réalisée fin de cette semaine sur la plateforme de Shanghai Clearing House.

Immobilier : ESR (Chine)

ESR (e-Shang Redwood), la plus grande plateforme immobilière logistique en Asie-Pacifique, devrait s’introduire bientôt sur la place boursière de Hong Kong (HKEx). Elle compterait vendre 653,7 millions de titres sur HKEx au prix d’une fourchette entre 16,2 et 17,4 HK$, pour une capitalisation de 6,3 à 6,7 Md$. CLSA et Deutsche Bank sont co-listing sponsors. Malgré à un prix en fourchette base, le montant de levée pourrait atteindre 1,35 Md$ grâce à une option de sur-allocation de 15 %, faisant l’opération la deuxième plus importante IPO à Hong Kong. La plus grosse IPO de cette année à Hong Kong était celle de AB InBev Asia, ayant réuni 5,75 Md$ en septembre dernier (lire aussi notre chronique précédente). Basé à Hong Kong et issu de la fusion d'e-Shang et Redwood, ESR compte de nombreux actionnaires de renom comme Warburg Pincus (38 %) et JD Logistics (8 %) etc. À la tête de 15 millions de mètres carrés, la plateforme ESR exploite des actifs essentiellement en Chine, au Japon, à Singapour, en Corée du Sud, Inde et Australie, représentant une valeur totale d'environ 20 Md$. Pour mémoire, au début de l’année, AXA Investment Managers - Real Assets (Axa-IM RA) s’était allié à ESR pour s’emparer d’un portefeuille de 6 actifs logistiques au Japon pour plus de 100 milliards de yens (environ 800 M€) (lire aussi notre chronique précédente ).

Fintech : PayPal / GoPay (Etats-Unis / Chine)

Le pionnier de la fintech PayPal a reçu le feu vert de de la Banque centrale de Chine pour une prise de participation majoritaire de 70 % dans GoPay auprès du conglomérat aérien HNA Group. Ce succès a aidé le groupe américain à obtenir les licences pour les transactions en ligne, mobiles, domestiques et cross-border, détenues par GoPay, faisant PayPal l'un des premiers acteurs étrangers de paiement en ligne et mobile en Chine avec Apple Pay. PayPal y affrontera les acteurs locaux comme AliPay et WeChat Pay, qui captent respectivement 53,8 % et 39,9 % des parts de marchés (statistiques d’iReseacher). Le marché chinois du paiement mobile représentait environ 277 000 milliards de yuans (39 000 Md$) de transactions l’an dernier, d’après les chiffres de la banque centrale chinoise.

Services aux entreprises : WeWork / SoftBank (Etats-Unis / Japon)

Après l’IPO reportée de WeWork, SoftBank, le plus important actionnaire de l’entreprise de coworking, n’a plus confiance en Adam Neumann, cofondateur et dirigeant de WeWork. Le conglomérat télécom japonais réinjecte 5 Md$ et entendrait lancer une offre d’achat d’un montant maximal de 3 Md$ pour en détenir à terme 80 %. Et Adam Neumann, poussé vers la sortie, cèdera environ un tiers de ses actions pour 1 Md$, selon le Wall Street Journal. Pour mémoire, SoftBank et son méga-fonds SoftBank Vision, gérant près de 100 Md$, avait déjà injecté progressivement plus de 10 Md$ dans l’affaire. Fondé en 2010, WeWork, toujours déficitaire, a enregistré une perte de 1,9 Md$ pour un chiffre d’affaires de 1,82 Md$. Selon des analystes, WeWork serait rentable dans 10 ans. Avant l’été dernier, la société était valorisée 47 Md$ selon un document de SoftBank. Mais les investisseurs du Wallstreet n’ont pas été convaincus par son business plan. Le projet d’introduction en Bourse a été ajourné et la valorisation s’est effondrée à moins de 8 Md$, contre 3,5 Md£ de capitalisation boursière de son concurrent Regus, déjà rentable. Une grande restructuration sera menée, certains actifs considérés moins stratégiques vont être mis en vente, un plan de licenciement massif devrait aussi être mis en œuvre, touchant environ 15 % des 12 500 salariés.

Et aussi :

Le géant chinois des batteries Contemporary Amperex Technology (CATL), basé à Ningde (province du Fujian) et coté à Shenzhen, vient de poser la première pierre de son usine européenne. Spécialisé dans la production des cellules pour batteries à destination du marché des véhicules électriques, le chinois avait pour rappel officialisé l’été dernier le projet de sa première usine de batteries à la commune d’Arnstadt, située au sud d’Erfurt en Allemagne. Le fournisseur de nombreux constructeurs et équipementiers automobiles - parmi lesquels BMW, Daimler, Hyundai, PSA, Renault, Toyota, Volkswagen et Volvo -, entendrait embaucher 2 000 salariés pour cette usine.

Bonne semaine !

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