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Afrique #77 : NCA Rouiba, Naivas, CDC Group, Skynamo, Azito...


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NCA Rouiba passe sous le giron de Castel et quitte la Bourse d'Alger. - © NCA Rouiba

NCA Rouiba passe sous le giron de Castel et quitte la Bourse d'Alger. - © NCA Rouiba

Bourse - Agroalimentaire : NCA Rouiba / Castel (Algérie / France)

Comme évoqué en début de mois (relire bulletin #74), le mastodonte français des boissons Castel, via sa filiale Brasseries internationales Holding (BIH), va devenir l’actionnaire majoritaire du producteur algérien coté de jus de fruits NCA Rouiba (ex La Nouvelle Conserverie Algérienne). Cette prise de contrôle, désormais officialisée, passe par une augmentation de capital et vise à sauver de la faillite le fleuron algérois, confronté à un choc de trésorerie sans précédent en raison de difficultés de gestion internes, combinées à un marché en surchauffe et à la faiblesse de la croissance du pays (voir fiche de l'opération sur CFNEWS). Fondé en 1966, NCA Rouiba a réalisé 45 M€ (5,9 MdDZD) de chiffre d’affaires en 2018. Essentiellement connu en Afrique pour ses bières, le géant tricolore signe, avec cette opération, un retour en force sur le marché des boissons fruitées. Dès le mois dernier, un premier accord a permis le déblocage d’un financement d’urgence de 7,1 M€ (945 MDZD) en faveur du groupe dirigé par Slim Othmani, l’un des fils du fondateur. Suite à l’augmentation de capital de NCA Rouiba - largement réservée à BIH - sa direction générale a été confiée à Lotfi Kadaoui, jusque-là responsable des opérations de Castel en Algérie. Slim Othmani conserve toutefois la présidence du conseil d’administration de la société. Celle-ci devrait par ailleurs entamer un processus de retrait de la cote algéroise. La radiation de ses actions de la Bourse des valeurs d’Alger devrait intervenir avant la finalisation de son augmentation de capital.

Distribution : Naivas / Amethis (Kenya / Luxembourg)

Confronté à des difficultés, Naivas se tourne vers l'étranger en cédant 30 % de son capital au fonds luxembourgeois Amethis, mais les fils du fondateur Peter Mukuha Kago conserveront la majorité de l'actionnariat. - © Naivas

Confronté à des difficultés, Naivas se tourne vers l'étranger en cédant 30 % de son capital au fonds luxembourgeois Amethis, mais les fils du fondateur Peter Mukuha Kago conserveront la majorité de l'actionnariat. - © Naivas

Le fonds luxembourgeois Amethis, dédié aux investissements responsables à long terme en Afrique et gérant plus de 725 M€, prend une participation de 30 % dans la chaîne de supermarchés kényane Naivas via son deuxième véhicule d’investissement. Le montant de la transaction demeure confidentiel, mais Amethis Fund II a vocation à soutenir des entreprises africaines de taille moyenne avec des tickets allant de 10 à 40 M€, ou davantage par co-investissement. Totalisant une soixantaine de magasins à travers le Kenya, le groupe de distribution, né en 1990 et actuellement dirigé par David Kimani, souhaite agrandir son réseau de supermarchés et professionnaliser ses activités. Disposant de cinq bureaux à Paris, au Luxembourg et sur le continent à Abidjan, Casablanca et Nairobi, Amethis est présent au Kenya dans les secteurs bancaire (Chase Bank), alimentaire (Kenafric) ainsi que dans le domaine de l’impression et du packaging (Ramco). Le fonds lancé en 2012 par deux Français, Luc Rigouzzo et Laurent Demey, en partenariat avec Edmond de Rothschild Private Equity, devient ainsi le premier investisseur externe de Naivas, dans un contexte de difficultés financières pour celui-ci.

Fonds & banques : Adiwale / Mediterrania Capital Partners / TL.com TIDE Africa / Mettle Solar Africa / Absa / CIB of Egypt / TDB / CDC Group (Côte d’Ivoire / Espagne / Royaume-Uni / Afrique du Sud / Égypte / Maurice / Afrique)

CDC Group

CDC Group

Actualité chargée pour Commonwealth Development Corporation (CDC Group). L’agence d’investissement étranger du gouvernement britannique fait beaucoup parler d’elle en ce début d’année. À l’occasion du Sommet Royaume-Uni - Afrique du 20 janvier à Londres, elle a annoncé la signature d’une série de nouveaux partenariats pour un total de près de 360 M€ (400 M$).

Parallèlement à son engagement de 17,3 M€ (19,2 M$) au sein du véhicule de private equity Verod Fund III (relire bulletin #75), elle a récemment injecté 18 M€ (20 M$) dans un autre fonds de capital-investissement centré sur la région ouest-africaine, Adiwale Fund I, basé à Abidjan en Côte d’Ivoire. Alors que Verod Fund III se concentre sur des PME à croissance moyenne en Afrique de l’Ouest anglophone, Adiwale Fund I cible leurs consœurs francophones, essentiellement en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, au Togo, au Bénin et en Guinée.

Deux autres fonds ont bénéficié d’investissements du groupe britannique, toujours dans l’optique de financer des PME : le fonds Mediterrania Capital Partners pour son troisième véhicule, à hauteur de 25 M€ (27,5 M$), et TL.com TIDE Africa, un VC soutenant les entreprises d’Afrique subsaharienne dans le domaine de la technologie et de l’innovation, qui a quant à lui obtenu 13,6 M€ (15 M$).

Soucieux d’accélérer le déploiement des EnR, CDC a investi 18 M€ (20 M$) dans le véhicule sud-africain Metier Sustainable CapitalII, axé sur les énergies renouvelables en Afrique subsaharienne (relire bulletin #76), et conclu un accord de dette de 9 M€ (10 M$) avec Mettle Solar Africa (basé au Cap), pour accélérer le déploiement de l’énergie solaire en Afrique du Sud et en Namibie.

Les nouveaux accords comprennent aussi un prêt de financement commercial de 91 M€ (100 M$) pour la banque sud-africaine Absa, un protocole d’accord pour affecter le même montant de 91 M€ à la CIB of Egypt ou encore un accord de financement commercial de 68 M€ (75 M$) avec la banque mauricienne Trade and Development Bank (TDB) destiné à appuyer les prêts bancaires aux PME de trente-deux pays africains.

Enfin, l’agence britannique s’est engagée à investir en Afrique un total de 2,4 Md€ (2 Md£) au cours des deux prochaines années, ce qui la conduirait à doubler la taille de son portefeuille sur le continent. Principal objectif : fournir aux banques africaines une plus grande liquidité pour soutenir les TPE et PME. Se targuant d’être le principal investisseur bilatéral du développement sur le continent, CDC Group affirme avoir fourni plus de 10 % de tous les capitaux investis par le biais de capital-investissement axé sur l’Afrique, et investi dans plus de 700 entreprises employant au total 370 000 personnes sur le continent en 2018.

Logiciels : Skynamo / Five Elms Capital (Afrique du Sud / États-Unis)

Les équipes de vente sur le terrain qui utilisent l'application mobile de Skynamo doublent généralement - voire triplent - le nombre de clients qu'elles visitent par semaine et augmentent leur chiffre d'affaires jusqu'à 20 % la première année. – © Skynamo

Les équipes de vente sur le terrain qui utilisent l'application mobile de Skynamo doublent généralement - voire triplent - le nombre de clients qu'elles visitent par semaine et augmentent leur chiffre d'affaires jusqu'à 20 % la première année. – © Skynamo

Le fournisseur sud-africain de technologies de vente sur le terrain Skynamo (ex Honeybee CRM), fondé en 2012 et employant plus de soixante-cinq personnes en Afrique du Sud, aux États-Unis et au Royaume-Uni, lève 27 M€ (30 M$) en série A auprès de l’américain Five Elms Capital, un important investisseur du secteur des logiciels B2B, afin d’accélérer l'adoption de son application mobile de vente et de sa plateforme de gestion de la clientèle au niveau mondial. Revendiquant plus de 6 500 utilisateurs, la jeune pousse développe des outils s'intégrant aux logiciels ERP et de comptabilité tels que Sage, Acumatica, SAP, Xero et Quickbooks, et qui permettent notamment de numériser les processus, d’automatiser les tâches administratives et de faciliter l’activité de vente sur le terrain. Sa clientèle est constituée de 650 entreprises de fabrication, de vente en gros et de distribution, basées en Afrique australe, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, et actives dans un large éventail de secteurs.

Infrastructures - Énergie : Azito Energie / Globeleq / IPS West Africa (Côte d’Ivoire / Royaume-Uni / International)

Cette extension de la capacité globale de  la centrale d'Azito conforte celle-ci dans sa position d'acteur clé parmi les producteurs d'électricité de Côte d'Ivoire. - © ACS Cobra

Cette extension de la capacité globale de la centrale d'Azito conforte celle-ci dans sa position d'acteur clé parmi les producteurs d'électricité de Côte d'Ivoire. - © ACS Cobra

En Côte d’Ivoire, la centrale électrique au gaz d’Azito, basée à Yopougon et entrée en service en 1999, vient de réaliser le closing d’une opération de financement pour la quatrième phase du projet qui consiste en une extension du cycle combiné de 250 MW, portant sa capacité globale à 700 MW, soit environ 35 % de la capacité nationale de production d'électricité. Le financement de 264 M€ a été fourni par un consortium international d’institutions financières de développement, à savoir la BAD, BIO, BOAD, DEG, Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF), le Fonds OPEP pour le développement international (OFID) et Proparco, avec la SFI, membre de la Banque mondiale, qui agissait en qualité de coordinateur. Le complément au coût total de 330 M€ sera financé sur fonds propres. L’espagnol ACS Cobra est le contractant Ingénierie, Approvisionnement et Construction (EPC) pour ce projet d'extension entamé en juillet dernier, tandis que les turbines à gaz et à vapeur sont fournies par l’américain General Electric. Dans le cadre de cette opération de financement, le bureau parisien du cabinet Asafo & Co. a conseillé les sponsors Globeleq (Royaume-Uni) et IPS West Africa (filiale ivoirienne du fonds suisse Aga Khan Fund for Economic Development ou AKFED), respectivement actionnaires à 77 % et 23 % de la société de projet Azito Energie. En ce qui concerne les accords de concession, Asafo a travaillé en coopération avec le cabinet émirati Fideis Legal Consultants (FLC). Sont également intervenus le bureau londonien d’Orrick Herrington & Sutcliffe (conseil des sponsors sur les aspects relatifs à l’accord EPC), l’équipe parisienne de Clifford Chance (auprès des prêteurs) et Hughes Hubbard & Reed à Paris (pour l'État de Côte d'Ivoire et CI-Energies).

Nouveau fonds : Lateral Capital / Investmon (États-Unis / Monaco / International / Afrique subsaharienne)

Le portefeuille de Lateral Capital comprend à ce jour Asoko Insight, Lipa Later, Koko Networks, Appzone, Lynk, Workstyle Africa, Medsaf, 4G Capital et Sparkmeter. - © Lateral Capital

Le portefeuille de Lateral Capital comprend à ce jour Asoko Insight, Lipa Later, Koko Networks, Appzone, Lynk, Workstyle Africa, Medsaf, 4G Capital et Sparkmeter. - © Lateral Capital

Le VC américain Lateral Capital, basé à New York avec des antennes à Lagos, Nairobi et Johannesbourg, vient de réaliser le premier closing à 18 M€ (20 M$) de son véhicule dédié aux start-up africaines, Lateral Investment Partners I Fund, qui prendra des tickets compris entre 227 K€ (250 K€) et 4,5 M€ (5 M$) dans des entreprises en phase de démarrage et de développement. Il devrait finaliser cette année six nouveaux investissements et une nouvelle levée de fonds. Le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Ouganda, le Ghana, le Sénégal, le Rwanda et la Côte d’Ivoire constituent ses principaux marchés. Ce premier closing a été mené par la société d’investissement monégasque Investmon, avec la participation d’investisseurs institutionnels et de family offices des États-Unis, d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient.

Nomination - Avocats : Gide (France / Royaume-Uni / Afrique)

Hélène Vey-Morit et Jérémie Bismuth, Gide

Hélène Vey-Morit et Jérémie Bismuth, Gide

Gide promeut deux collaborateurs dotés d'une expertise en Afrique au rang de counsel : Hélène Vey-Morit à Paris, spécialiste en Concurrence et Commerce International, et Jérémie Bismuth à Londres, au sein de la practice Banque & Finance / Marchés de Capitaux. La première a débuté sa carrière en 2010 au sein du bureau de Bruxelles, puis a intégré la ligne de métiers Concurrence & Commerce International de Gide à Paris en janvier 2011. Ayant développé une expertise en contentieux, elle intervient également pour le compte d'opérateurs nationaux et internationaux majeurs dans le cadre de contentieux devant des autorités de concurrence étrangères, notamment sur le continent africain. Jérémie Bismuth a quant à lui rejoint le cabinet en 2012. Conseillant les institutions financières internationales et leurs clients pour la structuration et négociation de leurs opérations de financements structurés et de titrisation, il intervient très régulièrement en matière de financements et de titrisation en Afrique du Nord (notamment Maroc et Tunisie) et Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire, Sénégal, Mali, Tchad et Burkina Faso). Pour plus de détails, lire l’article Vague de promotions chez Gide sur CFNEWS.

Nomination - Avocats : Hogan Lovells (France / Afrique)

Gauthier Vannieuwenhuyse, Hogan Lovells

Gauthier Vannieuwenhuyse, Hogan Lovells

Hogan Lovells nomme Gauthier Vannieuwenhuyse en tant que counsel au sein de son département Arbitrage International. Possédant une vaste expérience de l'arbitrage commercial et d'investissement, il intervient dans les secteurs de la technologie, des médias et des télécommunications, de l'énergie et de la pharmaceutique, avec une concentration sur les marchés émergents, en particulier le Moyen-Orient et l'Afrique. C’est en 2012 qu’il a rejoint le bureau parisien du cabinet, après une première expérience de trois ans chez Dentons (ex Salans).

Nomination - Société : Airbus (France / Afrique)

Benoît Chervalier, Airbus

Benoît Chervalier, Airbus

Désireux d’acquérir de nouveaux marchés sur le continent africain, le géant aéronautique Airbus fait appel à Benoît Chervalier, président co-fondateur depuis 2015 de One2Five Advisory (une banque d’affaires parisienne centrée sur les financements à caractère souverain des pays émergents), en qualité de vice-président pour l’Afrique en charge du Business Development. Pour le premier avionneur du monde (64 Md€ de chiffre d’affaires en 2018), l'Afrique représente un marché porteur du fait d'une demande qui ne cesse de progresser. À l'heure actuelle, il y est présent dans dix pays à travers dix sites et trois usines et y emploie 2 175 salariés, dont 1 100 rien qu’au Maroc.

Événements :

  • Le Caire, 10 février : atelier d'information sur l’Égypte organisé par Business France, et qui sera suivi par un Forum franco-égyptien des affaires et de l'innovation, le 30 mars et le 1er avril.
  • Abidjan (Sofitel Hotel Ivoire), 10-11 février : première conférence du Programme Conjoint de Développement des Marchés Financiers (J-CAP), qui réunira 350 experts financiers sur le thème « Investir pour la croissance, à l’initiative de la Banque Mondiale et de la Société Financière Internationale (SFI ou IFC).

Et aussi...

  • Catalyst Fund, un accélérateur américain de start-up et d’entreprises innovantes évoluant dans des marchés émergents, réunit 13,6 M€ (15 M$) auprès de JP Morgan Chase et de l’agence britannique en charge de l’aide au développement (Department for International Development). Cet apport lui permettra de financer, au cours des trois prochaines années, trente entreprises technologiques dans cinq marchés émergents sur trois continents: le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Inde et le Mexique.
  • Au Ghana, le groupe franco-suisse Geogas approvisionnera la première centrale GPL d’Afrique, Bridge Power, une centrale électrique fonctionnant au gaz de pétrole liquéfié, dont la construction va démarrer à Tema dans les semaines à venir.
  • Le gouvernement de Côte d’Ivoire choisit IGN France International (groupe Geofit), acteur majeur dans le domaine de la géomatique, pour mettre en œuvre un projet de simplification et de transformation digitale du foncier urbain et moderniser son administration foncière.
  • En Éthiopie, le géant américain de l’alimentation PepsiCo vient d’acquérir - pour un montant non précisé - une participation majoritaire dans le capital de l’entreprise locale Senselet Food Processing, spécialisée dans la production de chips de pomme de terre. Le cédant, le fonds d’investissement Veris (basé à San Francisco) demeure actionnaire minoritaire de la société.
  • La société de technologie financière kenyane FSD Africa investit 2,9 M€ (3,2 M$) dans deux fintechs nigérianes, MFS Africa et Frontclear, afin de permettre à la première de moderniser son système de paiement et ainsi renforcer les marchés financiers africains, tout en fournissant un soutien aux PME émergentes africaines, et d’augmenter le nombre et le volume des transactions interbancaires dans le cadre de la deuxième. Cela porte les investissements globaux pour les deux structures à 11,7 M€ (12,9 M$), car elle avait déjà injecté respectivement 2,2 M$ dans MFS Africa en 2018, et 7,5 M$ en 2015 dans Frontclear.
  • La société agricole marocaine Zalar Agri obtient un prêt de 21,8 M€ (24 M$) de la Société Financière Internationale (SFI ou IFC), qui lui permettront d’accroître ses opérations d’arboriculture fruitière et de conditionnement, tout en poursuivant sa diversification agricole.

Bonne fin de semaine et à mardi prochain.

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