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Afrique #72 : Bridgeo, Digital Africa, Copia Global, Energy Entrepreneurs Growth Fund...


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Premier partenaire Sage en Afrique centrale, mais actif également en Afrique de l'Est et sur le reste du continent, Bridgeo (ex CPL Consulting) rejoint le giron du français GFI Informatique. - © Bridgeo

Premier partenaire Sage en Afrique centrale, mais actif également en Afrique de l'Est et sur le reste du continent, Bridgeo (ex CPL Consulting) rejoint le giron du français GFI Informatique. - © Bridgeo

Logiciel & services informatiques : Bridgeo / GFI Informatique (Cameroun / France)

Le français GFI Informatique, acteur de référence des services informatiques à valeur ajoutée et des logiciels, poursuit son développement sur le marché du secteur numérique africain avec l’intégration - pour un montant non divulgué - du camerounais Bridgeo, leader de l’implémentation des solutions Sage en Afrique centrale (voir fiche de l'opération sur CFNEWS). Une fois cette transaction finalisée, la cible sera rebaptisée GFI Central Africa et élargira ses offres aux logiciels et autres services informatiques à valeur ajoutée développés par le groupe tricolore. Fondée en 1996 à Douala sous le nom « CPL Consulting », elle a engrangé en 2018 4 M€ de revenus avec une trentaine de collaborateurs, et dispose depuis l’an dernier d’un bureau à Versailles, tout près de l’éditeur Sage. Au Cameroun, le nouveau hub régional priorisera ses offres de services digitaux à l’administration publique, en retard dans le domaine, comme l’a souligné Jean Bertin Taffou, son directeur général. L’acquisition de Bridgeo fait suite au rapprochement de GFI en 2018-2019 avec le tunisien Cynapsys et les marocains Value Pass et Capital Consulting (relire bulletins #14, #28 et #51 ainsi que l’article Double acquisition pour GFI Informatique au Maroc sur CFNEWS). Cherchant à se développer sur le continent avec des implantations sous forme de hubs régionaux, au Maghreb mais aussi au Sénégal et en Côte d’Ivoire, puis désormais au Cameroun, le groupe IT dirigé par Vincent Rouaix a réalisé un chiffre d’affaires de 1,4 Md€ l’an dernier dont 50 M€ en Afrique. Présent dans vingt-deux pays, il emploie 22 000 collaborateurs, dont un millier sur le continent où il revendique 400 clients.

Nouveau fonds : Digital Africa / AFD / Proparco (Afrique / France)

C'est à l'occasion de la troisième édition d'Emerging Valley, sommet international pour se connecter avec les acteurs de la tech africaine, que l'AFD a annoncé le lancement de son véhicule d'amorçage Digital Africa. - © Emerging Valley

C'est à l'occasion de la troisième édition d'Emerging Valley, sommet international pour se connecter avec les acteurs de la tech africaine, que l'AFD a annoncé le lancement de son véhicule d'amorçage Digital Africa. - © Emerging Valley

Digital Africa - © AFD

Digital Africa - © AFD

L’Agence Française de Développement (AFD) complète son offre de soutien aux start-up numériques africaines avec le lancement du véhicule d’amorçage Digital Africa, doté de 15 M€. S’intégrant à la fois dans l’initiative-cadre Choose Africa (lancée en mars 2019 et qui prévoit de consacrer 2,5 Md€ au financement des entreprises africaines d'ici 2022) et Emerging Valley (la plateforme d’innovations émergentes entre l’Europe et l’Afrique qui a tenu sa troisième édition à Aix-Marseille début décembre), ce dispositif d'accompagnement et de financement couvre quarante-cinq pays et permettra aux jeunes pousses d’accéder à un soutien financier pouvant aller jusqu’à 300 K€ via des partenaires locaux de l’AFD (voir fiche du véhicule sur CFNEWS). Sa gestion sera confiée à des institutions financières partenaires de l’agence, telles que GreenTec Capital Africa Foundation, l’association Entrepreneurs & Partenairesou encore le consortium Mercy Corps Europe / Suguba. À travers son réseau, l’écosystème Digital Africa est présent dans 170 hubs d’innovation et incubateurs, et compte soixante partenaires engagés sur le continent. L’AFD soutient déjà activement l’innovation numérique en Afrique via des initiatives comme le concours de start-up AFD Digital Challenge, les programmes d’accélération Afric’innov, AFIDBA, et le Social and Inclusive Business Camp (SIBC).

Parallèlement, sa branche dédiée au secteur privé, Proparco, s’apprête à mettre sur pied un nouveau fonds d’investissement consacré aux PME africaines qui ciblera une taille de 100 à 150 M€. La filiale de l’AFD a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour cette initiative défendue par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, qui a expliqué : « Nous avons décidé de faire de l'investissement en private equity l'un des piliers de notre offre de financement en Afrique. L'engagement de Proparco pourrait permettre à un plus grand nombre d'investisseurs privés de faire le grand saut et de répondre aux besoins de financement des PME africaines ». Visant à attirer des investisseurs privés et un gestionnaire français et/ou européen sur le marché du capital-investissement en Afrique, ce projet souhaite s’appuyer sur les écosystèmes d'investissement français et européen pour développer une nouvelle offre de private equity sur le continent, et ainsi essayer de combler le fossé entre les gestionnaires de fonds de capital-investissement africains et européens, les uns ayant une connaissance approfondie de l'environnement commercial et réglementaire et les autres un accès important aux financements.

E-commerce : Copia Global / Goodwell Investments (Kenya / Pays-Bas)

Copia Global fournit divers produits de consommation à des populations résidant dans des zones enclavées et n’ayant pas accès à des supermarchés et grandes surfaces de commerce. © Copia Global

Copia Global fournit divers produits de consommation à des populations résidant dans des zones enclavées et n’ayant pas accès à des supermarchés et grandes surfaces de commerce. © Copia Global

Le site de e-commerce kényan Copia Global bénéficie d’un apport financier de 23,5 M€ (26 M$) à l’occasion d’un tour de table mené par le néerlandais Goodwell Investments, qui se renforce ainsi au capital après avoir déjà injecté 1,8 M€ (2 M$) dans l’entreprise en début d’année. Le family office californien Nimble Ventures, le gestionnaire britannique Perivoli Innovations, le fonds à impact britannique LGT Lightstone et le VC new yorkais Endeavor Catalyst ont également participé à cette levée de fonds au profit de la société fondée en 2013 par deux vétérans de la Silicon Valley, Tracey Turner et Jonathan Lewis. Utilisant le mobile pour desservir des personnes vivant dans des zones enclavées et n’ayant pas accès à des supermarchés et grandes surfaces de commerce, la pépite africaine entend poursuivre sa croissance au Kenya puis dans la sous-région est-africaine grâce à ces nouvelles ressources. Elle dessert actuellement plus de 180 000 consommateurs dans des zones rurales du pays à travers son réseau comprenant plus de 5 000 points de distribution, et cible un marché plus large de trois millions de consommateurs à revenus faibles dans des pays en développement.

Nouveau fonds - EnR : Energy Entrepreneurs Growth Fund / Shell Foundation / FMO / Triple Jump / Persistent (Afrique subsaharienne / Royaume-Uni / Pays-Bas / Suisse)

Zonful Energy, spécialiste des EnR off grid au Zimbabwe - © Zonful Energy

Zonful Energy, spécialiste des EnR off grid au Zimbabwe - © Zonful Energy

La Shell Foundation, une organisation caritative britannique et la FMO, la banque néerlandaise de développement entrepreneurial, lancent un nouveau fonds : le Energy Entrepreneurs Growth Fund (EEGF), qui vient de réaliser un premier closing à 40,6 M€ (45 M$), avec pour objectif une taille finale de 108 M€ (120 M$). Il aura vocation à fournir un financement catalyseur aux entreprises d'Afrique subsaharienne en phase de démarrage ou de croissance qui opèrent dans le secteur énergétique hors réseau (off grid), et contribuera ainsi à combler le déficit de financement qui empêche aujourd'hui ces sociétés d’atteindre une taille suffisante pour en faire bénéficier des millions de consommateurs. Combiné à une assistance technique, l’EEGF financera plus de vingt-cinq sociétés, à la fois en fonds propres, en mezzanine et en dette. Triple Jump, un gestionnaire d'investissement à impact basé à Amsterdam, agira en tant que gestionnaire de portefeuille tandis que Persistent, une société suisse de capital-risque et capital-investissement, spécialisée dans le secteur hors réseau, sera le conseiller en investissement du véhicule.

Services financiers : Migo / Valor Capital Group (Nigeria / Brésil / États-Unis)

L'équipe dirigeante de la fintech Migo - © Migo

L'équipe dirigeante de la fintech Migo - © Migo

La fintech californienne Migo (ex Mines), fondée en 2013, réunit 18 M€ (20 M$) lors d’un tour de table de série B mené par le VC brésilien Valor Capital Group afin d’accroître son activité de prêt en ligne au Nigeria et de pénétrer pour la première fois le marché brésilien. Les investisseurs historiques, notamment le VC américain The Rise Fund et le néerlandais Velocity Capital, ont réinjecté des capitaux à l’occasion de cette nouvelle levée qui fait suite à une série A de 11,7 M€ (13 M$) en août 2018. La société dirigée par Ekechi Nwokah ambitionne de mettre à la disposition des grandes entreprises, établissements de crédits et opérateurs télécoms, des prêts en ligne destinés aux populations à faibles revenus et non bancarisées. Affirmant avoir déjà accordé, entre 2013 et 2017, plus de 2,7 M€ (3 M$) à près d’un million de clients via son réseau de partenaires, elle prévoit de lever entre 9 et 14 M€ (10 et 15 M$) supplémentaires d’ici la fin de l’année pour poursuivre son développement dans d’autres marchés émergents.

Services financiers : Cash Plus / Richbond (Maroc / Afrique francophone)

Fondé en 2004, Cash Plus Cash permet de réaliser des transfert d'argent au Maroc et de recevoir de l'argent de l'étranger grâce à des partenaires comme Western Union et MoneyGram. © Cash Plus

Fondé en 2004, Cash Plus Cash permet de réaliser des transfert d'argent au Maroc et de recevoir de l'argent de l'étranger grâce à des partenaires comme Western Union et MoneyGram. © Cash Plus

Le spécialiste marocain du transfert d’argent Cash Plus accueille parmi ses actionnaires le groupe Richbond, fondé en 1965 à Casablanca par la famille Tazi, et considéré comme l’un des fleurons de l’économie marocaine avec 140 M€ (1,5 MdMAD) de chiffre d’affaires. Séduit par la la volonté de la fintech d’étendre ses activités à l’international, le groupe opérant dans le textile, l’immobilier, l’agroalimentaire, la logistique et l’hôtellerie s’est laissé convaincre de faire entrer un nouveau secteur dans son portefeuille, en prenant une participation de 40 % dans Cash Plus. La famille fondatrice Amar en conserve 40 %, tandis que le solde est détenu par le fonds Mediterrania Capital Partners. Créé en 2004 et employant deux mille salariés au sein de plus de 1 600 agences de transfert d’argent au Maroc et de réception d’argent de l’étranger (via Western Union, Moneygram, Ria, ou encore Money Exchange), le spécialiste marocain s’est associé à des partenaires locaux pour s’implanter sur le reste du continent, où les négociations sont d’ores et déjà bien avancées dans trois pays francophones. Son directeur général, Hazim Sebbata, s'est montré confiant dans l'aide que le groupe Richbond, qui s’est déjà installé dans huit pays subsahariens, pourrait lui apporter dans cette démarche d’expansion.

Fonds : Fonds Africain de Développement / États africains (Afrique)

Fonds Africain de Développement (FAD)

Fonds Africain de Développement (FAD)

Pour son quinzième réapprovisionnement depuis sa création en 1972, le Fonds Africain de Développement (FAD), géré par la Banque Africaine de Développement (BAD), vient de récolter 6,86 Md€ (7,6 Md$) auprès de trente-deux pays contributeurs pour aider au développement des trente-sept pays africains les plus pauvres. Cette somme permettra notamment de cofinancer le mégaprojet d’énergie solaire trans-sahélien « Desert to power », de soutenir les secteurs privés, l’égalité des genres et le développement d’infrastructures. Au cours des neuf dernières années, le FAD a permis l’amélioration de l’accès à l’électricité pour 10,9 millions d’Africains, l’accès à des infrastructures agricoles et intrants pour 90 millions de personnes, l’amélioration de l’accès aux marchés et connections entre pays pour 66,6 millions de personnes, la réhabilitation de 2 300 kilomètres de routes transfrontalières, ainsi que l’amélioration de l’accès à l’eau et des infrastructures d’assainissement pour 35,8 millions d’individus.

Événements :

  • Paris 13ème (siège du journal Le Monde, 80 boulevard Auguste-Blanqui), 13 décembre (8h45-10h) : table-ronde « Le numérique peut-il vraiment sauver l’Afrique ? » animée par trois spécialistes de la transformation numérique du continent, Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures, Adama Bari Diallo, directrice des partenariats du programme Next Billion Users de Google et Rania Belkahia, dirigeante co-fondatrice d’Afrimarket.
  • Lille, 17 décembre (10-16h30) : deuxième édition du Forum Acteurs de l’énergie pour l’Afrique en présence de Dona Jean-Claude Houssou, ministre de l’Énergie de la République du Bénin. Cette nouvelle édition qui s’articule autour des thématiques de l'innovation, la formation et l'entrepreneuriat sera l'occasion de faire un focus sur le projet « Sèmè City, ville intelligente et durable », au Bénin, porté par la Région Hauts-de-France et la commune de Semè-City, et soutenu par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères dans le cadre de l’appel à projets « Ville Durable en Afrique ».

Et aussi...

  • Près d’un an après le closing final de Partech Africa à 125 M€ (relire bulletin #37 et article Partech boucle son fonds Afrique sur CFNEWS), le véhicule dédié à l’early stage sur le continent a enrichi son portefeuille qui compte désormais neuf start-up. En dehors de TradeDepot, Yoco et Kudi, les six autres sociétés - qui ont choisi de conserver leur anonymat - bénéficient pour la première fois du soutien financier de Partech Africa. Actives dans les services financiers, le commerce informel et la distribution, le support client, la logistique, l’éducation et la santé, ces dernières sont réparties au Nigeria, en Afrique du Sud et dans quatre autres pays de l’Ouest, de l’Est et du Nord. La moitié de ces transactions sont comprises entre 2,7 et 6,3 M€ (3 et 7 M$).
  • En Algérie, la société publique des hydrocarbures (Sonatrach) va exercer son droit de préemption à l’accord de cession d'actifs africains de la société américaine Anadarko au géant pétrolier français Total(relire bulletin #50), arguant d’une incompatibilité de la transaction avec le droit positif algérien.
  • L'institution suédoise de financement du développement, Swedfund, injecte 13,5 M€ (15 M$) dans le troisième véhicule de la société de private equity britannique African Development Partners qui réalise ainsi son premier closing.
  • Dans l’affaire de la concession du terminal à conteneurs du port de Douala, la justice camerounaise conforte le groupement AMP / Bolloré à travers sa filiale Douala International Terminal (DIT) dans la gestion de cette infrastructure, au détriment de l’italo-suisse Til sur lequel le Port Autonome de Douala (PAD) avait jeté son dévolu.
  • Le groupe coté tricolore Eramet décroche les permis de rutile d’Akonolinga, dans la région du centre du Cameroun, et concrétise ainsi son intérêt pour les sables minéralisés.
  • L’opérateur égyptien de satellites de télécommunications Nilesat vient de confier au français Thales Alenia Space la construction du satellite de télécommunications géostationnaire Nilesat-301.
  • Le groupe bancaire Société Générale va prochainement déployer une offre d’assurance-vie en Tunisie, où sa filiale opère depuis 1964 dans la banque universelle.
  • Un nouvel accélérateur de projets à impact verra le jour au Cap en vue de soutenir l’innovation et protéger nos océans : OceanHub Africa lancera son programme début 2020 avec une première promotion de six start-up locales.
  • Le zambien Goldenlay va renforcer son activité de production et distribution d’œufs de consommation grâce à un apport financier de l’investisseur britannique AgDevCo qui réalise ainsi son premier et dernier engagement de l’année dans le secteur agroalimentaire en Zambie.
  • Précédemment directrice de la communication et du sponsoring pour la direction Afrique et Moyen-Orient du groupe Orange, la sénégalaise Nafissatou Dia prend la direction de la communication et de la responsabilité sociétale du groupe francilien CFAO, acteur majeur de la distribution spécialisée en Afrique et dans les collectivités territoriales françaises d’Outre-Mer.

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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    Digital Africa
  • Société de gestion PROPARCO

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